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La Izquierda Diario
29 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Moderna et AstraZeneca ne rattraperont pas le retard de Pfizer, la stratégie vaccinale de l’UE en cause
Lorélia Fréjo

En Europe, l’incapacité des différents producteurs de vaccin, Pfizer BioN’tech, AstraZeneca et Moderna, de produire les doses prévues, a ouvert une crise importante. En pleine reprise épidémique, la stratégie vaccinale européenne dévoile ses failles. Il est plus que nécessaire de revendiquer la levée du secret commercial et la nationalisation des laboratoires pharmaceutiques.

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Crédit photo : AFP

Après l’impossible gestion des masques et des tests, la nouvelle difficulté pour l’Europe se situe au niveau de la stratégie vaccinale. En pleine reprise épidémique, et alors que les variants du virus se multiplient et commencent à se diffuser dans toute l’Europe, Bruxelles et les laboratoires s’étripent.

Les retards à la production s’accumulent, la vaccination à la traîne

Les retards de l’envoi des doses s’accumulent, et empêchent le lancement d’une stratégie de vaccination à la hauteur. Pourtant, après le Royaume-Uni c’est le Portugal qui fait notamment face à une vague épidémique importante, avec 303 morts en une journée le 28 janvier. Pour France Info, Manuel, infirmier explique : « On a peur, mais c’est comme ça tous les jours, depuis presque un an, dit-il. On ne s’arrête jamais : cela fait 20 jours d’affilée que je travaille. [..] C’est un grand stress, une immense fatigue. On est les seuls à faire face au Covid les yeux dans les yeux. »

Mais, pour faire face à cette situation sanitaire dramatique en Europe, et alors que les frontières ferment et les mesures restrictives pleuvent, il ne faudra pas compter aussi vite que prévu sur le vaccin. De fait, au Portugal par exemple, la campagne de vaccin pourrait être retardée de deux mois. Même les pays qui avaient le plus vacciné depuis le début doivent revoir leurs prévisions à la baisse, de 25% en Suède ou 18% en Norvège.

En France, le ministère a été obligé d’expliquer que : « La baisse de ces approvisionnements a donc naturellement un impact sur le nombre d’injections pouvant être programmées : aussi, environ 5% des rendez-vous pour une première injection devront être décalés de quelques jours ».

A l’origine de la pénurie, les retards pris par les laboratoires de production des vaccins. De fait, après Pfizer, Moderna a annoncé hier, être en incapacité d’honorer plus de 25% des commandes faites par l’Union Européenne. Invité par LCI, le patron de Moderna s’est justifié par le manque « d’aide pour construire l’appareil industriel. »

De son côté, le vaccin du laboratoire AstraZeneca, espoir important pour sortir de la situation de pénurie, du fait de sa facilité de transport et de stockage, cause, lui aussi des controverses. S’il a été validé par l’AEM, agence européenne des Médicaments, même pour les plus de 65 ans, pour lesquels une réserve subsistait, il aura lui aussi du retard à la production. Selon Le Monde : « le groupe a évoqué une « baisse de rendement » dans une usine européenne, expliquant ne pouvoir livrer qu’« un quart » des doses initialement promises à l’UE au premier trimestre. »

Par ailleurs, le laboratoire pourrait vouloir distribuer en priorité le vaccin au Royaume-Uni, comme l’a expliqué son président-général, Pascal Soriot. Des déclarations qui ont lancé un bras de fer avec Bruxelles, qui conteste cette décision, contraire au contrat. Les conséquences, en France seraient dramatiques, au lieu des 17,5 millions de doses prévues, ce sont seulement 4,6 millions qui devraient être livrées d’ici fin mars.
 

Face à la pression des laboratoires et à l’impréparation des gouvernements, revendiquer une autre stratégie vaccinale

En réalité, cette pénurie généralisée est le fait de l’impréparation des gouvernements, incapables d’organiser et de coordonner la mise en place d’une stratégie vaccinale à la hauteur. Avec le Brexit, le Royaume-Uni a décidé de faire valoir ses propres intérêts sans s’occuper du reste de l’Union Européenne et les bras de fer se succèdent, alors que les vaccins ne sont pas encore trouvés dans le reste des pays. Après les scandales des tests ou des masques, les vaccins démontrent à nouveau l’incapacité des gouvernements d’être à la hauteur des enjeux sanitaires.

Les laboratoires disposent toute latitude pour mettre la pression, et décider eux-mêmes et selon leur recherche de profit, de la manière d’organiser leur marché. Moderna a ainsi décidé de préférer le marché étasunien, pendant que Pfizer diminue les envois à la première marge de profit trouvée. Pendant ce temps-là AstraZeneca fait du chantage pour ne produire qu’au Royaume-Uni et se refuse à suivre les contrats.

De fait, au lieu de se coordonner pour produire un seul et même vaccin, chaque laboratoire entre en concurrence avec l’autre pour maximiser ses profits. En France, Sanofi a mis des semaines avant d’accepter de produire des doses du vaccin Pfizer, et ne l’a fait qu’en échange d’un gros chèque.

Pour empêcher cette gestion erratique, il serait essentiel de nationaliser sous contrôle des travailleurs ces laboratoires, qui aujourd’hui ne fonctionnent que pour leurs propres intérêts. Par ailleurs, il faut mettre fin aux brevets et en finir avec le secret commercial insupportable qui règne autour des vaccins. Alors que seule une stratégie massive et efficace de vaccination pourrait permettre de résoudre la crise épidémique, il est essentiel d’en finir avec la logique de profit. Notre santé ne doit pas être marchandée sur l’autel des intérêts commerciaux des laboratoires ou des accords entre les puissances impérialistes. Seule une stratégie sanitaire pensée dans l’intérêt de la majorité pourra nous sortir de la crise du Covid-19.

 
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