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La Izquierda Diario
8 de mars de 2021 Twitter Faceboock

contre l’impérialisme français
Sénégal. Ousmane Sonko libéré, une première victoire pour le mouvement
Sara Yuki

Depuis le 3 mars au Sénégal, des manifestations d’ampleur ont lieu en réaction à l’arrestation de l’opposant politique au pouvoir, Ousmane Sonko. Libéré provisoirement ce lundi, la population ne compte pas ravaler sa colère qui bout depuis plusieurs années de frustrations politiques et sociales.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Senegal-Malgre-la-liberation-de-Sonko-la-mobilisation-continue

Depuis le 3 mars, suite à l’arrestation de Ousmane Sonko, principal opposant politique au président actuellement au pouvoir, arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019, et de nouveau candidat pour la prochaine élection qui aura lieu en 2024, de violentes manifestations ont éclaté à Dakar. Accusé de viol et de menace de mort sur une employée d’un salon de beauté, l’opposant réfute ces accusations et les justifie par la volonté de Macky Sall, actuel président du Sénégal, de l’écarter de la campagne aux présidentielles. C’est sur le chemin du tribunal que des militants pro-Sonko se sont confrontés à la police, les heurts ayant permis au gouvernement de légitimer l’arrestation de l’opposant pour “trouble à l’ordre publique”.

Les manifestants font face à une très forte répression. En effet, la police sénégalaise n’hésite pas à tirer à balles réelles sur la foule, faisant plusieurs morts. Si les mobilisations ont été provoquées par l’arrestation de Ousmane Sonko, ce qui fait de sa libération la revendication principale, la colère ne cesse de grandir et libère les nombreuses frustrations politiques, économiques et sociales qui animent la population depuis 2012. Si le pays connaît une forte croissance économique depuis quelques années, la population n’en voit pas la couleur, et selon l’organisation internationale du travail, le chômage s’élèverait à 48% dans le pays, un chiffre record. Par ailleurs, les grandes promesses de l’actuel président sont loin d’être honorées, comme la mise en place d’un système de sécurité sociale, ce qui nourrit la colère des Sénégalais qui se sentent bernés par l’actuel président et vivent toujours une situation de grande pauvreté, encore accentuée par la crise sanitaire et économique.

Cette colère est essentiellement dirigée vers la France et toutes les grandes entreprises qui la représentent comme Auchan ou Total, symboles de l’impérialisme français comme nous le développons dans un précédent article. “C’est une partie intégrante des revendications de ce mouvement qui aspire à plus de démocratie, alors que le président Sall, qui réprime et emprisonne ses opposants politiques, a toujours été soutenu par la France, tout au long de son mandat.”

Si la répression est forte sur le terrain, le gouvernement sénégalais a étendu le contrôle de sa population en censurant les images des insurrections : en effet, l’Etat a ordonné la coupure de deux chaînes de télévisions pour 72h pour avoir diffusé en boucle les images des insurrections. La connexion Internet aussi a été très perturbée jeudi soir, de plus il était impossible d’envoyer des messages audios ou vidéo. Il s’agit là d’une ultime manière pour le gouvernement d’empêcher les images des violences et des foules de circuler.

Si les journalistes internationaux ont donc du mal à recueillir des images ainsi que des informations générales sur les évènements qui secouent le Sénégal depuis maintenant plusieurs jours, la censure est surtout orientée vers la population sénégalaise, mise en difficulté pour communiquer et s’organiser mais qui a aussi du mal à obtenir des informations sur l’avancée de la mobilisation.

Les coupures de télécommunications lors de mouvements sociaux ne sont pas anodines et il ne s’agit pas non plus d’une méthode nouvelle de répression. Le gouvernement myanmarais a lui aussi usé de méthodes similaires lors des protestations qui continuent à faire rage, ou encore le Congo lors des élections présidentielles. De telles méthodes de censure sont le signe de pouvoirs très affaiblis qui cherchent à contrôler les populations par tous les moyens.

La population ne se débine pas face à cette répression : Les manifestants ont répondu très massivement à l’appel de la coalition d’opposition M2D à manifester ce 8 mars en envahissant les rues de la capitale du pays. Sans oublier de mettre à l’honneur la journée des droits de la femme de ce lundi 8 mars avec le sit-in organisé par des femmes au terrain du Sacré Cœur à Dakar.

Avec les femmes, les étudiants sont toujours en première ligne de cette mobilisation.

L’appel du collectif M2D a été entendu très massivement puisque des milliers de manifestants ont convergé vers la place de l’obélisque le 8 mars formant une foule immense.

Sous la pression de cette puissante journée de mobilisation, une nouvelle a de nouveau défini les paramètres des mobilisations : la libération de Ousmane Sonko, placé sous contrôle judiciaire. Il a pu prendre la parole ce lundi à 19h, appelant à poursuivre la mobilisation, notamment pour la libération des autres détenus politiques, tout en se délimitant des dégradations à l’encontre des entreprises étrangères, en disant qu’il ne fallait pas se battre pour la démission de Macky Sall et en invitant les manifestants à attendre les prochaines présidentielles pour changer de président.

Dans le même temps, la coalition d’opposition M2D dans laquelle le PASTEF, parti de Sanko, occupe une place centrale, a annulé les deux journées de mobilisations prévues les 9 et 10 mars. Pourtant, une grande partie des jeunes mobilisés expriment sur les réseaux sociaux leur volonté de poursuivre le mouvement jusqu’au départ du président, qui s’est rendu coupable de la mort de plusieurs manifestants, jusqu’à la libération de l’ensemble des détenus. Si le mouvement revendiquait la libération d’Ousmane Sanko, les raisons plus structurelles de la colère, le chômage, la misère et la direction du pays par une bureaucratie au service des puissances impérialistes, sont loin de s’être évanouies, et sont renforcées par la gestion sanglante de la crise par le pouvoir corrompu. Le mouvement n’a pour l’instant même pas obtenu la garantie que Macky Sall ne puisse pas se présenter aux prochaines présidentielles, ce qu’il semble vouloir faire, de manière anticonstitutionnelle.

Rien ne dit pour l’instant que les manifestants rendent les armes, malgré la timidité des partis qui sont à la direction du mouvement. Macky Sall lui de son côté ne fait pas de trêve, les militants qui ont participé au mouvement continuent d’être poursuivis.

Mandat de dépôt pour nos 2 camarades étudiants de L’UCAD

AMADOU WOURY BARRY coordinareur de FRAPP Niani/ Bambuk ...

Publiée par FRAPP-France Dégage sur Mardi 9 mars 2021

Reste à voir comment les manifestants vont réagit à cette trêve qui leur est imposée, et notamment les étudiants de l’Université de Dakar, un des cœur de la mobilisation dans la capitale.

 
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