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3 de février de 2021 Twitter Faceboock

Les élèves finalement contagieux
Covid et variant à l’école : Blanquer bricole un nouveau protocole mais toujours sans moyens à la hauteur
Tristane Chalaise

Alors que le ministre de l’Education Nationale martèle depuis des mois que les établissements scolaires ne sont pas un lieu de circulation du virus, l’exécutif vient de mettre Jean-Michel Blanquer en porte-à-faux en faisant le pari des vacances scolaires pour ralentir l’épidémie. L’apparition de nouveaux variants fait prendre un sérieux coup dans l’aile au mythe de l’élève qui ne transmet pas le virus, conduisant le ministère à se fendre d’un énième bricolage du protocole dans les écoles.

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Crédit photo : AFP

C’est un virage à 180 degrés dans la stratégie de communication du gouvernement : le 1e février, la mention « les enfants jeunes sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la chaîne de transmission du SARS-CoV-2" a disparu de section FAQ du site education.gouv.fr. Une disparition qui fait suite au tournant pris par l’exécutif, qui assume désormais miser sur les vacances scolaires pour endiguer la nouvelle vague de contaminations. Les établissements scolaires, depuis des mois au cœur de polémiques quant à leur rôle dans la chaine de contamination, sont ainsi implicitement reconnus comme un vecteur de la circulation active du virus, ce que tendent à confirmer les chiffres accrus de contaminations et de fermetures d’établissements scolaires, avec un record de douze établissements fermés dans la région toulousaine

Des protocoles qui s’accumulent, mais toujours pas de moyens accordés pour les renforcer

Alors que de nouveaux variants, plus contagieux, ont à eux seuls provoqué la fermeture de plusieurs classes et écoles, le ministre de l’éducation nationale a pondu du haut de ses bureaux feutrés un énième protocole sanitaire. Parmi les principales nouveautés, on peut noter l’interdiction des masques « faits maison », avec l’obligations pour les personnels et les élèves de porter des masques catégorie 1 à partir du 8 février. Une mesure-sanction pour les familles, qui seront désormais contraintes d’acheter les masques de leurs enfants, alors que l’homologation peut être accordée aux masques en tissus vendus dans le commerce. Autre nouveauté, les élèves de maternelle, qui ne portent pas de masques, sont désormais automatiquement considérés cas contacts à risque si un des élèves de la classe est testé positif au Covid-19. On peut ici souligner l’incurie du ministère, qui, affirmant que les enfants n’étaient pas contagieux, laissait jusque-là les élèves revenir en classe même si un de leurs camarades était positif ! De même, s’il faut toujours attendre que 3 élèves d’une même classe soient testés positifs au virus pour fermer la classe, il suffit désormais dans le cas des variants qu’un seul élève ou personnel soit contaminé pour que la classe ferme. Les mesures pour limiter le brassage, supposées être renforcées, sont de leur côté toujours au conditionnel…

Si ces mesures sont supposées être renforcées pour assurer la santé et la vie des personnels, des élèves et de leurs familles, force est de constater que le ministère n’est toujours pas prêt à accorder aux écoles les moyens humains ou matériels nécessaires à une gestion réaliste et efficace de la pandémie. Ces derniers jours, le ministre s’est surtout évertué à faire croire en la viabilité de ses solutions pour l’Education Physique et Sportive, au prix d’un ridicule, qui, s’il ne tue pas, a donné lieu à des images d’anthologie.

Pour rappel, les précédents amendements au protocole sanitaire interdisent aux enseignant.e.s d’EPS de faire pratiquer des activités sportives en salle, ce qui se résume en cas de mauvais temps à imposer aux élèves de rester plusieurs heures sous le pluie, ou de cesser purement et simplement les pratiques sportives. Une décision qui s’avère ubuesque dans beaucoup d’établissements, les enseignant.e.s étant contraint d’assurer la garderie dans une salle de classe ou d’envoyer les élèves dans des salles d’études bondées, alors même que la taille des gymnases permettrait d’assurer plus facilement la distanciation…

Faire peser nos revendications pour imposer un protocole à la hauteur de nos besoins !

En assumant pleinement le rôle de « garderie du MEDEF » imposé à l’école, tout en insistant sur « l ’exception française » pour maintenir un fonctionnement le plus normal possible de l’école, le gouvernement joue aujourd’hui un jeu qui pourrait s’avérer extrêmement dangereux sur le plan sanitaire. Alors que les écoles sont en passe de devenir un enjeu stratégique dans la contention du virus, il s’agirait d’imposer d’autres protocoles, qui prennent en compte la réalité du terrain.

Lors de la réouverture des écoles au mois de novembre, c’est la mobilisation des enseignant.e.s et des élèves qui a permis d’arracher au ministère la constitution de groupes restreints en lycée. Preuve supplémentaire de la nécessité que les travailleuses et travailleurs de l’Education Nationale, mais aussi les élèves et leurs familles, se mobilisent et prennent en main la gestion de la crise sanitaire et défendent un autre protocole, pour lequel il serait nécessaire de pouvoir bénéficier des recommandations d’un conseil scientifiques véritablement indépendant. C’est à ces conditions que les enseignant.e.s pourront exercer leur métier dans des conditions qui ne mettent pas en danger leur santé et celle de la population.

Pour limiter véritablement les brassages - une nécessité d’ores et déjà validée par le conseil scientifique - il apparait avant tout nécessaire de désengorger massivement les établissements scolaires. Pour cela, il s’agirait d’investir pour embaucher du personnel afin de pouvoir réduire les groupes, mais aussi de réquisitionner des locaux pour permettre l’accueil de tous les élèves, afin que tous aient quotidiennement accès à l’école. Or, des personnes en recherche d’emploi et des espaces inoccupés, il y en a ! De même, dans un contexte où la culture est particulièrement impactée par la fermetures des salles de spectacle et des lieux d’exposition, il est possible de proposer aux élèves une offre culturelle sur une partie du temps scolaire. L’argent pour financer une adaptation de l’éducation à la situation sanitaire n’a rien de magique : en témoignent les 100 milliards d’aide accordées au grand patronat, dans le cadre d’un plan de relance qui n’a ni empêché les licenciements, ni limité les bénéfices des entreprises du CAC 40 et les dividendes des actionnaires.

De même, il s’agirait d’amplifier les campagnes de tests, qui, si elles sont timidement initiées par le ministère de l’Education Nationale, sont encore largement incapables de répondre aux besoins. Les campagnes doivent être massives et s’appuyer sur des tests efficaces, proposés dans les établissements lors de l’apparition de cas et non une ou deux semaines après l’apparition des premières contaminations, voire au petit bonheur la chance, selon le personnel médical disponible. Pour pouvoir garder les écoles ouvertes, la vaccination doit aussi être proposée à tous les personnels de l’Education Nationale avant qu’ils accueillent leurs élèves dans leurs établissements, afin d’assurer la protection de tous.

De même, en cas de perte de contrôle de l’épidémie, il s’agirait de se préparer sérieusement à un confinement côté éducation. Cela signifierait distribuer massivement des outils informatiques aux familles et aux enseignant.e.s, former les uns et les autres, adapter les programmes et la pédagogie, penser des équipes de suivi interdisciplinaire pour maintenir un lien social et pédagogique. En somme, repenser l’enseignement et les apprentissages, et surtout, ne pas agir à la dernière minute dans l’impréparation la plus totale. Plutôt que de jouer la carte de l’attentisme et d’imposer des directives contradictoires, inapplicables et épuisantes, il s’agirait de laisser aux travailleurs de l’éducation l’espace pour s’approprier et organiser de façon concertée leur travail.

 
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