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17 de février de 2021 Twitter Faceboock

Vos guerres, nos morts !
Impunité impérialiste. L’Allemagne disculpée de la mort de 90 civils en Afghanistan par la CEDH
Erell Bleuen

Le rendu de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) concernant la frappe aérienne de l’OTAN en Afghanistan datant de 2009 est tombé. On explique que l’Allemagne n’aurait pas violé la convention de protection des droits humains, et ce alors que la frappe aérienne avait entraîné la mort de 90 civils.

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Le rendu de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) concernant la frappe aérienne de l’OTAN en 2009 en Afghanistan est tombé. Pour rappeler les faits, le 3 septembre 2009, l’OTAN a en effet menée une frappe aérienne près de Kunduz, en Afghanistan, qui a entraîné la mort d’au moins 90 civils afghans. Les raisons données pour cette attaque ? Le détournement de deux pétroliers par des Talibans, qui transportaient du carburant de l’OTAN, qui se sont échoués par la suite dans la rivière de Kunduz, près de la base de l’OTAN. Après s’être échoués, les Talibans ont appelé des civils sur les pétroliers pour en siphonner le carburant. Seulement, lorsqu’il a appris la nouvelle, le commandant de la base de l’OTAN sur place à l’époque, le colonel allemand Georg Klein, a appelé les avions militaires américains pour bombarder les pétroliers, sous prétexte que les talibans risqueraient de les utiliser pour les attaquer. C’est donc ces frappes aériennes qui ont provoqué la mort de plus de 90 civils, faisant de cette attaque la plus meurtrière menée par l’Allemagne depuis la seconde dernière mondiale, selon le média Deutsche Welle (DW).

C’est donc de cette attaque dramatiquement meurtrière qui était étudiée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Et dans les conclusions, elle a estimé que l’Allemagne n’avait pas violé la convention de protection des droits humains. Ce sont pas moins de 17 juges de la Grande Chambre de la CEDH qui ont déclaré à l’unanimité que « l’investigation conduite par les autorités allemandes à la suite de la frappe aérienne mortelle dans le cadre de l’Otan en Afghanistan n’a pas violé la Convention », et en particulier son article 2 protégeant le « droit à la vie ». Selon le New York Times, cette décision arrive après plus d’une décennie de bataille pour les familles de victimes, les procureurs allemands ayant refusé de porter plainte contre le commandant de l’attaque, et ce appuyé par les tribunaux ce qui empêche aux survivants d’obtenir une indemnisation du gouvernement. Car si après l’attaque le gouvernement avait donné 5000 dollars aux familles des civils tués ou blessés, nombreux sont ceux qui considèrent cette somme insuffisante, et exige que l’Allemagne reconnaisse sa responsabilité quant aux nombreuses morts engendrées. Seulement, selon le même article du New York Times en 2018, la plus haute juridiction civile Allemande a déclaré que « en vertu du droit international, un État n’était pas obligé de verser des indemnités à des particuliers. Le tribunal a également estimé que l’État ne pouvait pas être tenu responsable des cas de manquement au devoir par des soldats en mission à l’étranger ».

Ces différentes déclarations judiciaires montrent encore une fois que les puissances impérialistes peuvent agir en toute impunité dans les pays qu’ils envahissent. Car déjà, si l’affaire continue d’être traitée dans les institutions internationales, c’est parce que la Cour Judiciaire d’Europe avait été saisie en 2016 par Abdul Hanan, dont les fils, Abdul Bayan, 12 ans, et Nesarullah, 8 ans, ont été tués lors de la frappe aérienne. Néanmoins, les réponses de la CEDH quant à la responsabilité du colonel qui a commandité l’attaque, et quant aux arguments la défendant continuent d’appuyer la même logique d’impunité pour les pays impérialistes.

Selon l’article cité plus haut de Médiapart, ces réponses expliquent en effet que « le procureur général près la Cour fédérale de justice a considéré que la responsabilité pénale du colonel K. n’était pas engagée principalement parce qu’il a estimé que, au moment où il avait ordonné la frappe aérienne, le colonel était convaincu qu’aucun civil n’était présent sur le banc de sable  » et que « les circonstances de la frappe aérienne qui a tué les deux fils du requérant, et notamment le processus de prise de décision et de vérification de la cible qui a abouti à l’ordre d’engager la frappe ont été établies de manière fiable à l’issue d’un examen approfondi visant à déterminer la licéité du recours à la force létale  ».

Une décision que conteste Abdul Hanan, qui s’attendait au minimum à obtenir des frais supplémentaires, qui dénonce dans les colonnes du New York Times que : «  ils ont martyrisé une centaine de personnes, ils nous ont injustement bombardés, alors comment peuvent-ils en arriver à cette décision injuste ? ». Il accuse en effet que l’enquête sur la menace que générait l’attaque sur les civils était insuffisante, et dénonce une protection par l’Allemagne des commanditaires. Une affaire qui en évoque de nombreuses autres quant à l’intervention des forces militaires des puissances impérialistes, qui terrorise et assassine des civils par centaines, sous prétexte de « lutte contre le terrorisme ». Nous écrivions hier qu’en 2020, les forces armées au Sahel ont causés plus de morts que les djihadistes, rappelant encore une fois que l’intervention de ces puissances est loin d’être lié à la lutte contre les forces terroristes, mais bien dans une volonté de maintenir leur influence économique et géopolitique. Cette décision nous rappelle que nous ne pouvons accorder aucune confiance en les institutions internationales pour lutter contre l’intervention meurtrière des pays impérialistes !

 
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