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La Izquierda Diario
5 de avril de 2021 Twitter Faceboock

Impréparation totale
Écoles fermées : l’échec sur toute la ligne de Blanquer
Boris Lefebvre

La fermeture des écoles à partir du 6 avril et l’avancement des vacances signent un double constat d’échec pour Blanquer : échec dans sa stratégie de maintien des écoles ouvertes et échec de son déni persistant face à la contamination dans les écoles. Un an après le début de la crise sanitaire, le bilan de Blanquer est celui d’une impréparation totale et d’une incapacité à gérer les événements.

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Blanquer désavoué... encore une fois

Une fois de plus, Emmanuel Macron a infligé un démenti sans nuance à Jean-Michel Blanquer, apôtre de l’ouverture des classes à tout prix sans moyens supplémentaires. Le ministre de l’Éducation nationale, enfermé dans son déni du taux gravissime de contamination dans les écoles, dont la seule ambition était de maintenir les garderies du Medef ouvertes, s’est pris un camouflé dont on commence, malheureusement à avoir l’habitude, de la part du Président : « Oui, le virus circule dans les établissements ». Cette simple vérité, pourtant déjà admise et affirmée par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal deux moi plus tôt, a eu raison de l’obstination de Blanquer à vouloir maintenir les écoles ouvertes malgré les taux d’incidence hors norme qu’on pouvait y trouver, notamment en Seine-saint-Denis. Pourtant, cette reculade qu’impose Macron à son fidèle serviteur est elle-même teintée de déni : le virus à l’école ? Oui, « mais pas plus qu’ailleurs » précise le chef de l’État, comme si par un simple décret de sa volonté, le problème des contaminations à l’école, reflet de l’impréparation du gouvernement, n’existait pas.

« L’éducation de nos enfants n’est pas négociable, l’école n’est négociable » a asséné Macron également lors de son allocution du mercredi 31 mars. Pourtant, derrière ces belles déclarations, rien n’est fait. Les écoles restent le parent pauvre de la gestion de la crise sanitaire, le « talon d’Achille » assumé du gouvernement, comme l’affirme l’infectiologue Gilles Pialoux. Les masques ne sont toujours pas gratuits pour les élèves. Les demi-groupes en classe tant annoncés ne sont pas appliqués et les classes restent à 36 élèves. Les campagnes de tests et la vaccination sont également loin d’être à la hauteur. En somme, le gouvernement négocie très bien au rabais les conditions d’enseignement dénoncées par les élèves et les enseignants depuis des mois. Comme si toute cette hypocrisie ne suffisait pas, Macron en rajoute une couche en déclarant que « nul ne sait dire les conséquences profondes et durables d’une fermeture prolongée des écoles, qui renforcent les inégalités sociales ». Pour une fois que les inégalités sociales sont mentionnées, on pourrait s’estimer heureux. Mais le chef de l’Etat se garde bien de dire que la fermeture des écoles, les cours en distanciel et la crise sanitaire n’ont fait que mettre sous les projecteurs des inégalités déjà existantes et qui prennent un relief criant dans les conditions actuelles. Là encore, rien ne va être fait pour y remédier.

Le « nous sommes préparés à tout » a fait son temps

« Nous sommes préparés à tout » annonçait triomphalement Blanquer lors de la rentrée de septembre. Force est de constater que rien n’est moins vrai. Un an après le début de la pandémie, l’Éducation nationale en est toujours au même point d’impréparation. Les revirements constants du ministre de l’Éducation nationale y sont pour beaucoup. Le changement brusque, imposé le mercredi 31 mars pour passer en enseignement en distanciel dès le mardi 6 avril jusqu’aux vacances homogénéisées sur tout le territoire à partir du 10 jusqu’au 26 avril avant de reprendre en distanciel une semaine en collège et lycée, a pris de cours les enseignants. Symboliquement, les deux semaines de vacances avancées pour les zones B et C, cachent la misère de ce nouveau confinement en instaurant une coupure artificielle entre les deux semaines de cours en distanciel. En attendant, ce sont les parents qui font les frais de ce revirement de dernière minute. Comme le déclare Carla Dugault, coprésidente de la FCPE : « Une fois de plus, on fait peser la responsabilité de la gestion épidémique sur les parents, et bien sûr, sur les profs ». La co-présidente d’une des principales associations de parents d’élèves renchérit : « Les parents sont sous pression, car ils veulent bien faire pour leurs enfants, ils essayent... tout en sachant qu’enseigner n’est pas leur métier. Ils ont les nerfs à vif. Les enfants sont bousculés, encore, comme depuis un an, à devoir s’adapter à des changements tous les 15 jours. Sans oublier que, scolairement parlant, il n’est même plus question de finir les programmes - qui d’ailleurs n’ont pas été adaptés à la crise ».

Comme le souligne Marion, enseignante en collège à Aubervilliers, « on arrive au même point qu’il y a un an, sauf que l’année dernière on avait eu des semaines pour prévoir l’école à distance. […] Là, et on se retrouve de nouveau à tout organiser à la hâte ». De son côté, Patrick Désiré, secrétaire général de la CGT Éduc’action, souligne que « rien n’est prévu pour s’attaquer aux conséquences néfastes du décrochage que beaucoup d’élèves vont affronter à nouveau ». La FSU, principal syndicat enseignant, dénonce quant à lui le « jusqu’au-boutisme » de Blanquer, « le déni des difficultés concrètes que pose la crise sanitaire dans les écoles » et la fausse alternative : garder les écoles ouvertes ou les fermer. Avec des moyens supplémentaires, notamment en personnels éducatifs, les écoles auraient pu rester ouvertes et nous n’aurions pas eu à replonger dans l’enfer des cours en distanciel. Mais cela suppose une politique d’embauche massive dans l’éducation qui ne peut être réalisée que si les enseignants mettent en œuvre leur protocole sanitaire par en bas. Comme le souligne encore Marion enseignane dans le 93, « en ne tolère plus que Macron joue avec nos vies » et il est hors de question pour elle et ses collègues, après ces quatres semaines d’interruption, de reprendre « à la « normale ». On veut que quelle que soit la situation dans quatre semaines on puisse décider et choisir les modalités de la reprises.

 
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