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27 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Présidentielles 2022
À droite toute : Xavier Bertrand se lance pour 2022
Sadek Basnacki

Xavier Bertrand a finalement réussi à officialiser sa candidature aux présidentielles de 2022. Sur fond de polém ique dans son propre camp, il a dressé un programme sous le signe du tout sécuritaire et réactionnaire. Une rhétorique rodée afin d’espérer couper l’herbe sous le pied du Rassemblement National.

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Xavier Bertrand a finalement réussi à officialiser sa candidature aux présidentielles de 2022. Sur fond de polémique dans son propre camp, il a dressé un programme sous le signe du tout sécuritaire et réactionnaire. Une réthorique rodée afin d’espérer couper l’herbe sous le pied du Rassemblement National.

Crédit photo : DR

C’est la deuxième fois que Xavier Bertrand annonce sa candidature aux présidentielles. Après s’être désisté en 2015 de la primaire de droite prévue en 2016 suite à son élection à la tête du conseil régional des Hauts de France, cette fois, il y croit. Il se présente comme le candidat d’une droite populaire capable de réunifier les Français autour de du « rétablissement de l’autorité ; de la valeur travail » et de la « République des territoires ». Un ton très conservateur, que Xavier Bertrand assure être celui d’une « droite sociale et populaire » qu’attendrait les électeurs.

Xavier Bertrand, ancien ministre anti-social

A l’âge de 16 ans, Xavier Bertrand rejoint le RPR. Une longue carrière politique s’en suivra devenant ministre à plusieurs reprises. Tout d’abord ministre de la santé et des solidarités sous de Villepin où il sera impliqué dans le scandale du Mediator. Xavier Bertrand, avait décidé de maintenir le remboursement par la Sécurité sociale du médicament alors que la Haute autorité de santé avait conclu que le Mediator du laboratoire Servier ne présentait "aucun intérêt de santé publique". Or Le Canard enchainé avait révélé que deux de ses conseillers étaient rémunérés par le laboratoire Servier.

Par la suite il sera ministre du travail où il mènera l’offensive contre les services publics. D’un côté, il imposera le service minimum dans le service public ce qui revient à museler le droit de grève et dont on verra directement l’impact de cette réforme lors des grèves cheminotes. Dans le même temps il s’attaque aux régimes spéciaux de retraite. Xavier Bertrand comme ministre, c’est la politique, c’est la politique ultra libérale des gouvernements Raffarin et de Villepin. Ce n’est donc pas un hasard de le voir porte parole de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

En 2015, il prend la tête des Haut de France grâce au désistement du PS au second tour pour faire face au FN.

Xavier Bertrand, un président des Hauts de France social ?

Si Xavier Bertrand arrive à être présent dans les médias, c’est bien souvent lorsqu’il y a l’annonce d’une fermeture d’usine ou de licenciement de masse dans sa région. Il prend systématiquement des positions plus à gauche que le gouvernement. Une démarche purement électoraliste de sa part et qui s’avère dramatique pour les salariés. En 2018, alors que l’aciérie Ascoval annonce sa fermeture, l’ex-ministre de Sarkozy exigeait la nationalisation temporaire de l’aciérie, jusqu’à la reprise par un repreneur.

Xavier Bertrand « aux côtés des ouvriers » n’est qu’une posture, dans la réalité, ce même Xavier Bertrand en pleine bataille du rail avait affirmé vouloir accélérer l’ouverture à la concurrence de la SNCF sur les lignes TER de sa région. Alors qu’il était ministre du travail, il n’a jamais défendu l’idée d’une nationalisation même temporaire de l’usine GoodYear à Amiens alors même que les ouvriers étaient en lutte.

Cela fait plusieurs années que Bertrand se prépare à la présidentielle

Après s’être désisté de la primaire de la droite de 2016, alors qu’il avait annoncé sa volonté de se présenter à la présidentielle dès le 16 septembre 2012, Xavier Bertrand prépare 2022 depuis l’échec cuisant de Fillon en 2017. Suite à l’élection de Wauquiez à la tête des Républicains, il démissionne du parti. Il n’a de cesse depuis de se positionner comme l’homme providentiel d’une droite en pleine déliquescence. Il use de sa position de président du conseil régional des Hauts-de-France afin de peser nationalement tout en cherchant à apparaître comme le potentiel « adversaire numéro 1 » d’Emmanuel Macron pour 2022.

Dans son interview dans Le Point, dans l’optique de se présenter comme rassembleur, il utilise l’image préférée des politiques , le Général De Gaulle.« Je place ma candidature au-dessus des partis, en dehors des partis politiques. C’est la logique qui était celle de la Vème République du Général de Gaulle. » Au-delà de la droite, il se veut sauveur de la France « au moment où nous sommes, le choix sera entre le déclin et le redressement ».

