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La Izquierda Diario
29 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Histoire du féminisme
106ème anniversaire de la Conférence internationale des femmes socialistes : vive le féminisme anti-impérialiste !
Adrien Balestrini

Il y 106 ans avait lieu la troisième Conférence internationale des femmes socialistes, qui se sont opposées frontalement à la boucherie impérialiste qu’a été la première guerre mondiale. Une occasion de revenir sur un événement marquant de l’histoire du mouvement féministe révolutionnaire, dont nous nous revendiquons encore aujourd’hui.

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Nous nous souvenons toutes et tous des photographies des « gueules cassées » lorsque nous tournions les pages de nos cahiers d’histoire au chapitre abordant la guerre de 1914-18. Ces images choquantes n’étaient qu’un aperçu de l’horreur que la "Grande Guerre" a fait subir à des milliers de jeunes prolétaires.

Il est aussi connu de nos livres d’histoire que, pendant que les fils, les frères et les époux étaient au front, les femmes rejoignaient plus largement les secteurs productifs, dont elles étaient auparavant écartées. Cependant, nous savons moins que cette intégration s’est faite dans des conditions facilement qualifiables d’invivables pour une grande majorité. L’effort de guerre demandait d’elles une implication dans l’industrie lourde, doublée de la gestion du foyer en l’absence des hommes. La santé physique et mentale de ces femmes est, durant cette période, impactée par la dégradation des conditions de vie liée à l’inflation et par l’inquiétude de la survie d’un être cher. Cette situation provoque l’éclatement d’émeutes de femmes dans plusieurs pays belligérants, comme en France, en Allemagne, ou encore en Russie - où au début de l’année 1917, l’organisation des femmes de Petrograd pour réclamer du pain déclenche le processus révolutionnaire le plus important du XXe siècle.

Deux ans avant cet événement, la révolutionnaire Clara Zetkin avait lancé en direction des femmes socialistes un appel à se réunir afin de débattre de la mobilisation massive des travailleuses contre la guerre ainsi que de leurs positionnements vis à vis de celle-ci. Cette conférence a eu lieu à Berne, en Suisse, et est connue sous le nom de « Conférence internationale des femmes socialistes ».

Les femmes socialistes à l’avant-garde de la lutte contre l’impérialisme

Du 26 au 28 mars 1915, les 70 déléguées socialistes, issues de différents pays en guerre, se réunissent à Berne et votent le mot d’ordre de « guerre à la guerre ». Cette position politique tranche radicalement avec la défense de l’effort de guerre par l’aile réformiste de la IIème Internationale et de ses militants, alors rangés du côté de leurs bourgeoisies nationales, les rendant complices de l’énorme boucherie qui a suivi.

Dans son livre Du Pain et des Roses, la militante féministe Andrea D’Atri explique que la lutte contre la guerre n’est pas étrangère des conceptions des femmes socialistes de l’époque. En effet, lors de la conférence de Copenhague de 1910, « l’une des résolutions […] affirme que les causes de la guerre se trouvent "dans les contradictions sociales créées par le système de production capitaliste" et que l’on ne peut espérer le maintien de la paix "sans l’action énergique et consciente du prolétariat, tout comme pour le triomphe du socialisme" Le devoir des femmes socialistes est de participer à cette œuvre pour maintenir la paix en accord avec l’esprit des congrès internationaux socialistes". Mais le troisième congrès – celui de Berne – est la première conférence dont le thème central est l’opposition à la guerre en cours ».

Lénine, dans un texte publié quelques mois après la conférence, en résume les positions comme ceci : « Les souffrances atroces engendrées par cette guerre éveillent chez toutes les femmes, et particulièrement chez les femmes prolétaires, un désir de paix toujours grandissant. La conférence déclare la guerre à toutes les guerres impérialistes quelles qu’elles soient. Mais elle estime que pour que ce désir de paix puisse se transformer en une force politique consciente, les ouvrières doivent comprendre clairement que les classes possédantes ne rêvent que d’annexions, de conquêtes et de domination, qu’à l’époque de l’impérialisme, les guerres sont inévitables, et que si le prolétariat ne trouve pas en lui la force suffisante pour mettre fin au régime capitaliste en renversant définitivement le capitalisme, l’impérialisme continuera à faire peser sur le monde la menace de toute une série de guerres. Si les ouvrières veulent abréger les souffrances que leur apporte l’époque des guerres impérialistes, il faut que leur désir de paix débouche sur la révolte et sur la lutte pour le socialisme. Pour atteindre leur but, en effet, elles n’ont qu’un seul moyen : le mouvement révolutionnaire des masses et le renforcement de la lutte socialiste. »

Il est alors clair que face à la guerre et à la trahison d’une partie de la IIème Internationale, la ligne des féministes socialistes devient très clairement anti-impérialiste !

Dans la tradition des femmes socialistes de Berne, notre féminisme est internationaliste et anti-impérialiste !

Dans la lignée de ces femmes qui se sont battues contre la guerre impérialiste, les militant·es de Du Pain et des Roses revendiquent un féminisme anti-impérialiste. Nous nous battons avec le même mot d’ordre de « guerre à la guerre », face à la présence militaire et commerciale de la France à l’étranger comme au Sahel ou encore au Sénégal. Face à l’impérialisme français, nous nous devons de nous battre afin d’exiger le retrait des troupes françaises présentes en Afrique, l’arrêt des exportation d’armes et d’outils de répression ainsi que l’expropriation des entreprises étrangères qui parasitent le travail de la population colonisée en les maintenant dans un niveau de précarité extrême.

En ce 106e anniversaire, nous republions le cri de ralliement qui conclue le manifeste des femmes de Berne, qui nous paraît résonner particulièrement avec la période de montée des violences impérialistes que nous vivons actuellement :

« L’Humanité tout entière fixe son regard sur vous, femmes du prolétariat des pays belligérants. Devenez les héroïnes, les sauveurs ! Unissez-vous ! que votre volonté soit une ! que votre action soit une ! Ce que vos maris et vos fils ne peuvent exprimer, c’est à vous de le dire, de le redire et de le redire encore : Les travailleurs de tous les pays sont frères. Ce n’est que leur volonté unie qui peut mettre fin à l’assassinat des peuples. Seul le Socialisme est la paix future de l’Humanité. A bas le capitalisme, qui sacrifie des hécatombes d’êtres humains à la richesse et au pouvoir des classes possédantes !

A bas la guerre ! par et pour le socialisme !  »

 
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