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21 de mai de 2021 Twitter Faceboock

Patrons-voyous
"Si vous refusez, vous êtes licencié" : chez Renault, mobilisation contre les "départs volontaires"
Ella Dall’erta

Ce jeudi, 4 sites de l’entreprise automobile Renault étaient mobilisés pour dénoncer la politique de leur patron qui s’ouvre à l’externalisation de 27 emplois, un premier pas vers la précarisation et des “licenciements déguisés”

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Crédits : AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER

Depuis la découverte du plan d’externalisation de la maintenance des moyens d’essais par les salariés des sites d’ingénierie du géant de l’automobile, plusieurs mobilisations ont eu lieu. Le 18 mars, dans l’Eure, sur le site d’Aubevoye, ainsi que sur le site de Lardy dans l’Essonne, une centaine de salariés lançait le début de mobilisations pour pointer du doigt la politique de l’entreprise. Avec environ 800 salariés présents, la grève du 30 mars sur le site de Guyencourt et au Mans a montré une certaine détermination chez les ouvriers du groupe pour faire entendre leurs revendications. La dernière date de mobilisation jusqu’alors, organisée par l’intersyndicale (CFE-CGC, CFDT, CGT, Sud) le 20 mai, a vu une centaine de salariés protester contre cette restructuration de l’entreprise qui n’offre même pas l’espoir de requalifications ou de stabilité de l’emploi, comme l’explique Jérôme, employé chez Renault depuis 26 ans, pour L’impartial : « Pour l’instant, mes collègues et moi n’avons aucune garantie que dans deux ans et demi, notre nouvel employeur ne nous mettra pas à la porte. Depuis que je suis dans la boîte, j’en ai vu des restructurations. Mais aussi violentes jamais. Habituellement, il y a toujours des requalifications de proposées. Là non. »

Le projet d’externalisation des 27 ouvriers dans la structure P2M, qui appartient au groupe sous-traitant GMB Invest, n’est pas sans rappeler aux employés du géant automobile le plan d’externalisation de la maintenance de PSA. Le responsable de la recherche et du développement à ce moment était Gilles Le Borgne, qui se trouve être aujourd’hui le directeur de l’ingénierie de Renault, depuis janvier 2020. Ce même directeur qui exprime, à propos de l’externalisation : « je ne m’interdis rien ». Pour le cabinet Sextant, chargé par les Comités Sociaux et Économiques (CSE) de Renault Guyancourt/Aubevoye et de Lardy de mener une expertise sur le projet d’externalisation, comme pour les ouvriers, une certaine “relation de confiance” entre le PDG de GMB Invest et Gilles Le Borgne pourrait pousser l’externalisation plus loin et ne pas s’arrêter qu’à la maintenance, qui menace déjà 27 emplois d’être davantage précarisés. Jean-Marc Kieffer, de la CFDT, explique au Figaro que les rémunérations que pourraient percevoir les salariés à P2M sont « très nettement » inférieures comparées à celles du groupe Renault, avec une perte annuelle pouvant aller jusqu’à 6000€ ainsi que la perte des avantages sociaux dont ils disposent au sein de l’entreprise actuellement.

Après avoir passé plus d’une année sous une pandémie mondiale qui a vu les patrons s’enrichir sur le dos de leurs employés qui travaillent encore dans des conditions de misère matérielle et psychologique, l’un des ouvriers de Renault confie Libération « On nous parle des risques du Covid, de lavage de mains, de masques mais on laisse dans le même temps des grands patrons détruire nos vies. Je le vis mal car, depuis le début de tout ça, j’ai l’impression d’être une merde. ». Les conséquences sociales que pourrait avoir le projet ne feraient qu’empirer la situation actuelle, et sont ainsi dénoncées par les salariés du groupe, de même que le manque de négociations entre eux et la direction de Renault.

Selon un employé du site de Lardy pour L’Humanité, le groupe Renault aurait été formel : “Vous partez chez un sous-traitant. Si vous refusez, vous êtes licencié.”. L’intersyndicale explique au même journal : « Aujourd’hui, les pressions continuent sur d’autres salariés afin de les pousser au départ, poursuivent les organisations syndicales. Sur le site de Lardy, la direction a annoncé au moins 158 suppressions de postes sur l’année 2021, alors qu’elle ne met à disposition que 23 postes pour des mobilités internes. Il commence à être annoncé à des salariés que leur poste est supprimé et qu’ils doivent en trouver un dans un autre secteur… ou en dehors de chez Renault. Ces pressions sont très mal vécues par les salariés concernés, dont l’avenir professionnel est clairement menacé par Renault alors que la direction jure que les départs restent “volontaires”. ».

Le 3 juin, l’externalisation sera portée à l’ordre du jour lors d’une réunion du CSE de Lardy. D’ici là, la mobilisation ne doit pas s’arrêter et les salariés du géant automobile doivent continuer de dénoncer la politique financière du patronat de leur entreprise qui semble prêt à tout pour continuer à s’enrichir au profit de la vie de ses employés. Face aux attaques du patronat c’est par la mobilisation et par la grève que les travailleurs doivent répondre.

 
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