http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
25 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Vidéo
Rozenn face à Chronodrive : leur féminisme et le nôtre
Du Pain et des Roses

Anna, militante au collectif féministe et révolutionnaire Du Pain et des Roses, revient en vidéo sur les enjeux féministes de la campagne de solidarité avec Rozenn, menacée de licenciement pour s’être mobilisée contre les violences sexistes dans son entreprise.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Rozenn-face-a-Chronodrive-leur-feminisme-et-le-notre

Rozenn, militante à Du Pain et des Roses, est étudiante à Toulouse et elle travaille dans la grande distribution, à Chronodrive, filiale d’Auchan. C’est une une jeune travailleuse précaire qui se bat depuis des mois pour de meilleures conditions de travail. La CGT Chronodrive, où elle est syndiquée, s’est battue pour que les travailleur.ses précaires de la première ligne qui ont accumulé les heures supplémentaires avec des cadences infernale dès le premier confinement puissent bénéficier de la prime Covid promise par le patronat.

Face aux violences sexistes : briser l’omerta

Ces derniers mois, elle a surtout mené une lutte exemplaire contre le sexisme dans son entreprise : elle a recueilli des témoignages, accompagné des collègues victimes de viols et d’agressions sexuelles des démarches et des entretiens, et par dessus tout, elle a cherché à s’organiser avec ses collègues, en totale indépendance de la direction du magasin, qui ne faisait que fermer les yeux sur les multiples violences sexistes et sexuelles desquelles elle était pourtant au courant.

Rozenn et ses collègues ont cherché à s’organiser pour briser l’omerta et penser une réponse par en bas face au sexisme structurant l’entreprise comme le reste de la société, une réponse collective et un rapport de forces pour ne plus se taire et ne plus accepter ces violences.

Dans un contexte de libération de la parole sur les violences sexistes depuis les grandes écoles avec le hashtag #SciencesPorcs jusqu’aux milieux de la musique et du cinéma, et encore plus récemment du journalisme sportif, à deux jours du 8 mars la direction de Chronodrive a notifié Rozenn qu’elle était mise à pied, en vue d’un potentiel licenciement, en prenant le prétexte d’un tweet où Rozenn dénonçait l’hypocrisie de son entreprise, qui se revendique écolo mais qui jette des kilos de nourritures chaque jour.

S’organiser en indépendance de la direction

Ce que révèle ce scandale, c’est que notre combat féministe ne pourra se mener qu’en totale indépendance des patrons et de l’État. Aujourd’hui, le rapport de forces se construit face à la direction de Chronodrive, avec une pétition qui a dépassé les 20000 signataires, des prises de parole publiques, de nombreux soutiens de la part du mouvement ouvrier, du mouvement féministes, de personnalités publiques, et un appel à la grève chez les salariés de Chronodrive samedi 27 mars.

Parce que notre féminisme, avec Du Pain et des Roses, c’est un féminisme de classe. Il est évident que Rozenn, travailleuse précaire de 19 ans obligée de se salarier pour subvenir à ses besoins et financer ses études, n’a pas du tout les mêmes intérêts que les dirigeantes et dirigeants d’Auchan, le groupe de Chronodrive, qui se targue pourtant de promouvoir l’égalité homme-femme.

Est-ce que les conditions de vie, de travail et d’études des travailleuses vont s’améliorer s’il y a plus de femmes à la tête des entreprises qui les exploite ? La réponse est non. Bien au contraire, tout l’enjeu pour les patrons c’est comme ils le disent eux-mêmes de « préserver l’image commerciale de l’entreprise » et surtout, sauver leurs profits. Il y a un monde qui sépare Rozenn, qui n’a pas d’autre choix que de travailler dans des conditions très dures pour vivre, et Emilie Soleri, l’actuelle directrice de la filiale Chronodrive, qui fait partie de ces grands patrons qui se gavent des cadeaux du gouvernement pour mieux nous licencier.

Si toutes les femmes subissent d’une manière ou d’une autre l’oppression patriarcale, leur statut social détermine les contours de cette oppression. Il est bien plus difficile d’échapper aux violences sexistes sur son lieu de travail quand on a pas d’autre choix que de s’y rendre pour subvenir à ses besoins, quand on touche un salaire de misère. Alors même que le travail de Rozenn et ses collègues ont permis au groupe Auchan de générer des profits qui se comptent en milliard d’euros pendant la crise sanitaire. Est-ce que Rozenn et ses collègues ont vu la couleur de cet argent ? La réponse est évidemment non.

Lutter pour le pain et les roses

Le collectif Du Pain et des Roses affirme qu’il est criminel que cet argent, généré par le travail de millions de travailleuses précaires, aille directement renflouer les comptes en banque des actionnaires. Au contraire, on revendique un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes, comme la famille Mulliez qui gère le groupe Auchan, pour assurer un CDI pour toutes et tous, garantir un revenu à la hauteur du SMIC pour tous les étudiants et les précaires.

L’indépendance économique est une condition essentielle pour que les femmes puissent échapper à un foyer ou un lieu de travail où elles subissent des violences, et c’est quelque chose d’autant plus évident quand certaines collègues de Rozenn victimes d’agressions sexuelles se sont vues contraintes de démissionner à cause du silence criminel de la direction et se sont retrouvées sans emploi et sans salaire du jour au lendemain, simplement parce qu’elles avaient parlé. On pense que les profits faramineux engrangés par le patronat devraient servir avant tout à ouvrir des lieux d’accueil et d’hébergement pour les femmes victimes de violences et pour les personnes les plus précaires et démunies, pour financer des parcours de soin et d’aide aux victimes de viols et d’agressions sexuelles.

Enfin, le combat contre le licenciement de Rozenn nous montre la voie pour combattre l’ensemble de ce système capitaliste patriarcal : il s’agit de s’organiser à la base, depuis nos lieux de travail et d’études, de créer un large front qui réunit le mouvement étudiant, le mouvement ouvrier et le mouvement féministe, en totale indépendance du patronat et de l’état. Il s’agit de réunir les différents secteurs de notre camp social, historiquement divisés (on ne voit quasiment jamais les organisations féministes, étudiantes, syndicales, politiques lutter ensemble dans la rue) autour de la revendication d’un avenir digne.

Parce qu’on se bat pour le pain, mais aussi pour les roses !

Donnez à la caisse de grève

Signez et partagez la pétition

Participez au rassemblement de samedi->https://www.facebook.com/events/765960627370712]

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com