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La Izquierda Diario
22 de mars de 2021 Twitter Faceboock

OÙ EST PASSÉ MARTINEZ ?
Casse de l’assurance-chômage. Philippe Martinez porté disparu
Irène Karalis

Alors que la crise économique continue de faire des ravages en France, avec en dernière date un plan de suppression de 30 000 emplois à l’aéroport de Roissy, le gouvernement a annoncé l’application de la réforme de l’assurance-chômage. Face à cette attaque historique contre les chômeurs et les travailleurs, le silence des directions syndicales, notamment de Philippe Martinez, est assourdissant.

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Crédits photo : AFP

S’inscrivant dans la droite lignée de la réforme des retraites, la réforme de l’assurance-chômage est dans les tiroirs de Macron depuis 2017 et son arrivée à l’Élysée et fait partie du paquet de réformes antisociales et néolibérales qui ont caractérisé Macron et son rouleau compresseur. Le premier volet de la réforme concerne le mode de calcul des indemnités journalières, qui seront dorénavant calculées sur les 24 derniers mois et plus sur les 12 derniers mois. Le deuxième volet prévoit des modifications de critères pour pouvoir accéder aux indemnités : il faudra maintenant avoir travaillé et cotisé six mois sur les 28 derniers mois et plus quatre mois sur les 24 derniers mois. Enfin, le dernier volet prévoit la dégressivité des allocations à partir du septième mois de chômage pour les salaires supérieurs à 4500 euros.

Selon l’Unedic, ce sont au total 840 000 chômeurs qui verront leurs allocations baisser dès le mois de juillet. La réforme va toucher les plus précaires de la population, et notamment les « permittents », c’est-à-dire ceux qui alternent entre chômage et contrats précaires. Parmi ces permittents, 10% des demandeurs d’emploi verront leurs allocations baisser de 250 euros ! La réforme de l’assurance-chômage va donc venir précariser encore plus les chômeurs, dont le nombre va s’accroître en raison de la crise économique actuelle. Si le taux de chômage a déjà augmenté de 7,8% en 2020, avec plus de 800 PSE depuis le mois de mars et 250 millions d’emplois à temps plein supprimés dans le monde en 2020, il va s’accroître encore plus, les plans de licenciements continuant de pleuvoir. À Roissy par exemple,un plan de 30 000 suppressions d’emplois est prévu.

Où est passé Philippe Martinez ?

Si l’ensemble des organisations syndicales avaient affirmé dans un communiqué commun le 23 février leur « profond désaccord » avec ces mesures qui « pèseront lourdement sur le quotidien des femmes et des hommes qui perdent leur [poste] », cela n’a pas empêché la CGT et les autres organisations syndicales de participer jusqu’au bout au « dialogue social » avec le gouvernement et le patronat. L’intersyndicale a ainsi participé à toutes les concertations qui avaient pour objet non pas le fond, mais la forme et le calendrier pour mettre en place les mesures.

Une seule fois, à Valence, Philippe Martinez s’est exprimé à propos de la réforme de l’assurance-chômage, quand il a été interrogé et a été obligé de se prononcer. Le secrétaire général de la CGT avait alors affirmé à propos de la réforme : « C’est une réforme qui est absolument scandaleuse et qui contribue à essayer de culpabiliser les chômeurs ». Depuis, silence radio des directions syndicales. Et ce malgré le fait que le gouvernement ait annoncé l’application de la réforme dès le mois de juillet. Si Macron est bien le fidèle représentant des intérêts de la bourgeoisie, les directions restent non seulement l’arme au pied, mais ne daignent même pas répondre par le minimum syndical. De ce point de vue, Philippe Martinez reste figé dans un silence assourdissant, alors même que la crise économique continue de faire des ravages.

Face à cette attaque historique contre les plus précaires, l’intersyndicale ne propose donc aucun plan de combat pour construire la riposte dans la rue et dans les entreprises. Pourtant, comme l’ont montré la mobilisation de ce samedi contre le racisme d’État et les violences policières, ou encore les occupations de théâtres qui essaiment un peu partout dans le pays, ce n’est pas la volonté de se battre qui manque.

Construisons le rapport de forces dans la rue et sur nos lieux de travail !

En effet, pendant que les directions syndicales restent silencieuses, les secteurs les plus précaires comme le secteur de la culture relèvent la tête et poussent aujourd’hui à la revendication du retrait de la réforme de l’assurance-chômage, quand bien même les travailleurs de la culture ne sont même pas concernés par cette réforme, les intermittents du spectacle bénéficiant d’un régime spécial concernant l’assurance-chômage. Outre la réouverture des lieux culturels, le retrait de la réforme de l’assurance-chômage ainsi que le prolongement et l’extension de l’année blanche à tous les précaires sont ainsi les deux principales revendications du mouvement d’occupations de lieux culturels qui s’est étendu un peu partout en France.

Dans certains théâtres, comme au Théâtre Auditorium de Poitiers, les travailleurs en lutte conditionnent la réouverture des lieux culturels à ces revendications, affirmant que pour eux, « il n’est pas concevable d’envisager une reprise du secteur culturel décente dans un contexte social délabré ». Dans ce contexte, il s’agit d’interpeller les directions syndicales sur l’absence de plan de bataille à la hauteur de l’attaque que constitue la réforme de l’assurance-chômage et d’étendre le mouvement à d’autres secteurs. C’est bien le fait de construire un tous ensemble dans la rue et sur nos lieux de travail qui permettra de faire reculer le gouvernement, pour refuser que les travailleurs paient la crise.

 
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