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La Izquierda Diario
1er de mars de 2021 Twitter Faceboock

CRISE SANITAIRE
Effets d’annonce, « cours en extérieur » : la volte-face d’Hidalgo qui se la joue anti-confinement
Adèle Chotsky

Dans un contexte de stratégie territoriale du gouvernement contre le coronavirus et alors que le spectre du reconfinement continue de planer, ce lundi, la maire de Paris Anne Hidalgo a tenu une conférence de presse sur l’épidémie pour proposer des mesures. Peu de nouveautés, mais beaucoup d’effets d’annonces pour continuer à se poser comme une alternative au gouvernement, avec en toile de fond les présidentielles de 2022.

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Crédits photo : Geoffrey van der Hasselt/AFP

Après la nouvelle allocution gouvernementale de jeudi dernier et la mise sous « surveillance renforcée » de 20 départements annoncée par Jean Castex, le déploiement de restrictions et mesures au niveau local se poursuivent. Ce lundi étaient prévues deux réunions séparées, l’une du côté de la mairie de Paris avec Anne Hidalgo, l’autre avec la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse.

L’ensemble de la région Ile-de-France est concernée par cette « surveillance renforcée », ce qui ouvre la possibilité à des restrictions plus fortes, à l’image de Nice ou Dunkerque. La nouvelle mesure « phare », le confinement le week-end déjà mis en place dans ces deux villes, semblait à craindre surtout si l’on en croit la surenchère médiatique de ce week-end autour des quais de Seine, et la mise en avant de l’intervention policière pour évacuer, bloquer, empêcher. Une façon comme une autre de commencer à préparer le terrain de l’opinion publique pour cette mesure inutile et pro-patronale, qui réduirait la vie sociale à néant pour que les gens continuent à tout prix à travailler – quitte à s’entasser dans des transports parisiens où les « marées humaines », dénoncées sur les quais de Seine, émeuvent moins la presse et les politiciens.

Mais pour l’instant, il n’en est rien. Après avoir plaidé pour un confinement de 3 semaines en Ile-de-France puis rétropédalé, la mairie de Paris continue ses effets d’annonce. Les deux réunions qui étaient prévues ce matin avec les autorités préfectorales et sanitaires paraissent pour l’instant surtout déboucher sur une remise à plus tard des mesures plus strictes.

Tandis que la mairie réunissait les 20 maires d’arrondissement pour « échanger sur des propositions de mesures qui seront soumises au préfet de police et à l’Agence régionale de santé (ARS), la présidente de région devait s’entretenir avec le directeur de l’ARS francilienne Aurélien Rousseau, le préfet de Paris et d’Ile-de-France Marc Guillaume et le préfet de police Didier Lallement. Pécresse s’inscrit dans la même logique que le gouvernement, en cherchant à tout prix à éviter un reconfinement strict en adoptant des mesures supplémentaires.

La conférence de presse tenue par la maire de Paris vers 17h contenait une liste de propositions qui écarte pour l’instant ce confinement le week-end, qualifié de mesure « dure voire inhumaine » par Anne Hidalgo. En énonçant cette évidence, elle se place dans la continuité des déclarations en faveur d’un confinement de 3 semaines de la mairie de Paris, qui avaient occasionné le cafouillage de la semaine dernière : apparaître comme une opposition raisonnable face à la stratégie sanitaire inefficace et impopulaire du gouvernement, en proposant une vague alternative à cette stratégie, avec bien sûr en tête, comme nombre de politiciens à l’heure actuelle, la présidentielle de 2022.

Si la maire de Paris a annoncé qu’elle ferait des propositions pour lutter contre le covid-19, il s’agissait en fait de promesses médiatiques. Entre autres : la demande de mobilisation de toutes les cliniques privées contre le covid, la mise en place de « médiateurs anti-covid dans les quartiers les plus touchés » ou encore le « dépistage tous les 15 jours dans les écoles » et enfin l’accent mis sur les espaces verts et l’aération avec l’ouverture des espaces verts jusqu’à 18h tous les jours. En bref, peu de choses concrètes, et des « mesures » qui tiennent plus de promesses à but électoral que d’une réelle proposition alternative de gestion sanitaire à la politique du gouvernement - quand elles ne frisent pas le ridicule, comme le fait de proposer « aux enseignants de faire cours fenêtres ouverte en profitant du retour des beaux jours » ou de « faire classe en extérieur » car « nous mettrons à disposition les squares et jardins publics ». Les enseignants apprécieront.

Enfin, ce sont les travailleurs de la culture qui seront sans doute surpris d’être informés que les lieux culturels, toujours fermés pour raisons sanitaires, peuvent en revanche selon Anne Hidalgo accueillir un tout autre public : la maire a en effet proposé « d’ouvrir pour les étudiants des lieux supplémentaires de réviser au calme […] d’ouvrir les espaces dans les musées, théâtres, maisons de la vie associative et citoyenne et aussi les gymnases ».
Rien à attendre, donc, des relais locaux de la politique de gestion sanitaire catastrophique actuelle, qu’ils se prétendent en opposition avec le gouvernement ou non. Ce ne seront ni la poursuite de la politique liberticide et pro-patronale mise en place aujourd’hui, ni les vagues annonces à la Hidalgo avec en ligne de mire les présidentielles, qui nous permettront de nous sortir de cette crise. La poursuite d’une politique sanitaire autoritaire et liberticide nous mène droit dans le mur, et les différentes sorties d’Anne Hidalgo relèvent bien plus d’effets d’annonce en vue des présidentielles de 2022 que d’une réelle proposition alternative de gestion sanitaire à la politique du gouvernement. Au contraire, seul un programme d’urgence qui sorte des logiques répressives pourra ouvrir une autre voie pour répondre à la situation sanitaire.

Ce programme d’urgence devrait avant tout prévoir un plan massif d’embauches et de mise à disposition de moyens matériels pour l’hôpital public, qui fait les frais des politiques austéritaires des différents gouvernements et fait tous les jours face à de potentiels risques de saturation. Sur le plan social, il est indispensable d’exiger l’interdiction des licenciements et des emplois précaires, ainsi que 0 baisse de salaires pour sortir de la spirale de la précarisation. Enfin, dans la jeunesse, qui fait face à une situation alarmante, un plan d’urgence est aussi nécessaire, qui intègre la réouverture des universités, la gratuité des soins psychiatriques, la validation automatique ainsi que la mise en place d’un revenu étudiant à hauteur du SMIC financé par un impôt sur les grandes fortunes.

Un bras de fer va s’engager sur nos lieux de travail et d’étude dont l’issue va déterminer ceux qui payeront la crise. C’est pourquoi ces mesures d’urgence ne pourront s’imposer que sur le terrain de la lutte des classes, par la grève, l’action et la convergence du monde du travail, de la jeunesse et des classes populaires.

 
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