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La Izquierda Diario
31 de mars de 2021 Twitter Faceboock

« On lâchera jamais l’affaire face aux patrons-voyous »
Biocoop. Devant les Prud’hommes, rassemblement de soutien aux grévistes licenciés pour avoir relevé la tête
Lili Krib

Ce mardi 30 mars, se tenait devant les Prud’Hommes un rassemblement en soutien à trois ex-salariés de Biocoop Le Retour à la Terre, licenciés par leur ex-patronne Catherine Chalom, pour faits de grève, après avoir lutté contre la dégradation de leurs conditions de travail et la précarisation de leur emploi.

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Ce mardi 30 mars avait lieu devant les Prud’Hommes un rassemblement en soutien à Laetitia, Konstantin et Tiphaine, ex-salariés de Biocoop le Retour à la Terre licenciés suite à une grève de quatre mois dans leur magasin, contre la précarisation, la dégradation de leurs conditions de travail et notamment le travail le dimanche. Le premier rendez-vous de conciliation se tenait ainsi ce matin pour Laetitia ; suivront ceux de Konstantin et Tiphaine respectivement demain et le 15 avril. Sur place, étaient présents des soutiens ainsi que des militants du NPA et NPA-Jeunes, Danielle Simonnet élue LFI, mais aussi des soutiens du secteur ouvrier comme les cheminots de la SNCF, notamment des grévistes de l’Infrapole, ainsi qu’un travailleur des Nouveaux Robinsons, « coopérative bio » reposant sur un modèle très similaire à celui de Biocoop.

À l’issue de cette première date devant la justice, Laetitia rapportait la première tentative d’intimidation que venait d’imposer la patronne de Biocoop Le Retour à la Terre, Catherine Chalom, aux Prud’Hommes, en demandant des dommages et intérêts à hauteur de 6000€. Une énième mise sous pression qui ne surprend pas, illustrant une fois de plus la répression à l’œuvre à Biocoop Le Retour à la Terre, où six salariés ont été licenciés, en tout et pour tout, suite au mouvement de grève.

Konstantin, sur le parvis des Prud’Hommes, s’est ensuite exprimé sur ce procès politique : « C’est clairement des licenciements pour fait de grève avec une offensive claire, celle de briser cette grève de Biocoop. Elle a motivé à une occupation qui a notamment permis d’arracher cette victoire sur le fait de ne pas bosser le dimanche notamment. Mais il y a quand même trois collègues qui ont été licenciés après la signature de ce protocole de fin de conflit, notamment Tiphaine, Pierre et moi-même, parce qu’on aurait occupé illégalement le magasin du XIème arrondissement »

Poursuivant sur le greenwashing de son ex-patronne, il expliquait : « Pour se repeindre en vert jusqu’au bout cette patronne se donne à cœur joie : pour anticiper le rebond médiatique autour de nos affaires [elle] a invité Greenpeace à la mi-janvier ; pas plus tard qu’hier dans le cadre de la semaine contre les pesticides, [elle] organisait des conférences avec des militants écologistes pour parler notamment d’agriculture, de commerce responsable ». Un point également dénoncé par Eric Bezou, cheminot licencié par la SNCF pour faits de grève, présent sur place : « L’écologie sans politique c’est du jardinage […] On est là pour changer les choses, pour donner d’autres perspectives à la jeunesse. C’est pas en laissant Total décider, c’est pas en laissant une entreprise comme Biocoop nous faire croire qu’elle fait de l’écologie que ça va marcher. La première chose à faire pour faire de l’écologie c’est de distribuer les richesses : quand les salariés de Biocoop ne peuvent pas acheter les produits bios qui ont contribué à moins polluer c’est pas cohérent. ».

Konstantin concluait son discours : « En vérité cette problématique de la transition écologique c’est pas Catherine Chalom ni tous ces patrons qui vont la résoudre mais c’est bel et bien notre camp social, notre classe, par des mobilisations de masse par la grève générale pour arracher les moyens de production, pour mettre en place le contrôle ouvrier qui sera en réalité la seule façon d’exercer une transition écologique au service des travailleurs, quand on pourra décider démocratiquement de qu’est-ce qu’on produit, quand on produit et selon quels besoins. ».

Philomène, militante au NPA-Jeunes et à Révolution Permanente résumait de façon claire : « Qu’est-ce que ça a été cette grève ? Commencer par lever le voile vert dont se couvre Biocoop et un certain nombre d’autres entreprises, où derrière les ambitions sociales, le nom de coopérative etc c’est les salaires de misère, c’est les conditions de travail dégradées, c’est trimer comme des oufs pendant le covid et après c’est travailler le dimanche matin. C’est ça l’écologie à Biocoop. Et vous vous avez rappelé que l’écologie de votre patronne c’était de faire des conférences bienpensantes tout en vous licenciant. ».

Anthony, gréviste à l’Infrapole à Gare du Nord soulignait quant à lui le sens de sa présence, ainsi que l’absolue nécessité d’une unité forte pour arracher nos revendications et faire face aux attaques patronales : « Je suis ici pour soutenir des gens qui ont presque le même âge que moi. J’ai 26 ans, vous avez la vingtaine aussi, c’est nous le monde de demain. Moi je sais qu’il me reste 40 ans à faire au travail et on ne pourra pas continuer à subir ce qu’on a chez nous. […] L’unité […] c’est ce qui fait qu’on pourra faire reculer tous les dirigeants qui veulent faire du profit avant nos intérêts. ».

Clément, cheminot à la SNCF et militant à Révolution Permanente a lui aussi rappelé le rôle des petites mains invisibles des salariés de la grande distribution sans qui la société ne tourne pas, et que la crise sanitaire et économique a mis en lumière de façon évidente : « Des personnes comme Konstantin, Laetitia ou Samuel étaient présents pendant les différents confinements, ils font partie de cette première ligne, ils étaient là ils travaillent et au final voilà comment on les remercie : on les licencie. C’est tout simplement scandaleux. ».

Un travailleur des Nouveaux Robinsons concluait : « Ce qui était avant dans le bio une sorte de niche est en train d’être bouffé par le grand capital ».

La grève de Biocoop Le Retour à la Terre, contre la menace du travail du dimanche - pour maximiser les bénéfices de la vente du magasin - et pour une revalorisation des salaires, est une démonstration de l’ampleur de la force des travailleurs qui, en s’unissant et en s’organisant, réussissent à faire plier et reculer leurs patrons. Comme lançait Konstantin ce matin : « On lâchera jamais l’affaire, face à ces patrons voyous, on ne lâchera jamais l’affaire face à la barbarie capitaliste, face à la répression syndicale. ». Le procès des trois ex-salariés de Biocoop se déroulera le 5 juillet prochain, il faudra être nombreux.ses, pour imposer la réintégration des grévistes et rappeler qu’à chaque fois qu’ils s’attaquent à l’un des nôtres, c’est nous tous qu’ils atteignent.

 
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