Pour se faire, il essaie la même stratégie que Macron, passer outre les primaires. Macron c’était celle de la gauche, Bertrand, celle de la droite. « Je ne souhaite plus m’inscrire dans la logique d’un seul parti. Je ne participerai pas à une primaire. Je respecte celles et ceux qui ont une démarche différente et je travaillerai avec tous » explique t-il. Les Républicains ont confirmé qu’il y en aura tout de même une. On peut douter que le candidat intronisé par LR se rallie à Bertrand. C’est pourquoi ce dernier a d’ores-et-déjà développé certains axes programmatiques et ils sont très à droite. Une manière de plus d’obliger la droite d’en faire son champion.

Terrorisme, autorité, valeur travail : Bertrand choisit de miser très à droite

Interrogé sur son projet, Xavier Bertrand explique « ce projet de redressement il tourne autour de l’autorité, du rétablissement de l’autorité. Il n’y aura pas de sécurité sans autorité. » C’est dans la lignée des idées qu’il développe depuis des années. A la veille de manifestations contre la loi "sécurité globale". Xavier Bertrand insistait sur Europe 1 sur l’importance de "traquer" les black blocs avant les rassemblements.
Lors du mouvement des Gilets Jaunes, il expliquait vouloir de la « prison ferme » pour les manifestants qui ne se dispersent pas.

Au-delà de cette rhétorique sécuritaire, il surfe sur les débats de l’ « islamo-gauchisme » et propose une loi de « programmation quinquennale sécuritaire » avec une augmentation du budget de la sécurité et de la justice. Par rapport au terrorisme, Xavier Bertrand « souhaite porter la période de sûreté à cinquante ans. Les terroristes islamistes sont jeunes, et je ne veux pas les voir libérés tant qu’ils sont en état de nuire. Je souhaite que ce changement s’applique de manière rétroactive. Et je soumettrai cette question aux Français par référendum, s’il le faut. » Aujourd’hui la perpétuité est associée à une sûreté de 30 ans pour terrorisme, mais cette annonce est populiste au possible. Si on écoute l’ancien ministre, les condamnés à perpétuité sortiraient après les 30 ans de sûreté mais la réalité est tout autre. Il n’y a qu’à voir Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné depuis38 ans. La question de l’insécurité est centrale pour Bertrand, le but est clair ramener vers lui le soutien de la droite des Républicains mais aussi l’électorat du RN. Pour preuve la reprise d’une formulation utilisée par l’extrême-droite, « Je reprends à mon compte le constat "France Orange mécanique". C’est beaucoup plus grave que ce qu’Emmanuel Macron appelle des "incivilités". Il n’a jamais pris la mesure de ce qui nous arrive » car d’après lui « Notre pays est gangrené par l’insécurité et la violence ». Un discours qui plus que RN compatible, s’inscrit dans la tradition de Jean-Marie Le Pen. D’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’il revendique une « République des territoire » opposée au « centralisme parisien que symbolise Emmanuel Macron ».

Une sorte d’opposition de l’élite honni parisienne opposé au bon français des campagne et des petites villes de province, une stratégie de communication propre à l’extrême-droite.
Pour finir, il parle de réinstaurer le principe de double peine qui prévoit l’expulsion d’un étranger condamné à de la prison ferme, après avoir exécuté sa peine mais surtout sur l’immigration, il parle de mettre en place des quotas par rapport au besoin économique de la France.

En soi un joli programme très ancré à droite rivalisant même avec l’extrême droite sur certains points le tout en opposition au Macronisme. Xavier Bertrand se veut le candidat d’une « droite sociale et populaire » souhaitant la « révolution par les territoires » et défendeur des ouvriers français face aux fermetures d’usine et aux licenciements. Mais Xavier Bertrand n’est qu’une figure d’une droite libérale, il n’est en rien populaire. C’est une politique ultra libérale, d’attaque du service public et des régimes spéciaux, de casse de l’aide à l’emploi qu’il a mené lorsqu’il était ministre. Dans les Hauts-de-France, il n’a de cesse de pousser à l’accélération de la privatisation et la mise ne concurrence de la SNCF et de ses lignes TER. Il se veut homme providentiel, l’homme fort à poigne qui redressera un pays meurtri par la politique ultra-libérale et pro-patronale de Macron, mais il ne reste qu’un politicien professionnel marqué par l’opportunisme profondément anti-ouvrier et autrement réactionnaire.

 
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