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La Izquierda Diario
4 de mai de 2021 Twitter Faceboock

Banquiers voyous
Axa fait payer la crise aux petits propriétaires. Exigeons la nationalisation des banques
Pepe Balanyà

Les bénéfices faramineux des assurances et des banques ainsi que les milliards du plan de relance l’Etat accordés au grand patronat, sont la contrepartie de la crise qui touche les petits propriétaires et de la vague de licenciements qui est en train de toucher des centaines milliers de travailleurs dans le pays.

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Dans le cadre de la campagne « Allô Bercy », l’Observatoire des multinationales publie régulièrement des exemples pour montrer comment le grand patronat continue à s’enrichir sur les dos des travailleurs et des classes populaires. Un des derniers exemples en date est celui du géant des assurances Axe France qui a décidé de verser « un dividende total de 3,5 milliards d’euros à ses actionnaires pour l’année 2020 […]. Axa a également procédé à des rachats d’actions à hauteur de 258 millions d’euros en 2020. Additionnés, ces montants constituent donc un taux de distribution de 117,5 % pour 2020, un des plus élevés du CAC40. En d’autres mots, la multinationale versera à ses actionnaires un montant supérieur au bénéfice net qu’elle a réalisé sur l’année, et puisera donc dans sa trésorerie pour les rétribuer ».

Si le versement de dividendes faramineux tous les ans passe souvent sous silence (pour l’année 2019 le dividende total était de 1,8 milliards d’euros), cette fois ci l’opération de la compagnie risque de réveiller la colère des petits propriétaires que les assureurs ont décidé de laisser sur le carreau pour gaver les actionnaires. En effet depuis le début de la pandémie « Axa est montré du doigt - et poursuivi en justice - pour son refus d’indemniser ses clients restaurateurs pour leurs pertes d’exploitation liées au mesures sanitaires, et ce bien qu’ils aient souscrit une assurance les protégeant en cas d’épidémie. ». En effet environ 18000 clients, et parmi eux15000 des restaurateurs avaient souscrit un contrat stipulant qu’ils seraient indemnisés en cas de fermeture administrative suite à une épidémie. Cependant en octobre 2020 la compagnie a envoyé un avenant aux contrats pour éviter d’avoir à indemniser ses clients. Pour quelle raison ?

Comme le rapportait Le Monde à l’époque, face à la colère qu’ avait suscitée cette manœuvre, les assureurs s’employaient « à expliquer que le risque « pandémie » n’est pas assurable, car il touche tout le monde en même temps, rendant la mutualisation impossible. ». Dans la même ligne que ses collègues de la Fédération française de l’assurance (FFA), Jacques de Peretti, patron d’Axa, avait aussi avancé cet argument lors d’une interview pour RTL afin d’essayer de calmer la grogne. C’est l’argument que brandit à nouveau le groupe devant les tribunaux.

Cependant le récent versement de dividendes d’Axa France montre que la raison des grands assureurs était beaucoup plus simple : il s’agissait de protéger les bénéfices millionnaires des grand patrons du groupe au prix du sacrifice de l’avenir de milliers de petits propriétaires. Comme l’estime le Syndicat des Indépendantes (SDI) près de 40.000 restaurateurs risquent de faire faillite en 2021. L’Association GSC estime de son côté qu’au total ce sont entre 100.000 et 150.000 TPE qui font face à ce risque en 2021.

Le gouvernement, les assureurs et le banques, tous ensemble pour faire payer la crise aux classes populaires

« Les assurances doivent être au rendez-vous de cette mobilisation économique. J’y serai attentif. ». Le 13 avril 2020, Macron, qui compte parmi ses députés un des actionnaires d’Axa, avait lancé cet avertissement lors d’une allocution pour faire semblant de veiller aux intérêts des petits propriétaires et tenter de calmer la colère. Les assureurs de son côté – comme l’expliquait fin avril Fanny Guinochet« conscients que leur image est écornée, cherchent toutefois à prendre en charge les dommages de la crise par d’autres biais. Les assureurs ont versé 400 millions d’euros dans le fonds de solidarité qui aide les entreprises en difficultés, ils ont aussi mis au pot pour les prêts participatifs, ce nouveau système de prêts à long terme garantis par l’État présentés par Bercy en début de semaine. À elle seule, Axa a par exemple déboursé près de deux milliards d’euros pour ce nouveau dispositif. ».

Cependant si l’État se vante d’avoir instauré le fonds de solidarité pour [« aider les petites entreprises les plus touchées par la crise », les sommes impliquant de nombreuses conditions paraissent dérisoires compte tenu de la situation catastrophique dans laquelle les petits commerçants et artisans se trouvent depuis le début de la crise sanitaire. En effet ce dispositif permettait à certaines entreprises de moins de 20 salariés ayant perdu au moins 50% de chiffre d’affaires par rapport à la même période en 2019, ou celles ayant subi une fermeture administrative, de prétendre à une aide de 1500 euros maximum. En plus de cela, certaines entreprises pouvaient bénéficier d’un financement exceptionnel et complémentaire, valable une seule fois et pouvant aller jusqu’à 10 000 euros, mais cela dépendait une fois de plus de nombreuses modalités. Dans le même temps, le grand patronat des principaux groupes de l’aéronautique et de l’automobile ont reçu sans conditions 15 et 8 milliards respectivement.

Les prêts garantis par l’état, par le biais desquels Axa dit vouloir aider les petits commerçants, laissent eux aussi beaucoup de doutes. Notamment du fait de la capacité de remboursement des TPE. Comme l’explique Le Figaro : « Selon des sources anonymes, notamment bancaires, citées par l’ancien président de la SNCF, « 70% des prêts garantis par l’Etat (PGE) aux TPE risquent de ne pas être remboursés ». Une estimation qui contraste avec la fourchette de 5% à 10% pour l’ensemble des PGE avancée vendredi par le président de la Fédération bancaire française Philippe Brassac, alors que 90% de ces prêts ont été accordés à des TPE. ». Cette asphyxie financière sur les TPE contraste cependant avec les performances des grandes banques françaises qui ont dégagé 21,5 milliards de bénéfice seulement en 2020. Et cela alors que le bénéfice net total enregistré dans la zone euro a été de 23,5 milliards d’euros !

Pour ne pas payer la crise, nationaliser les banques et les placer sous contrôle des travailleurs !

Les bénéfices faramineux des banques et des assurances ainsi que les milliards du plan de relance de l’Etat octroyés au grand patronat, sont la contrepartie de la situation catastrophique qui touche les petits propriétaires et de la vague de licenciements qui est en train de toucher des centaines de milliers de travailleurs dans le pays. Axa, malgré ses bénéfices, licenciait encore récemment 58 salariés sur 108 en Espagne.

Si les capitalistes font payer la crise aux les classes populaires et les travailleurs c’est parce que les leviers du pouvoir économique restent aux mains d’une minorité d’actionnaires et de grands patrons qui ne veillent qu’à ses intérêts avec l’appui de l’Etat. Pour retourner la situation et avancer vers une issue favorable à la majorité il faut arracher les commandes de l’économie aux capitalistes : lutter pour l’expropriation sans rachat et la nationalisation de toutes les banques et institutions financières pour les placer sous contrôle de ses salariés. C’est la seule voie pour avancer vers la mise en place d’un monopole publique bancaire dont un des rôles essentiels serait de soutenir les petits entrepreneurs et de proposer du crédit bon marché.

 
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