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La Izquierda Diario
10 de juin de 2021 Twitter Faceboock

Atteinte à la liberté d’expression
Nigeria. Twitter muselé par le gouvernement pour écraser la colère populaire
Mélanie Florch

Suite à la suspension d’un tweet appelant à la haine, le président Nigérian suspend Twitter. Une nouvelle attaque contre la liberté d’expression dans le pays après le soulèvement contre les violences policières de l’an dernier. Une répression face à laquelle la jeunesse s’organise !

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Crédits photo : KOLA SULAIMON / AFP

« Le gouvernement fédéral a suspendu, pour une durée indéterminée, les activités du service de microblogging et de réseau social Twitter au Nigeria », a indiqué le ministère de l’Information et de la Culture dans un communiqué.

L’organe national de régulation audiovisuelle (NBC) du Nigeria a également demandé à toutes les radios et télévisions du pays de supprimer leur compte Twitter, et prévenu que toute utilisation du réseau social serait considérée comme "antipatriotique".

Prévoyant de potentielles tentatives de contournement de cette mesure liberticide, le ministre de l’Information Lai Mohammed a pris les devants en prévenant que l’utilisation d’un VPN (réseau privé virtuel) qui permet d’accéder à Twitter en contournant le blocage, serait également considérée comme une infraction, bien qu’aucune loi en ce sens n’ait été votée au Parlement.
selon TV5 Monde 

Après avoir déjà mis en place en novembre 2019 des mesures plus strictes visant à réguler les médias et l’utilisation des réseaux sociaux, le ministre avait encore montré, lors d’une conférence du 15 octobre 2020 au National Defence College d’Abuja, sa volonté de déployer une technologie pour surveiller les médias sociaux et arrêter les diffuseurs de « fake news » et de discours de haine.

C’est pourtant pour son incitation à la haine que le tweet de Muhammadu Buhari a été supprimé par Twitter, puisqu’il menaçait de « traiter avec un langage qu’ils comprennent » les responsables des violences actuelles dans le sud-est du Nigeria, faisant référence à la guerre civile du Biafra (1967-1970).

Lors d’un message à la presse, le gouvernement Buhari a tenu à justifier la suspension de Twitter par une certaine méfiance envers le réseau social qui, selon Lai Mohammed, a toléré en parallèle des messages de groupes séparatistes et un appel lancé l’année dernière par le PDG de Twitter, Jack Dorsey, à donner des bitcoins pour soutenir les manifestations nigériannes contre les violences policières lancées par le mouvement #EnSARS.

Justement, le soulèvement d’octobre dernier contre les violences de l’unité de police SARS s’était vite transformé en mouvement de la jeunesse contre le pouvoir en place en grande partie grâce à Twitter : relayé par des influenceurs internationaux, #EndSARS a été durant deux jours le hashtag le plus partagé au monde et a permis de motiver des franges entières de la jeunesse à passer d’une contestation virtuelle à une révolte dans la rue.
Les manifestations qui ont suivi, considérées comme les plus importantes de l’histoire moderne du Nigeria, ont été la bête noire du gouvernement Bahuri dont la crainte d’un renversement du pouvoir a été justement alimentée.

La suspension du réseau social utilisé par 40 millions d’habitants (sur 200 millions, selon un sondage du cabinet d’étude statistique NOI Polls), dans un pays où l’âge médian est de 18 ans est donc loin d’être anodine. Si elle avait pour but de contenir le sentiment de rejet de la politique du gouvernement actuel, elle a eu pour effet contraire d’attiser la colère de la population qui trouve tout de même les moyens de tweeter la violence anti-démocratique qu’elle subit.
En témoignent les tweets de Rinu Oduala, activiste nigérianne très suivie sur les réseaux sociaux, qui appelle au départ de Muhammadu Buhari et voit cette atteinte à la liberté d’expression comme l’énième goutte de trop.

La suspension de Twitter par le gouvernement nigerian a par ailleurs fait réagir les grandes puissances occidentales. L’Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada ont appelé le Nigeria à revoir sa position dans un communiqué conjoint. « L’interdiction de moyens d’expression n’est pas la solution », ont-ils déclaré.
« La voie vers un Nigeria plus sûr passe par plus de communication, et non pas moins » ont-ils affirmé, insistant sur la nécessité d’un « dialogue inclusif » essentiel en période de « pandémie de Covid-19 ».

Leurs ambassadeurs ont été reçus lors d’une réunion à huis clos lundi par le ministre des Affaires étrangères nigérian, Geoffrey Onyeama, en vain. Malgré l’ingérence habituelle de ces puissances impérialistes dans les affaires économiques du pays, leur immixtion dans cette affaire politique s’avère être un échec. C’est la preuve que le peuple nigérian ne peut compter que sur lui-même quand il s’agit de protéger ses libertés fondamentales, et c’est en ce sens que la jeunesse se réorganise déjà sur les réseaux sociaux sous le hashtag #KeepItOn ("continuez") et organise d’ores-et-déjà un mouvement populaire le 12 juin, qui sera suivi dans le monde entier sous le mot d’ordre « Buhari must go ! »

 
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