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La Izquierda Diario
22 de mars de 2021 Twitter Faceboock

#SOUTIENROZENN
Chronodrive. Rozenn a-t-elle vraiment été licenciée pour un tweet ?
Notti Ness

Rozenn Kevel, étudiante travailleuse à Chronodrive et syndiquée CGT, est menacée de licenciement par sa direction. La raison ? Un tweet dans lequel elle dénonçait le greenwashing de l’entreprise. Un prétexte qui permet à l’entreprise de sanctionner une militante impliquée dans le combat contre les violences sexistes et sexuelles au sein de son entreprise.

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Le 6 mars dernier, deux jours avant la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Rozenn Kevel, étudiante travailleuse à Chronodrive et syndiquée CGT, apprenait sa mise à pied pouvant mener à un licenciement. Si dans un premier temps, aucune raison officielle ne lui fut communiquée, celle-ci lui fut annoncée par sa direction une semaine plus tard, en même temps que sa mise à pied était prolongée : un tweet datant du 25 février dans lequel Rozenn dénonçait le greenwashing de l’enseigne. Un prétexte, pour la CGT Chronodrive et pour Rozenn qui voient dans cette décision une sanction vis-à-vis du combat menée par cette dernière contre les violences sexistes et sexuelles au sein de son entreprise.

C’est en effet au mois d’octobre que Rozenn et ses collègues décident de s’organiser afin de briser la banalisation du climat sexiste totalement admis par la direction. Sur le magasin Chronodrive de Basso Cambo à Toulouse, elle aide plusieurs salariées victimes de harcèlement moral et sexuel, certaines alertant la direction depuis plusieurs années sans qu’aucune mesure n’ait jamais été prise. Pire, c’est une véritable omerta qui est imposée par Chronodrive sur les victimes puisque ces dernières sont exhortées soit à se taire, soit à démissionner. Une politique d’asservissement qui se sert de la précarité de ces jeunes obligés de travailler pour pouvoir payer leur études et qui assure à Chronodrive de préserver à la fois ses profits et son image. Car la vérité est à l’opposé des discours tenus par le groupe Auchan à travers des coups de com’ promotionnels, comme par exemple à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette vérité, que le groupe cherche à cacher en imposant l’omerta à ses salarié.e.s, est que les violences sexistes et sexuelles, loin d’être des cas isolés, sont structurellement ancrées dans le fonctionnement de l’entreprise, et plus généralement dans le fonctionnement de la société capitaliste.

Et c’est bien cette vérité que Rozenn, avec ses collègues, s’est attelée à exposer au grand jour dès le mois de novembre en lançant un appel à témoignages avec le hashtag #TuNesPasSeule, afin de libérer la parole au sein des entreprises sur les violences sexistes et sexuelles subies par les salariées avec la complicité des directions. Ainsi, plusieurs tweets identifiant Chronodrive faisaient état de l’ambiance sexiste constante au sein des magasins et de l’inaction totale des directions, faisant ainsi écho aux dénonciations des travailleuses de la RATP, de Biocoop ou encore de McDonald’s.

En pleine crise sanitaire, la CGT Chrono (dont fait partie Rozenn), dénonçait également la gestion sanitaire catastrophique de Chronodrive et le mépris de la direction vis-à-vis de la santé de ses salarié.e.s, majoritairement des jeunes précaires envoyés en première ligne sans moyens suffisants pour se protéger.

La raison invoquée par Chronodrive pour la mise à pied de Rozenn est déjà à elle seule problématique. En effet, elle démontre toute l’hypocrisie et l’ampleur du greenwashing opéré par Chronodrive, qui fait mine de vouloir adopter une politique commerciale plus écologique et qui, dans le même temps, menace de licenciement les salarié.e.s qui dénoncent les pratiques non respectueuses de l’environnement au sein de leurs magasins tel que le gaspillage alimentaire. Mais on ne peut être dupes et penser, comme essaie de le faire croire la direction de Rozenn, que cette raison est la seule. En effet, Rozenn est une lanceuse d’alerte qui relève l’échine en dénonçant les violences sexistes et les conditions de travail et en exposant au grand jour la com’ marketing hypocrite des grandes enseignes telles que Chronodrive. Elle est également une militante engagée, qui s’organise avec ses collègues au sein de son entreprise pour combattre les violences qu’elles subissent et surtout pour imposer collectivement leur voix à leur direction. La rhétorique de Chronodrive qui consisterait à justifier sa décision par un seul tweet sur le gaspillage alimentaire quand, depuis le mois de novembre, plusieurs tweets de Rozenn ont alerté sur le sexisme et les mauvaises conditions de travail dans l’entreprise, ne tient pas. Elle apparaît donc comme une hypocrisie de plus de la part de Chronodrive dans un contexte politique qui ne lui permet pas d’afficher ses réelles motivations. En effet, alors que depuis plusieurs années on assiste à une forte politisation des questions des violences de genre, médiatisées entre autres par les hashtags #metoo, #metooinceste, ou encore #sciencesporcs, la mise à pied d’une salariée qui lutte contre les violences sexistes au sein de son entreprise ternirait l’image que le groupe Auchan tente de se donner : celle d’une entreprise soucieuse du bien-être des femmes, des jeunes et de ses salarié.e.s. Pourtant, le licenciement de Rozenn expose une toute autre vérité : le souci de la famille Mulliez pour les femmes, les jeunes et ses salarié.e.s s’arrête là où commencent ses intérêts privés.

La pétition contre le licenciement de Rozenn et contre toute sanction à son égard a rencontré un large écho en quelques jours, atteignant aujourd’hui la barre des 20 000 signataires, dont plusieurs personnalités publiques et politiques telle que Corinne Masiero, François Ruffin ou Mona Chollet, mais aussi le collectif McDroits ou les grévistes de l’Infrapôle Paris Nord. Mais cette campagne de soutien, lancée par la CGT Chronodrive en lien avec le collectif féministe Du Pain et Des Roses, permet également de libérer la parole d’employé.e.s et d’anciens employé.e.s de Chronodrive qui témoignent des conditions de travail déplorables et des violences sexistes subies dans les différents magasins. L’organisation féministe Du Pain et Des Roses a d’ailleurs lancé dans cet objectif une campagne de témoignages derrière les hashtags #SoutienRozenn et #TuNesPasSeule, afin de publier et compiler ces récits.

Cette solidarité atteste de la colère que suscite une telle répression patronale dans un contexte de précarité croissante, en particulier dans la jeunesse, alors que nous entrons dans la troisième semaine depuis la mise à pied de Rozenn qui est sans salaire depuis. Elle est également représentative de la colère plus générale qui s’exprime en pleine crise sanitaire et économique que le patronat, en alliance avec l’Etat, tente de faire payer aux travailleurs. Il est donc essentiel de répondre présent à l’appel de la CGT Chronodrive à se rassembler devant le Chronodrive de Basso Cambo Toulouse ce samedi 27 mars à 15h afin de faire plier la direction et de montrer que face à la guerre qui nous est faite par l’Etat et nos patrons, nous ne courberons plus l’échine.

Pour signer la pétition en soutien à Rozenn, rendez-vous ici !

 
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