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La Izquierda Diario
3 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Les cheminots relèvent la tête
« On mérite reconnaissance ! » : Les agents voie de Paris Nord en grève sortent de l’ombre
Mahdi Adi

De nuit dans l’obscurité des tunnels, au milieu de la poussière et des rats, ce sont ces conditions de travail que dénoncent les agents voies banlieues SNCF de la Gare du Nord, en lutte depuis le 18 janvier. Ce mardi, une centaine de personne étaient présentes pour les soutenir au rassemblement devant le siège de l’Infrapôle à Saint-Denis.

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Une centaine de soutiens étaient présents ce mardi aux côtés de la brigade banlieue de Paris Nord devant le siège de l’Infrapôle. Crédit photo : LouizArt Lou

Pour soutenir les grévistes financièrement, donnez à la caisse de grève

« C’est nous qui faisons la maintenance des voies pour la sécurité des usagers, on mérite reconnaissance ! » Youness fait partie de la brigade qui s’occupe de la maintenance des voies ferrées pour les trains de banlieue qui transitent par la Gare du Nord à Paris. Ce jeune homme de 25 ans revendique fièrement son travail de cheminot : « à la base c’est ceux qui cheminent le long des voies ! » Il compte parmi les petites mains invisibles qui entretiennent de nuit le réseau de la plus grande gare d’Europe, où il décrit des conditions de travail exécrables : « On travaille dans des tunnels avec de la poussière, des rats, des seringues. J’ai 25 ans, les gens m’en donnent 30, et peut être qu’à 40 ans j’aurai un cancer du poumon ».

Alors le 18 janvier dernier toute la brigade est entrée en grève pour de meilleures conditions de travail et une prime de pénibilité de 20 euros par jour. « Une lutte pour la dignité » résument ces agents rassemblés ce mardi 2 mars devant le siège de l’Infrapôle Paris Nord à Saint-Denis. Autour d’eux une centaine de soutiens sont également présents, des syndicalistes SudRail notamment Anasse Kazib et Karim Dabaj, des politiques à l’instar de Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) et Eric Coquerel (LFI), ainsi que travailleurs d’autres secteurs venus en solidarité comme des raffineurs de Grandpuits ou des conducteurs de bus de la RATP. L’occasion de se faire entendre de leur direction, qui leur a proposé une rencontre à l’issue du rassemblement.

Pourtant, depuis le début du mouvement, « la réponse de la direction, ça a été de nous ignorer et ensuite de nous réprimer » raconte Rudy. Et pour cause, afin de réduire l’impact de la grève, le directeur d’établissement a fait passer cette brigade de jour afin de les faire remplacer par des sociétés extérieures la nuit, moment où les voies sont à l’arrêt et où les travaux les plus importants peuvent être effectués.

Une décision dangereuse, car comme l’expliquent les agents, leur travail nécessite un niveau de compétence fruit d’une longue formation aux côtés des « anciens ». Comme en témoigne une négligence constaté suite à des travaux réalisés par un sous-traitant sur la ligne SNCF Paris Lille à la mi-février, causant un risque de déraillement. Et du fait du mouvement de grève, « les voies de gare du nord ne sont plus entretenu depuis 1 mois » raconte un gréviste. Contre cette manœuvre qui s’attaque donc aussi bien au droit de grève qu’à la sécurité des usagers et au service public des transports, les grévistes aidés par le syndicat Sud-Rail de Paris Nord ont décidé d’assigner la direction en référé, l’audience aura lieu vendredi 5 mars au tribunal de Bobigny.

Mais ce n’est pas tout. « Une trentaine d’agents ont été convoqués par la direction pour une photo de gréviste » explique encore Rudy. Tandis qu’un agent en période d’essai d’une autre brigade – la brigade grande ligne, un temps en grève elle aussi – s’est fait licencié dans le but d’intimider les agents, avant d’être réintégré. « Mais ça ne nous fait pas peur, on était prêt et on savait dans quoi on s’engageait » affirme-t-il, « on ne lâchera rien tant que la sécurité ne sera pas rétablie à Gare du Nord. Une vie ça n’a pas de prix. On ne lâchera rien pour tous ceux qui crient en nous, mais aussi pour tous ceux qui ont perdu espoir. Vous verrez que le combat ça paie, notre but c’est aussi de vous redonner espoir ! »

Un message plein de force et de détermination, qui montre que face au gouvernement et au patronat qui veulent faire payer la crise aux travailleurs, il est possible de battre en brèche la résignation pour faire en sorte que la peur change de camp.

 
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