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La Izquierda Diario
26 de avril de 2021 Twitter Faceboock

VIDAL DÉMISSION
Vidal promet un retour en présentiel à la mi-mai pour les partiels : la sélection avant tout !
Jules Bodin

Frédérique Vidal a annoncé que les étudiants pourraient être en présentiel pour passer les partiels à partir de la mi-mai, montrant une fois de plus sa déconnexion totale du calendrier étudiant et son incompétence face à la crise sanitaire. Entre une déconnexion totale du calendrier étudiant et une incompétence face à la crise sanitaire, décryptage de la stratégie politique de la ministre.

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Crédits photo : Thomas Coex / POOL / AFP

Dans l’interview qu’elle donnait à 20 minutes, la ministre déclarait : « les étudiants pourraient être en présentiel à 50 % à partir de la mi-mai » pour les partiels. Les universités sont en effet fermées depuis octobre dernier. Des premières tentatives d’ouverture s’étaient faites en février, puis éventuellement en mars, pour ensuite ne plus véritablement être évoquées. Les universités avaient été fermées à l’époque pour des raisons sanitaires, perçues à l’époque, avec les écoles, comme des clusters responsables de plus d’un tiers de la propagation de l’épidémie.

Si l’élément contextuel le plus frappant pour cette déclaration est celui l’inutilité de cette ouverture fin-mai (ça n’aura en tout cas pas échappé à nos amis de Twitter), l’autre, plus important, est celui du mal-être étudiant profond chez les étudiants. Rapidement on se souviendra de ces deux drames : cet étudiant qui a tenté de se défenestrer à sa résidence de Villeurbanne, et le suicide de cette étudiante en médecine à la Sorbonne à la découverte de ses résultats. Mais les chiffres établissent eux aussi ce mal-être. En effet, un étudiant sur six a arrêté ses études et les addictions ont progressé de 31 % chez cette population. Tout cela fait bien logiquement que de nombreuses associations et syndicats ont alerté le gouvernement, et continue de l’alerter, sur les risques de suicides, disproportionnés chez les étudiants par ces temps de crise.

Pour expliquer ce désespoir étudiant, il faut bien sûr se pencher sur la précarité intense de cette population. Déjà mise dramatiquement en lumière avant le covid par Anas, un étudiant qui s’est immolé, elle a été profondément aggravée et approfondie depuis le début de la crise, avec une hausse de 16 % du chômage chez les jeunes, des files d’attentes toujours de plus en plus interminables aux distributions alimentaires ou aux épiceries solidaires et la multiplication des témoignages de désespoir. Mais on peut aussi expliquer ce mal-être par ce sentiment de décalage d’une population qui a été confinée au plus tôt et au plus long (depuis octobre déjà), et, depuis, n’a pas eu le droit de retrouver les bancs de l’université (ou un jour par semaine seulement, réalité impossible pour la majorité des étudiants, ayant rendu leurs appartements), et se retrouvent exclus de tous les lieux de socialisation, n’ayant à la fin que leur écran pour retrouver un peu de contact humain. Un isolement alors même que les écoles, collèges et lycées restent ouverts (malgré le fait qu’ils aient toujours été compris avec l’université dans le tiers des contaminations). Malaise accentué par les déclarations de la ministre qui, lorsqu’elle n’est pas occupée à faire la chasse aux musulmans, trouve que c’est finalement au fond un peu les étudiants qui posent problème : « ce n’est pas le cours dans l’amphithéâtre mais l’étudiant qui prend un café à la pause, un bonbon qui traîne sur la table ». Alors même que ces derniers se sont confinés, et ont complètement joué les règles du jeu, un jeu destructeur pour la plupart.

Qu’a donc fait la ministre le gouvernement pour lutter face à cette précarité ? Des repas à 1€ en nombre et en valeur nutritive insuffisants et des chèques psys dont il est quasi impossible de bénéficier concrètement. L’absence de considération de la ministre est encore plus flagrant quand il s’agit de penser au retour en présentiel ou à l’amélioration du distanciel. Depuis le début de la crise, en effet, aucun recrutement de personnel, aucun moyen technique ou aucun protocole n’ont étés annoncés en ce qui concerne l’université. Étudiants comme professeurs ont dû faire face seul à la crise et se débrouiller pour que cette année compte.

Car c’est bien de cela dont il s’agit, que cette année compte. Le bilan de Frédérique Vidal à l’enseignement supérieur, et plus généralement de son gouvernement, a résolument été celui de la sélection et de la casse de l’université. Entre la loi ORE, l’introduction de Parcoursup, bienvenue en France, les différentes lois de programmation de la recherche, ou encore la réforme du bac, la ministre aura tout mis en œuvre pour rendre l’université la plus difficile d’accès et la moins fonctionnelle possible. Elle l’a déjà déclarée : cette année n’est « absolument pas » une année blanche. La ministre, en vérité, ne se sent pas concernée par le mal-être étudiant à l’université, comme nous l’avons vu plus tôt. De même, son rapport à la crise sanitaire en cours n’est pas constant, allant justifier l’absence de tests covid aux examens car « il s’agirait de révéler une information sur leur état de santé, qui relève du domaine privé » (justification absurde qui ne tient dans aucun autre domaine : dit-on pareil à ceux qui prennent l’avion ?). Ce qui importe la ministre est la même chose qu’elle et son gouvernement hier, c’est la casse du service public. La situation dramatique de la jeunesse étudiante ne la concerne pas, elle est bien plus fascinée par un « islamogauchisme rampant » fantasmé ou le voile d’une déléguée de l’UNEF.

En réalité, le gouvernement, loin d’apporter des solutions à une jeunesse toujours plus précarisée et en détresse psychologique, ne fait qu’enfoncer cette dernière dans une précarité toujours plus accrue, en faisant passer des réformes antisociales, à l’image de la réforme de l’assurance-chômage qui va pénaliser en premier lieu les jeunes. La décision de faire passer les partiels en présentiel ne va faire qu’accentuer la sélection à l’université, en éjectant des bancs de l’université tous les étudiants qui auront eu des difficultés à étudier lors des différents confinements. Il est impératif de construire dès maintenant une riposte dans la rue et de refuser le monde qu’ils nous proposent, en exigeant en premier lieu des moyens massifs pour l’éducation et un revenu étudiant à la hauteur du SMIC financé par un impôt sur les grandes fortunes.

 
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