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9 de juin de 2021 Twitter Faceboock

Les « jours heureux » ?
Contamination dans les lieux clos, séquençage… : Macron déconfine sans stratégie de prévention
Erell Bleuen

Si le gouvernement poursuit son calendrier de déconfinement d’un air triomphant, l’apparition du variant indien sur le territoire met en exergue l’impréparation du gouvernement à prendre des mesures de prévention face à la pandémie.

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Crédits photo : AFP

Depuis quelques semaines, la courbe de contaminations au Covid-19 continue de décroître sur le territoire français. Seulement, le développement des variants, notamment le variant indien - renommé Delta - met en péril l’amélioration de la situation sur le long terme, et laisse planer le doute d’une quatrième vague dans l’Hexagone. C’est ce qu’expliquait Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique, ce mardi 8 juin sur RTL : « Je crains que nous nous trouvions pendant l’été, ou à la rentrée de septembre, avec nous aussi un switch, entre la disparition et la diminution du variant anglais pour aller vers le variant indien ».

La situation sur le territoire anglais sert à ce titre de cas d’école. Car la Grande-Bretagne, premier pays à déconfiner en Europe grâce à la rapidité de sa campagne de vaccination, fait actuellement face à une hausse de 60 % de cas positifs ces derniers jours. Cette nette augmentation est largement causée par la variant Delta, qui représente 75 % des contaminations selon l’agence de santé publique anglaise, celui-ci étant 40 % plus contagieux que le variant anglais, lui-même 50 % plus contagieux que la souche originale du virus.

Et c’est bien ce taux de contagion qui inquiète en France, puisque le variant indien a fait son apparition en Nouvelle-Aquitaine. Prémisse d’une possible reprise épidémique dans la région, qui témoigne surtout que plus de quinze mois après l’émergence du Covid-19 sur le territoire, Macron continue à refuser de penser une véritable stratégie sanitaire. Car si depuis la réouverture du 19 mai, le gouvernement cherche à apparaître comme sortant vainqueur de la pandémie, la deuxième étape du déconfinement qui s’ouvrait ce mercredi met en exergue une gestion toujours marquée par l’impréparation.

Le gouvernement ferme les yeux sur la transmission du virus par aérosol

La transmission du Covid-19 par voie d’aérosol, c’est à dire par des micros-gouttelettes que nous produisons, qui sont des particules fines restant suspendues dans l’air, apparaît comme un risque important à l’aune de la réouverture des espaces clos tels que les salles de sports, les restaurants et les bars en intérieur si l’air à l’intérieur de ceux-ci n’est pas régulièrement renouvelé. C’est dans ce sens qu’alertait déjà l’enquête de Médiapart publiée il y a quelques jours à propos des potentiels clusters dans les TGV, engendrés par un manque de ventilation dans les trains. Alors que la SNCF était au courant de la situation et s’était bien gardée de la révéler, le ministre de transport Jean-Baptiste Djebbari s’était contenté de répondre que les transports en commun « ne sont pas des lieux de propagation prioritaires par rapport à d’autres lieux », et son collègue Olivier Véran, ministre de la Santé, expliquait quant à lui qu’il ne fallait pas « créer de la phobie là où il faut juste de la vigilance ».

Des prises de positions qui relativisent largement la situation, et qui n’indiquent rien de bon quant aux préparations du gouvernement pour la deuxième étape du déconfinement. A ce titre, un nouvel article de Médiapart confirme que la transmission par voie d’aérosol est largement sous-estimée dans le plan de réouverture prévu par le gouvernement. Ainsi, le protocole prévu dans les bars et les restaurants « mentionne une seule fois le terme de « ventilation » » et « indique uniquement qu’il « convient d’aérer les locaux par une ventilation naturelle ou mécanique en état de marche ».

Des simples « recommandations » bien insuffisantes au regard du degré de transmission du variant Delta, qui montre que le retour aux « jours heureux » annoncé par le gouvernement Macron est totalement déconnecté d’un plan sanitaire à la hauteur, et qui rappelle la gestion catastrophique de l’épidémie dans les écoles. Après le dernier confinement, la rentrée y avait en effet déjà été marquée par des protocoles sanitaires totalement insuffisants.

La détection des variants : un échec à la Française

Si le développement des variants constitue une menace pour éradiquer la pandémie au niveau international, elle l’est d’autant plus pour un pays comme la France qui pêche quant à leur détection. Il existe deux techniques de surveillance de l’évolution de l’épidémie qui sont le criblage et le séquençage. La première permet d’analyser les mutations des souches virales déjà connues, et donc de détecter si la personne infectée a été contaminée par un variant déjà répandu. La seconde, le séquençage, permet quant à elle de déceler l’apparition de nouveaux variants, et donc de prévenir plus rapidement leur diffusion.

Mais la France, après un an et demi de pandémie, possède encore des capacités de séquençages largement insuffisantes. C’est ce que Bruno Coignard, directeur du département maladies infectieuses chez Santé Publique France, expliquait à Libération : « Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies préconise au moins 500 prélèvements par semaine ou 10% du total des nouveaux cas positifs. Pour le moment, nous sommes en France plutôt autour de 5% ».

Et ce retard dans le séquençage, qui avait engendré une détection tardive de la présence du variant anglais en France, pose désormais les mêmes difficultés avec le variant Delta. Alors qu’on connaît désormais sa présence en Nouvelle-Aquitaine, notamment dans le département des Landes, Santé Publique France n’arrive pas à quantifier son degré de diffusion réel. Alors que le 5 juin, une cinquantaine de cas étaient suspectés, le délégué départemental de l’Agence Régionale de Santé pour les Landes, Didier Couteaud, laissait entendre ce lundi qu’il existerait « 100 à 200 cas sur lesquels nous n’avons pas de certitude ».

Face au développement des variants, dont on connaît les risques depuis maintenant plusieurs mois, le gouvernement est loin de mettre en place les capacités logistiques pour y faire face. Ce n’est ainsi que le 4 juin que Santé Publique France a lancé un appel d’offres pour augmenter les capacités françaises de séquençage. Mais comme le dénonce le professeur Froguel : « les résultats de cet appel d’offres ne seront connus que fin juillet. Comme personne dans les laboratoires ne travaillent en août, la nouvelle plate-forme ne sera mise en place qu’en septembre. Alors qu’on ne sait toujours pas comment le variant indien se propage en France, on n’en a aucune idée, m’a-t-on dit hier soir au ministère ».

Ainsi, après un an et demi de crise sanitaire, le gouvernement continue de prouver son incapacité à mettre en place des mesures préventives pour lutter efficacement contre l’épidémie. D’autant plus que la France, et avec elle toutes les puissances impérialistes, continue de défendre coûte que coûte un nationalisme vaccinal, qui a pour conséquence le développement de variants dans les pays qui n’ont pas les moyens de faire face à la pandémie – comme en témoigne le cas Indien.

De ce point de vue, la réouverture que le gouvernement porte comme un triomphe risque bien de ne pas durer si l’on n’impose pas un plan sanitaire à la hauteur de la situation. Si la vaccination est la principale voie de résolution à la pandémie, nous devons lutter non seulement la levée des brevets sur les vaccins, mais également pour l’expropriation des laboratoires sous contrôle des travailleurs, pour mener une campagne de vaccination dans l’intérêt non pas des profits, mais bien des populations du monde entier.

 
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