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La Izquierda Diario
17 de février de 2021 Twitter Faceboock

L’Allemagne ferme ses frontières contre le variant : la xénophobie avant tout !
Lucia Nedme

L’Allemagne a décidé de fermer les frontières terrestres au prétexte de mettre un frein à la propagation des variants dans son territoire. Une mesure qui, à ce stade de circulation du variant en Allemagne, n’a aucune efficacité sur le plan sanitaire, mais qui constitue une mesure restrictive de plus au contenu particulièrement xénophobe : les travailleurs frontaliers sont particulièrement visés.

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Ce dimanche, les bouchons de deux à trois heures sur l’autoroute de Prague à Dresde marquent le début de la mise en vigueur de la fermeture de certaines des frontières terrestres allemandes. A midi déjà, un grand dispositif d’un millier de policiers est mobilisé et compte plus de 1 700 contrôles effectués avec 530 véhicules qui avaient été refoulés à la frontière.

En pour cause, depuis dimanche, il est impossible d’entrer sur le territoire allemand en provenance de la République tchèque et la région autrichienne du Tyrol, jugés comme « zones de variants du virus » par l’institut de santé publique Robert Koch. Les seuls pouvant entrer sont les travailleurs dans le domaine de la santé et l’agriculture ainsi que des chauffeurs routiers, mais ils doivent être munis d’un test PCR négatif et d’une attestation de leur employeur. Une mesure qui, selon les mots même du ministre slovaque des affaires étrangères, Ivan Korcok, « n’est pas réalisable » tant le trafic est dense, mais surtout les conséquences pour les travailleurs frontaliers sont graves : « Nous sommes curieux de savoir ce qui va se passer ensuite car avoir un test chaque semaine, et le payer en plus, ce serait un désastre », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), au poste-frontière de Rozvadov (République tchèque), Milan Vaculka, un chauffeur de camion pressé de passer la frontière et de gagner la France.

Alors que l’Allemagne avait déjà interdit depuis fin janvier presque toutes les arrivées depuis le Portugal, l’Irlande, le Royaume-Uni, le Brésil et l’Afrique du Sud, cela ne lui parait pas suffisant et franchit un cap suivant cette même logique, en annonçant la fermeture des frontières de l’espace Schengen. En ce sens, il faudra s’attendre prochainement à une fermeture avec le département de la Moselle en France, qui est particulièrement touché par les nouveaux variants du Covid-19.

La fermeture des frontières est inefficace d’un point de vue sanitaire

Cette nouvelle mesure relance une nouvelle fois le débat sur la fermeture des frontières - qui, ne laissons pas d’illusion, étaient déjà assez hermétiques notamment contre les migrants - à des pays de l’espace Schengen, un phénomène qui ne s’était pas reproduit depuis le premier confinement.

Cette mesure, pourtant, n’a aucun sens du point de vue sanitaire d’autant plus au stade actuel de circulation variant. « Sur le plan sanitaire, [la fermeture des frontières] ne pourrait avoir un impact que si c’était une mesure parfaitement étanche, or c’est impossible et donc forcément inefficace », expliquait déjà à franceinfo, Anne-Claude Crémieux, médecin infectiologue. De la sorte, la fermeture des frontières avec le Royaume-Uni avec la France n’a pas empêché l’arrivée du variant britannique sur le territoire français. Cela est d’autant inefficace que le variant circule déjà en Allemagne. C’est ce que remarque Pascal Crépey : « Si le virus circule déjà, ça ne sert plus à rien de fermer les frontières. Ce qui va contrôler la dynamique de l’épidémie, c’est le comportement des gens sur le territoire et pas les arrivées de personnes. »

Stratégie du chacun pour soi : selon l’Allemagne, les variants devront s’arrêtent aux frontières

Cette restriction reflète tout d’abord ce nationalisme croissant dans les pays européens dans la résolution de la crise sanitaire, qui au final est une course cachée entre les puissances pour savoir qui pourra s’en remettre d’abord de cette crise et donc relancer son économie en premier.

Ces nouvelles restrictions ont ouvert une crise avec l’Union européenne qui craint la remise en cause de l’espace Schengen de libre circulation face à la pandémie. En effet, la commission européenne a dénoncé la décision allemande jugeant cette mesure comme inefficace et revient aux tensions rencontrées en printemps 2020 : « La peur suscitée par les variants du virus est compréhensible, mais la vérité oblige à dire que le virus ne se laisse pas arrêter par des frontières fermées, a déclaré au quotidien bavarois Augsburger Allgemeine la commissaire à la santé, Stella Kyriakides. La seule chose qui aide, ce sont les vaccins et les mesures de précaution sanitaires, il est à mon avis erroné de revenir, comme en mars 2020, à une Europe des frontières fermées », a-t-elle ajouté.

Une affirmation qui n’a pas plu au ministre de l’intérieur allemand, Horst Seehofer, qui a rétorqué « Maintenant, ça suffit ! » dans le quotidien Bild et souligne le fait que la commission européenne a « commis assez d’erreurs », en ajoutant qu’elle « devrait nous soutenir plutôt que nous mettre des bâtons dans les roues avec ses conseils ».

Une fermeture des frontières avec l’Allemagne qui est aussi une source d’inquiétude pour Paris. Ainsi, Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, craint de son côté, la fermeture des frontières avec l’Allemagne : « Si l’Allemagne devait restreindre encore la circulation, je souhaiterais que l’on définisse ensemble les exceptions les plus larges possibles. Nous avons deux préoccupations majeures : le transport routier et les travailleurs frontaliers », a-t-il expliqué sur France Info, trahissant clairement sa visée économique, la nécessité de maintenir les échanges de marchandise entre les deux grandes puissance européennes.

Cet échange entre l’Union Européenne et l’Allemagne illustre les divergences autour de la stratégie pour la résolution de la crise. D’un côté, l’Union Européenne qui se targue de progressisme de façade au regard de l’Europe forteresse, cherche à empêcher la surenchère de fermeture des frontières pour maintenir au plus haut l’activité économique. De l’autre, l’Allemagne doit répondre à une situation sanitaire extrêmement préoccupante et joue la carte de la surenchère restrictive et xénophobe.

Cette fermeture des frontières, n’est pas une mesure efficace d’un point de vue sanitaire, elle est ni plus ni moins qu’une dernière carte restrictive illustrant l’impuissance des Etats face au développement exponentiel du variant. Une mesure qui illustre un caractère xénophobe clair d’autant plus qu’elle vise les frontières avec des pays frontaliers, les travailleurs obligés de travailler en première ligne en pleine crise sanitaire.

La pandémie doit se résoudre au niveau international : exigeons un plan sanitaire à la hauteur de la crise mondiale !

Face à ce panorama, où tous les gouvernements tentent au final de gérer une crise sanitaire mondiale, par des mesures répressives, c’est la fermeture des frontières que les gouvernements priorisent exaltant la xénophobie au nom de mesures sanitaires
Pour faire face au Covid-19 et ses variants, ainsi que les montées des tendances nationalistes réactionnaires des Etats impérialistes, il ne peut y avoir que de résolution internationaliste à la crise. Seuls les travailleurs peuvent imposer une telle issue. Cela passe notamment par une mobilisation pour exiger l’abolition des brevets et l’accès aux vaccins pour toutes et tous, en nationalisant sous contrôle des travailleurs les grandes entreprises pharmaceutiques qui mettent leur profits avant nos vies.

 
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