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La Izquierda Diario
1er de décembre de 2015 Twitter Faceboock

Arrestations massives après la manifestation interdite de République
Etat d’exception. De la génération Bataclan à la génération gardé-e-s-à-vue

Jusqu’à hier nous étions la « génération Bataclan ». Trentenaires ou un peu plus jeunes. Nous étions cette génération à qui François Hollande souhaitait qu’elle « s’invente un nouvel engagement ». Quinze jours après les attentats de Paris et de Saint-Denis et, entretemps, un état d’urgence prolongé de trois mois, il est temps de dire les choses comme elles sont : nous sommes la génération gardé-e-s-à-vue.

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Après les tueries de Paris, les politiques, en chœur, nous ont invité-e-s à « vivre comme avant », à « résister sur les terrasses », à conserver « le même style de vie ». Boire des canons pour mieux faire la guerre, aurait-il fallu dire. Car si c’est pour parler politique que l’on prend un verre, si c’est pour dénoncer cet état d’exception qui ne dit pas son nom, tout juste sorti de la sale guerre d’Algérie, si c’est pour s’organiser et se mobiliser que l’on se réunit au café, alors c’est l’interdiction : interdiction d’être en désaccord et obligation d’exhumer le drapeau tricolore, interdiction de manifester et obligation d’observer, depuis son écran de télévision, le grand-messe de la COP21 qui se soucie autant du climat que de la dernière émission de carbone d’une multinationale.

Nous étions nombreuses et nombreux place de la République, dimanche 29 novembre, pour dire notre urgence : urgence de se mobiliser contre un système qui menace jusqu’à l’existence même de notre planète, urgence à faire bloc contre la remise en cause des libertés fondamentales. Le gouvernement avait déployé autant, voire plus de CRS et autres gardes-mobiles pour nous en empêcher.

On nous a accusé-e-s d’avoir piétiné la mémoire des victimes des attentats. C’est non seulement ridicule, mais scandaleux. Ceux qui profanent leur mémoire, ce sont ceux qui lancent aujourd’hui l’énième guerre impérialiste contre les peuples du Proche et Moyen-Orient sous couvert de lutte contre Daech, dont les racines plongent, précisément, dans les geôles américaines d’Irak, dans l’occupation anglo-étasunienne du pays et dans les multiples complicités, passées ou présentes, entre les puissances occidentales et la dictature d’Assad père et fils.

C’est bien avec un profond respect pour les victimes – parce que pendant qu’ils déclenchent leurs guerres, ce sont les nôtres, qui meurent –, pour la défense de la planète et contre les mesures d’exception que nous avons cru essentiel de descendre dans la rue, en dépit de l’interdiction de manifester.

De « génération Bataclan », nous sommes devenus, l’espace d’un coup de matraque, des casseurs et des terroristes. L’espace d’une interpellation, nous sommes devenus la « génération gardé-e-s-à-vue ». Palpés puis chargés sans ménagement dans les paniers à salade, à nouveau fouillés puis parqués comme des bestiaux dans plusieurs commissariats de la capitale et de sa banlieue, c’est là que l’on a notifié à la plupart d’entre nous notre garde-à-vue de 24 heures pour « participation à manifestation interdite ». Entre les insultes des policiers sur place et les calomnies proférées à la télévision par les membres du gouvernement, nous sommes en tout et pour tout 317 à avoir passé la nuit dans une cellule qui en dit long sur la devise de la République française : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Nous sommes jeunes, mais nous avons la mémoire longue. De cet état d’urgence de 1955, voulu par le socialiste Guy Mollet, flanqué de son ministre de la Justice François Mitterrand et voté, déjà, par les députés du PCF, il est ressorti le coup d’État des généraux en Algérie et le coup d’État de de Gaulle, l’OAS et l’homme providentiel, le 17 octobre 1961 et le massacre de Charonne. Les socialistes le savent. Tout en appelant à l’Union nationale, à la responsabilité républicaine et à voter pour eux, en décembre 2015 comme en 2017, ils savent qu’ils jouent gros, car ils font le lit de la droite la plus dure et du Front national.

Nous sommes jeunes mais nous avons de la suite dans les idées. Et c’est précisément parce que nous nous opposons à ce continuum réactionnaire que nous persévérerons à manifester, contre un état d’urgence que l’on voudrait permanent pour mener la guerre, ailleurs comme ici, contre les peuples et le monde du travail, pour nous faire filer droit ou nous matraquer, à coups de reculs sociaux planifiés, de CRS, de drones ou de Rafale. C’est le théâtre d’opération qui diffère.

Nous sommes jeunes mais nous sommes déterminés. « Plus chauds que le climat ». C’est ce que nous scandions, dimanche, place de la République, avec des milliers d’autres manifestant-e-s. Et nous comptons bien être plus nombreu-ses-x et organisé-e-s, sur nos lieux de travail et d’étude, à travers des comités anti-guerre à construire, contre cet état d’urgence et cette nouvelle agression multiforme voulue par Hollande qui se rêve en père de la nation, son premier flic de Premier ministre, Cazeneuve-assassin-de-Rémi-Fraisse et un Laurent Fabius en VRP des multinationales de l’Hexagone.

Des gardé-e-s-à-vue du dimanche 29 novembre

 
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