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La Izquierda Diario
29 de avril de 2021 Twitter Faceboock

McDonald’s d’Aulnay-sous-Bois
McDo. Grève en soutien à deux salariés en garde-à-vue pour avoir dénoncé du harcèlement moral
Olga Hagen

Depuis 3 jours, les travailleurs de quatre restaurants McDo d’Ile-de-France se sont mis en grève pour dénoncer la répression par la direction et la mise en garde-à-vue de deux salariés ayant agi comme lanceurs d’alerte face à des faits de harcèlement moral dans leurs restaurants. À Aulnay-sous-Bois, un rassemblement avait lieu devant le Mcdo.

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Photo : Révolution Permanente

Il y a encore deux semaines, le PDG de McDonald’s, Chris Kempczinski, annonçait qu’il souhait lutter contre les faits de harcèlements systémiques au sein de l’entreprise. Pourtant, ce lundi, deux salariés ont été mis en garde à vue après avoir dénoncé des faits de harcèlement moral. Un énième fait de répression des lanceurs d’alerte dans les entreprises, qui tente d’étouffer une jeune génération de travailleurs qui refusent de se faire exploiter et violenter en silence.

La répression pour détourner des faits de harcèlement

Une lettre anonyme avait été envoyée à la direction en février 2021 pour dénoncer des faits de harcèlement provenant de la directrice des opérations et d’un superviseur, ainsi que les souffrances plus générales au sein de l’entreprise. Mais cette lettre n’a pas été prise au sérieux par la direction, notamment par son gérant, Hervé Clément, à la tête de 19 restaurants dans la région. « Cela fait longtemps que la pression, le harcèlement et les humiliations sont dénoncées. Mais la direction n’a jamais voulu prendre ça en compte » explique Lynda de la CGT Commerce et Services. Ainsi, la lettre a été envoyée à la CGT et a débouché sur une enquête interne. Le superviseur mis en cause a d’abord été mis à pied puis licencié : il s’avérait qu’il avait harcelé cinq personnes.

Puis, une autre histoire a émergé : des extraits de vidéosurveillance ont été relayés au sein de l’entreprise. On en note plusieurs, notamment une où l’on voit une jeune salariée se faire harceler verbalement par ce superviseur. « T’es qu’une merde », « tu ne sers à rien » sont des propos que l’on peut entendre sur la vidéo.

La direction, soit le gérant, la directrice des opérations et le superviseur licencié pour harcèlement ont ainsi porté plainte pour « tentatives de déstabilisation de l’entreprise ». Une dizaine de salariés ont donc été auditionnés lundi pour déterminer l’origine de la captation et de la diffusion des vidéos, et deux ont été placés en garde à vue ce lundi et seront convoqués devant la Justice.

Par ces agissements, la direction ne fait que détourner le problème principal, dénoncé depuis des années chez le géant mondial de la restauration rapide : les conditions de travail insoutenables largement fondées sur le harcèlement mais aussi les agressions sexuelles comme l’avait dénoncé le collectif McDroits. Stress, pression, humiliation et harcèlement moral ou sexistes sont le quotidien des travailleurs de chez McDonald’s. Lynda, de la CGT Commerce et Services, dénonce le fait qu’« il y a une chape de plomb qui fait que les salariés viennent travailler avec la boule au ventre. Et c’est très dur de se plaindre des conditions de travail. Dès qu’on ose ouvrir sa bouche, on se retrouve sur le banc de la société ».

En octobre, une grève historique au Havre de jeunes salariés d’une vingtaine d’années avait conduit à la libération de la parole quant au sexisme quotidien subi par les salariées et avait poussé la direction à accepter un accord consistant notamment en le paiement des heures de grève des jeunes travailleurs et d’une enquête de la direction sur les faits de harcèlement. Mais les salariés ont très vite déchanté : « De nombreux-euses salarié-es ont fait part du fait que leurs témoignages ont été systématiquement discrédités par la responsable des entretiens, nulle autre que MmeLacroix elle-même. Lors des enquêtes, les témoignages de certain-es salarié-es révèlent de graves dysfonctionnements et une volonté évidente de bloquer l’enquête. “Ils jugent systématiquement nos réponses et cherchent à discréditer nos propos ”, témoigne une salariée. Un autre explique : “Si nous répondons positivement à une question, ils essaient de nous faire changer d’avis en nous donnant leur point de vue.” ».

Et quelques mois plus tard, c’est l’une des portes parole de ce mouvement qui s’est faite licencier pour faute grave. Une rupture du contrat de travail qui n’est pas sans lien avec son rôle de lanceuse d’alerte selon Mediapart.

Une stratégie patronale qui ne s’arrête pas aux portes de McDo puisqu’à la RATP le syndicaliste Ahmed Berrahal est attaqué par la direction après avoir été la figure de proue de la lutte contre le harcèlement et le sexisme dans la boîte, en témoignent les nombreux soutiens qu’il a reçu en réaction à l’offensive de sa direction. De même, la jeune militante syndicale et politique Rozenn a été licencié après avoir mené campagne contre le sexisme dans son magasin suite à des faits d’agressions sexuelles graves jusqu’ici restés dans l’impunité.

La riposte s’organise

Dès mardi, les travailleurs du Mcdo d’Aulnay-sous-Bois se sont mis en grève, avec un taux de grévistes à 100 %. Puis celui de Paris Nord 2 à Gonesse a suivi dans l’après-midi, Rosny-sous-Bois le lendemain, et aujourd’hui celui de Bondy. Ce sont 4 restaurants qui sont en grève aujourd’hui contre la répression que subissent leurs collègues, pour exiger l’abandon immédiat des poursuites, notamment de la part du gérant, ainsi que la mise à pied d’un membre de la direction à titre conservatoire le temps de l’enquête.

En grève depuis 3 jours, certains jeunes, très motivés, comptent le rester : « s’il faut, on fera grève un mois ! » s’exprime l’un d’entre eux, salarié sur le site d’Aulnay. Car cette mobilisation incarne aussi le ras-le-bol général régnant dans l’entreprise. « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase » dénonce un autre salarié d’Aulnay. Lynda s’exclame : « Ce sont des alertes sur les conditions de travail, ce sont vraiment des appels au secours des salariés ! ».

Ces faits montrent qu’une fois de plus, la réponse de la direction est de faire taire les victimes et les empêcher de relever la tête. C’est cette même répression qu’a subi Rozenn, licenciée de chez Chronodrive pour avoir lutté contre les violences sexistes et sexuelles au sein de l’entreprise, ou Ahmed, menacé de licenciement par la RATP pour avoir dénoncé des faits de harcèlement et d’agressions sexuelles. Plus que jamais, soutien aux grévistes et aux victimes des violences sexistes et sexuelles et de la répression patronale !

 
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