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2 de mars de 2021 Twitter Faceboock

La mairie de Paris abandonne le cinéma La Clef face au Groupe SOS
Albert Core

Le vendredi 19/02 signait le dernier délai pour que la mairie de Paris utilise son droit de préemption sur le cinéma La Clef, qui aurait pu permettre à l’association Home Cinéma occupant les lieux depuis Septembre 2019 d’éviter de voir la salle emblématique reprise par le groupe SOS.

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Crédits photo : PHILIPPE LOPEZ / AFP

En 2018, le Cinéma La Clef, salle emblématique du 5ème arrondissement de Paris, fermait ses portes suite à la mise en vente du lieu par le propriétaire des murs, le comité d’entreprise de la Caisse d’Epargne Ile-de-France. En septembre 2019, la salle rouvrait grâce à son occupation par l’association Home Cinéma, désireuse de ne pas laisser s’éteindre le dernier cinéma associatif de Paris, et de garantir l’héritage qui avait fait la réputation du lieu : une programmation indépendante mettant en avant des films difficiles à trouver, en marge des circuits de distributions traditionnels, parfois militants, et avec de nombreux débats avec les réalisateurs.rices des films.

C’est en inscrivant son occupation du cinéma fermé dans cet héritage que l’association Home Cinéma a, au fil des près de 18 mois d’occupation, accumulé de nombreux soutiens à leur cause, venant de professionnels et figures du cinéma, mais également de responsables politiques, y compris de la mairie de Paris. En effet, tout au long de l’occupation, l’association a maintenu une programmation à prix libre tous les soirs ainsi que des projections en plein air sur les murs de Paris depuis la crise sanitaire, une programmation gérée par de nombreux collectifs, et le plus souvent en lien direct avec les réalisateur.rice.s des films.

Face au soutien important reçu par l’occupation, le repreneur original finit par se désister, avant d’être remplacé par un nouveau repreneur : le groupe SOS. Si ce dernier (et contrairement au précédent) promet dans sa communication de maintenir le cinéma, et de lui laisser une indépendance de programmation, de nombreux éléments amènent les membres de Home Cinéma à remettre en cause ces promesses.

En tant que numéro 1 de l’économie sociale et solidaire en France, le groupe SOS comptabilise plus de 20.000 salariés, pour un chiffre d’affaires de plus d’1 milliard d’euros l’année passée, en plus d’être assis sur 500 millions d’euros en biens immobiliers. Le groupe rassemble plus de 40 structures, comprenant des associations comme des sociétés privées et des coopératives, et cumule plus de 60 EHPAD, 9 Hôpitaux, plus de 450 logements sociaux à Paris, ainsi que de nombreux autres établissements et, chose étrange pour de l’économie ‘sociale’ des châteaux et des restaurants de luxe.

Une économie solidaire bien juteuse pour le patron du groupe Jean-Marc Borello, accessoirement membre du bureau exécutif de LREM, qui, surfant sur le démantèlement des services publics, profite de contrats et subventions de l’État pour alimenter une croissance à 2 chiffres. On comprendra alors les vacances dans les châteaux avec parc à kangourous, géré par le groupe SOS, que peut s’offrir Mr Borello, ainsi que les rachats de biens immobiliers du groupe à bas coûts de la part d’autres dirigeants... Sans compter bien sûr les nombreux cas où des associations rachetées par le groupe ont dénoncé des conditions de travail dégradées. Bien des éléments laissant sérieusement douter de la capacité du groupe SOS à tolérer longtemps une programmation vraiment libre et indépendante, une programmation qui n’hésiterait pas à diffuser des films subversifs, allant à l’encontre de l’idéologie dominante.

Face au groupe SOS, l’association Home Cinéma comptait sur le soutien que la mairie de Paris leur avait promis, pour faire valoir le droit de préemption de la mairie et empêcher le rachat par le groupe. Après avoir interpellé la mairie plusieurs fois, celle-ci vient de laisser passer le délai final pour faire valoir son droit de préemption et devenir propriétaire du lieu, abandonnant les militants de Home Cinéma face au groupe SOS. Une trahison de la part de la mairie dirigée par Anne Hidalgo, qui refuse de fait d’utiliser les moyens de la mairie pour sauver un lieu culturel indépendant. Un refus qui va dans le sens de la politique du gouvernement dans le secteur de la culture depuis le début de la pandémie : en période de crise, la culture est une perte acceptable.

 
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