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La Izquierda Diario
17 de février de 2021 Twitter Faceboock

10 ans de lutte !
A Gonesse, les occupants de la ZAD restent mobilisés malgré les menaces d’expulsion de Pécresse
Violette Renée

Depuis le 7 février à Gonesse, une ZAD a été installée pour lutter contre un projet de gare, réminiscence du projet Europacity, lui, abandonné en 2019 grâce aux mobilisations. Un projet inutile qui risque de permettre d’imposer plus tard de nouveaux projets d’artificialisation des terres agricoles.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Pecresse-reprime-les-ecolos-Un-occupant-de-la-ZAD-de-Gonesse-convoque-au-Tribunal

Crédit photo : Léa Darnay

Le triangle du Gonesse lutte depuis 10 ans contre son artificialisation

Depuis plus d’une semaine une Zone à Défendre (ZAD) a vu le jour à 20 km de Paris, près de la ville de Gonesse, afin de bloquer le projet de gare acheminant la ligne 17 issue du Grand Paris Express. Ce projet de gare constitue une survivance du projet de méga-complexe de loisirs et commerces Europacity, qui comprenait notamment une piste de ski artificielle, abandonné suite aux mobilisations de milliers de personnes et notamment les « marcheurs ».

Selon Mélanie, membre du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) interviewée par Révolution Permanente, « ce projet [Europacity] étant abandonné depuis novembre 2019, pour nous cette gare est inutile surtout que l’habitant le plus près est à 1,7 kilomètres ! » Ce projet n’a qu’un objectif : rendre plus facile l’éventuelle urbanisation et bétonisation de cette zone de près de 300 hectares de terres agricoles. En effet, la gare permettrait de desservir ces nouvelles zones près de Gonesse depuis Paris en une vingtaine de minutes. « Les autorités axent leur discours sur des problématique sociales du territoire en disant « on va accompagner cela de projets éthiques en faisant une annexe de la philharmonie de Paris, une annexe de la bibliothèque François Mitterrand, on va redynamiser le territoire, apporter des projets culturels ». Pour nous, si on laisse passer cette gare ce sera la justification pour urbaniser pleinement la zone ! ». Et, en plus d’urbaniser, « ces projets correspondent à des processus de gentrification qui ne répondent pas aux besoins des habitants » poursuit Mélanie.

De fait, alors que la tendance est plutôt à la fermeture des gares dans les zones rurales, l’acharnement politique et économique pour l’aboutissement de ce projet montre les intérêts économiques qu’il représente. En effet, le triangle de Gonesse est prisé, car c’est une des dernières zones qui a résisté à la bétonisation, grâce à la mobilisation des écologistes, associations et habitants depuis une dizaine d’années. Ainsi, de nombreux militants écologistes ont décidé de se mobiliser à nouveau, « on s’est dit que l’occupation était l’ultime recours » note Mélanie.

Un militant convoqué au tribunal : Pécresse réprime les écolos !

A l’heure actuelle, la ZAD est menacée d’expulsion suite à la plainte de Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France et de l’EPFIF (Établissement Public Foncier d’Île de France). La politicienne de droite a en effet dénoncé en justice « le CPTG et son président, Bernard Loup (à titre personnel) pour leur soutien à l’occupation d’un terrain appartenant à l’EPFIF où s’est installée la ZAD de Gonesse  » comme l’explique le collectif dans un communiqué. Un huissier a d’ailleurs ordonné l’expulsion de la ZAD, et une décision judiciaire devrait tomber vendredi et déterminer l’avenir de la ZAD. Dans le cas d’une victoire pour l’EPFIF, la répression policière risque alors de s’intensifier. De son côté Bernard Loup est convoqué au Tribunal de Pontoise et va comparaitre vendredi.

Une autre forme de répression est pratiquée par le maire PS, grand soutien au projet, qui a publié un arrêté municipal afin d’interdire le stationnement près de la ZAD. Au-delà de la médiatisation, la mobilisation est très soutenue que ce soit par les habitants - dons de matériel, nourriture, vêtements -, par les organisations écologistes comme Youth for Climate, les Amis de la Terre, Extinction Rebellion, mais aussi par des politiques comme Julien Bayou, Clémentine Autain ou même par des personnels d’un centre de conservation de la Bibliothèque François Mitterrand qui ont réalisé un communiqué de soutien, car ils ne souhaitent pas être partiellement délocalisés.

Les revendications du mouvement sont : l’abandon de ce projet de gare et l’arrêt définitif de l’artificialisation des terres agricoles, particulièrement fertiles, de ce territoire. Pour promouvoir ces revendications, une première manifestation a eu lieu le week-end dernier : « le week-end dernier c’était assez symbolique parce que c’est la première fois que l’on co-organisait une manifestation avec les habitants, qui ne veulent pas non plus de cette gare et voudraient avoir des investissements qui soient tournés vers la formation des jeunes, l’emploi sur le territoire et surtout l’amélioration des transports existants ».

En effet, si Gonesse est aujourd’hui desservie par le RER D, la ligne connait par de nombreux problèmes de retards, accidents et travaux. « Cela m’est arrivé en entretien d’embauche que l’on m’explique qu’ils ne recrutaient pas de personnes habitant sur la ligne D, parce qu’on est trop souvent en retard » explique un habitant pour Reporterre. Pour cela les habitants et associations demandent plus de trains dans la gare déjà existante. Ils demandent également le prolongement du tramway T5, « c’est vital et cela coûterait vingt fois moins cher que cette gare égarée » toujours selon un témoignage pour Reporterre. Également, un projet alternatif est valorisé par le mouvement, le projet CARMA (Coopération pour une ambition rurale, métropolitaine et agricole). Il s’agit d’un projet d’agriculture alternative permettant de redonner au territoire sa fonction première : nourrir la Région et apporter de la formation aux métiers agricoles vers l’alimentation durable.

Les personnes mobilisées sont déterminées, la ZAD sera là, a minima, jusqu’à l’abandon total du projet de gare par les autorités locales. « La ZAD ne partira pas tant qu’il ne sera pas écrit noir sur blanc que le projet de gare est abandonné » affirme Mélanie.

Une cagnotte a été mise en place pour soutenir la lutte, et vendredi un rassemblement sera prévu devant le tribunal judiciaire de Pontoise en soutien à Gérard Loup.

 
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