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La Izquierda Diario
31 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Tensions interétatiques
Pourquoi Biden fait-il monter la tension entre les États-Unis et la Russie ?
Maryam Alaniz
Sam Carliner

Une dispute diplomatique entre la Russie et les Etats-Unis survenue la semaine dernière illustre l’aggravation des tensions entre les deux pays. Tout comme les administrations précédentes, celle de Biden a rapidement montré qu’elle n’était pas disposée à renoncer à la violence de l’impérialisme américain.

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Crédits photo : EPA-EFE/MAXIM SHIPENKOV

L’administration Biden poursuit une politique étrangère agressive à l’égard de la Russie, dans la continuité des promesses faites par Biden, le président américain, lors de la campagne présidentielle.

Dans une interview accordée à Good Morning America le 18 mars, Biden a déclaré publiquement qu’il pensait que Poutine était un "tueur" et que la Russie "paierait le prix" si son immixtion dans les élections américaines de 2020 était avéré. A l’origine de ces accusations, un service de renseignement américain au rôle historiquement trouble. Ainsi, c’est de ce service que des « renseignements », qui se sont révélés mensongers, sur la fabrication d’armes de destruction massive en Irak avaient émergé et qui avaient servi de justification à l’intervention de l’armée américaine sur le sol irakien à des fins impérialistes.

Un leader du parti démocrate qui trouve toutes les occasions de critiquer la Russie, ce n’est pas nouveau. Mais le fait que le président du pays possédant le plus grand arsenal nucléaire choisisse d’insulter et de menacer publiquement le dirigeant du pays possédant le deuxième plus grand arsenal nucléaire, détonne au regard des communications officielles habituelles, ordinairement assez lisses, entre grandes puissances.

Il convient d’analyser la montée des tensions entre la Russie et les Etats-Unis, et l’offensive de Biden à la lumière du défi que la crise sanitaire et économique adresse à ces deux superpuissances. Ainsi la situation géopolitique internationale est bouleversée par la pandémie mondiale et par des crises nationales et internationales qui ont modifié les positions des deux pays sur la scène mondiale.

Le rapport sur les élections américaines 2020

Un rapport des renseignements américains conclue que la Russie et Vladimir Poutine ont mis en place des "des opérations d’influence visant à dénigrer la candidature du président Biden et du Parti démocrate, à soutenir l’ancien président Trump, à ébranler la confiance du public dans le processus électoral et à exacerber les divisions sociopolitiques aux États-Unis.".

L’offensive de Biden contre la Russie, en même temps qu’elle permet la réaffirmation des Etats-Unis comme une puissance impérialiste de premier plan sert à masquer une réalité autre. Aucun dirigeant étranger n’est à blâmer pour la perte de confiance des Américains dans leur processus électoral a. Cela a résulté, non pas de l’influence russe - comme le prétendent le rapport et les organes de presse capitalistes - mais des contradictions du capitalisme, de plus en plus criantes.

En 2020, la classe ouvrière des États-Unis a été ravagée par la pandémie du COVID-19, et abandonnée par les deux principaux partis politiques. Trump a menti sur la gravité du virus et utilisé la Garde nationale pour réprimer le mouvement Black Lives Matter, ce qui ne l’a pas empêché d’obtenir 7 millions de voix de plus qu’en 2016. Si Biden a gagné de justesse, les élections ont en réalité accouché d’une sérieuse contestation de la politique néolibérale menée par le Parti démocrate depuis des années, et Biden doit plus son élection à un vote anti-Trump qu’à un soutien réel.

Bien sûr, Biden ne reconnaîtra jamais ces échecs du capitalisme, car ce sont les capitalistes mêmes qui l’ont aidé à devancer Trump, en attirant 131 donateurs milliardaires pour sa campagne, quand que Trump n’en a attiré que 99. Ainsi, pour mettre la classe dominante à l’abri des critiques, Biden fait maintenant porter le chapeau de l’effritement de la stabilité américaine aux acteurs étrangers, et en premier lieu à la Russie et Poutine.

