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La Izquierda Diario
26 de février de 2021 Twitter Faceboock

Dépression et précarité chez les étudiants : EnjoyPhoenix préfère pointer les "diplômes en carton"
Ariane Anemoyannis

Selon la youtubeuse et amie du gouvernement EnjoyPhoenix, le principal problème de la jeunesse étudiante serait "les diplômes en carton" et "les taux de triche" supposés à l’université. Un véritable crachat au visage de la jeunesse, qui pendant que Macron et Attal s’essayent à Youtube et Tiktok, s’enfonce dans la détresse et la précarité.

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Capture d’écran de la vidéo du Huffington Post

Cela refroidira peut-être l’engouement du gouvernement pour les réseaux sociaux. Une semaine après le buzz autour du défi de McFly et Carlito sur les gestes barrières, c’est le porte parole du gouvernement Gabriel Attal qui s’est essayé à séduire la jeunesse, cette fois sur ses propres réseaux sociaux avec six jeunes influenceurs.

À cette occasion, la Youtubeuse EnjoyPhoenix, invitée pour représenter les étudiants en souffrance a mis en avant la gestion erratique par le gouvernement de la crise sanitaire, à l’origine d’une incompréhension généralisée dans la jeunesse : "la grosse incohérence entre les gens qu’on laisse s’entasser dans les magasins, le bus, le RER, [le fait que] les collèges, les lycées et les prépas soient ouverts et les universités qui sont fermées. Il faut arrêter de croire que les étudiants ne sont pas des gens responsables, qu’ils ne vont pas se protéger. Personne n’a envie d’attraper la Covid. Si demain on rouvre les facs, je pense que tout le monde sera heureux de pouvoir y retourner".

Mais tout en pointant les contradictions de la gestion par le gouvernement de la crise sanitaire, elle a aussitôt dénoncé les "diplômes en carton" et "les taux de triche", s’attaquant alors directement aux étudiants plutôt que de pointer la responsabilité du gouvernement dans la situation. Une phrase qui a aussitôt fait monter au créneau les étudiants sur les réseaux sociaux, pointant l’incohérence dans les propos de la Youtubeuse et sa visible déconnexion avec les problèmes qu’elle était venue pointer au nom de la jeunesse. Si l’objectif d’Attal et de ses amis influenceurs était bien de se montrer préoccupés par la situation dans la jeunesse, il se pourrait bien que les propos d’EnjoyPhoenix sur ce point aient davantage l’effet d’un bad buzz que prévu.

En l’espace de quelques heures, des milliers d’étudiants ont dénoncé cet énième mépris à peine masqué de la part d’une Youtubeuse qui feint d’être une jeune comme les autres mais qui "n’a aucune connaissance de la situation dans laquelle nous vivons" explique un tweet avec déjà plus de 8 mille likes. Les propos sur la triche et les diplômes en carton, s’ils ne représentaient pas l’ensemble du discours d’EnjoyPhoenix ce jour-là, semblent donc avoir cristallisé la lassitude des étudiants quant à la lecture par le gouvernement et les Youtubeurs de ce à quoi ils sont confrontés au quotidien.

Au travers du hashtag #étudiantspasinfluenceurs, les étudiants font part de la réalité de leur situation en pleine crise sanitaire et économique : "Pour obtenir un diplôme supérieur, j’ai dû cumuler jusqu’à 3 jobs en + de ma licence. Certains semestres j’avais des semaines allant jusqu’à 40 heures au total. J’avais 22 ans et on a découvert ensuite que le surmenage avait alourdit mon handicap", explique une étudiante pendant qu’un autre s’insurge de "travailler 12h par jour sur un écran et passer nos exams en présentiel pour qu’Enjoyphoenix déscolarisée depuis 2012 parle en notre nom".

De fait, face à une précarité et une détresse croissantes dans la jeunesse auxquelles le gouvernement ne répond que par des mesures cosmétiques, le discours de la Youtubeuse quant à la triche, visant au passage à redorer l’image de ce dernier en vue des présidentielles passe mal.

Pire, le discours d’EnjoyPhoenix sur les diplômes en carton est une tentative de justifier et de responsabiliser les étudiants du chômage de masse qui frappe la jeunesse, y compris ses couches les plus diplômées, en dissertant sur la supposée triche à l’université. Face à cet énième mépris, il est urgent de revendiquer des moyens à la hauteur dans les universités et pour lutter contre la précarité.

 
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