Les protestations en Russie

D’ autre part, alors que Poutine fait face à des remous sur le terrain intérieur et que l’arrestation d’Alexei Navalny, la figure de l’opposition la plus connue de Russie, a provoqué, en janvier dernier, des manifestations dans près de 200 villes du pays, les Etats-Unis ont très rapidement affiché leur soutien à celui qui se décrit comme un "militant anticorruption".

L’administration Biden a utilisé l’arrestation de Navalny pour se positionner comme un fervent défenseur de la démocratie en Russie. Le secrétaire d’état M. Blinken a ainsi repris l’habituel habillage "pro-démocratie" de l’impérialisme américain pour promouvoir sa vision extrêmement interventionniste de la politique étrangère, et ce dans la droite lignée de la politique qu’il avait mené en tant que conseiller en politique étrangère de l’administration Obama. Par le passé, le soutien affiché de Blinken à la démocratie a alimenté le chaos et la déstabilisation en Syrie et en Libye.

S’il n’est pas question de fermer les yeux sur la violente répression que subit systématiquement l’opposition politique dans le régime de Poutine, il ne faut pas pour autant se méprendre sur les raisons qui poussent Biden à soutenir officiellement et offensivement Navallny, car il s’agit une fois de plus de protéger les intérêts impérialistes des Etats-Unis. Ainsi de façon assez révélatrice, les opinions nationalistes d’extrême droite de Navalny, comme les amitiés du gouvernement américain avec des dirigeants autoritaires tels que Benjamin Netanyahu, Narendra Modi et ou Mohammed bin Salman sont passées sous silence.

Ruptures dans la sphère d’influence russe et diplomatie des vaccins :

Le déclin de l’hégémonie mondiale des États-Unis est un autre moteur de la position offensive de l’administration Biden à l’égard de la Russie. Ces dernières années, la Russie a profité de l’espace laissé dans les régions où les États-Unis n’ont pas réussi à maintenir leur influence en menant des politiques impérialistes ambitieuses. Cependant la Russie a également été confrontée à des difficultés. Dernièrement, la Russie a dû faire face au conflit dans le Haut-Karabakh, où deux de ses alliés, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, sont entrés en guerre.

La pandémie mondiale a exacerbé les tensions géopolitiques, et a donné à la Russie une opportunité de mettre en action son influence dans les régions où celle des États-Unis est désormais faible. Cette guerre d’influence s’est concrétisée autour de la question des vaccins. La Russie a développé le sien, le Spoutnik-V, quand les États-Unis et d’autres pays riches les ont accumulés : Pfizer/BioNTech et Moderna.

La capacité de la Russie à fournir des vaccins à d’autres pays est un véritable enjeu politique et économique. D’un point de vue diplomatique, l’incapacité des États-Unis à fournir des vaccins au monde en raison des lois sur les brevets et de la privatisation de l’industrie des soins de santé a offert une place de choix à la Russie sur la scène mondiale. Le vaccin russe a même reçu l’approbation de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a déclaré son soutien à la production européenne du vaccin.

Sur le plan politique, la stratégie vaccinale de Moscou peut également renforcer l’alliance de la Russie avec d’autres pays avec lesquels les États-Unis sont en “guerre ouverte, notamment l’Iran, le Venezuela et la Chine, à qui la Russie fournit des vaccins.

Combattre la menace impérialiste de Biden

En moins de 100 jours, l’administration Biden a déjà fait la démonstration que les politiques impérialistes seraient un versant essentiel de sa politique étrangère. Alors que la classe dirigeante aux États-Unis tente de récupérer son prestige et son influence internationale dans le contexte de son déclin hégémonique, nous pouvons nous attendre à ce que les instabilités interétatiques continuent de menacer la classe ouvrière internationale, en particulier les travailleurs vivant dans les pays opprimés.

Face aux puissances impérialistes, la tâche des révolutionnaires de ces pays doit être de dénoncer de leur propre bourgeoisie et de leur mener une lutte sans concession, sans chercher d’alliance réactionnaires avec des régimes autoritaires et bourgeois comme celui de Poutine, mais en s’alliant aux travailleurs d’au-delà des frontières, afin de défendre pour défendre nos intérêts contre la classe capitaliste.

 
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