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La Izquierda Diario
16 de juin de 2021 Twitter Faceboock

Stratégie triomphaliste
Couvre-feu, masque en extérieur : Macron accélère le déconfinement... sans stratégie de prévention sanitaire
Erell Bleuen

A la sortie du conseil de défense et du conseil des ministres, Jean Castex a annoncé la levée du couvre-feu jours 10 jours plus tôt que prévu, ainsi que l’arrêt de l’obligation du port du masque en extérieur. Des annonces qui s’inscrivent dans la stratégie du gouvernement, qui veut entériner le « retour des jours heureux », sans pour autant mettre en place une stratégie de prévention sanitaire face à la menace du variant indien.

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Alors que le gouvernement britannique repoussait ce lundi la dernière étape du déconfinement du pays, le gouvernement français, à l’inverse, prend de l’avance : à la sortie du Conseil de défense et du Conseil des ministres ce mercredi, Jean Castex a ainsi annoncé la fin du port du masque en extérieur à partir du jeudi 17 juin – sauf en cas de regroupements -, ainsi que la levée du couvre-feu qui prendra fin ce dimanche 20 juin, soit 10 jours avant la date initialement prévue.

Une annonce qui s’inscrit dans la droite lignée de la campagne de communication menée par le gouvernement, qui affiche une ligne triomphaliste depuis la première étape du déconfinement pour tenter de faire oublier son bilan sanitaire. C’est tout le sens de l’allocution de Jean Castex mercredi, qui précise que « l’on se souvient des critiques qui avaient accompagné notre stratégie de sortie de crise, en avril dernier, quand certains le trouvaient trop rapide et pas assez prudents ».

Il apparaît évident que le gouvernement cherche par là à se relégitimer, en surfant sur l’euphorie de la réouverture tout en voulant ancrer « le retour des jours heureux » dans le paysage politique, ce qu’a d’ailleurs répété Castex aujourd’hui : « Nous vivons un moment important, un moment heureux de retour à une forme de vie normale. » Mais la levée de ses mesures répond également à une pression à une réouverture totale exercée par le déconfinement, avec la multiplication des fêtes comme celles des Invalides et le retour des événements sportifs tels que l’Euro 2021, qui entraînent eux aussi la multiplication des rassemblements.

De ce point de vue, la fin de ces deux mesures, annoncée prématurément par rapport au calendrier prévu par le gouvernement, apparaît logiquement comme un soulagement pour la majorité de la population. D’autant plus que le couvre-feu, instauré depuis maintenant sept mois, n’a jamais prouvé son efficacité sur le terrain sanitaire et n’était qu’un moyen pour le gouvernement d’imposer une gestion répressive de la pandémie. Si sa levée est évidemment positive, elle n’induit pas cependant la fin de la répression. C’est ce que Jean Castex a tenu de préciser, en déclarant que « cela ne signifie cependant pas que deviendront possible des rassemblements sauvages ou festifs sans respect des gestes barrières, que cela se produise en début ou en fin de soirée ». Une « précision » qui a toute son importance, en particulier à la veille de la fête de la musique, où les rassemblements contraires au protocole prévu – qui lui n’a pas évolué - seront sans nul doute réprimés à nouveau.

Surtout, si le gouvernement veut montrer que l’on entame une sortie définitive de la crise sanitaire au travers de la levée de ces deux mesures, il n’a pour autant aucune stratégie de prévention réelle pour que assurer une sortie durable de l’épidémie. La situation sanitaire en France reste pour l’instant dans une phase de décrue, avec 3235 nouvelles contaminations le 15 juin et 1952 patients encore en réanimations ; mais la menace du variant Delta (indien), dont on voit les conséquences en Grande-Bretagne reste à prendre très au sérieux. A ce titre, l’OMS avertissait il y a quelques jours sur la possibilité d’une résurgence épidémique en Europe due à la transmission du variant Delta, 60 % plus contagieux que le variant anglais.

Or le gouvernement français, s’il appelle à la « vigilance collective » face au variant Delta, qui représente « 2 à 4 % des contaminations » sur le territoire selon Olivier Véran, reste très en retard quant à sa capacité à prévenir l’apparition de variants. S’il a annoncé récemment qu’il modifiait la stratégie de surveillance du virus, celle-ci repose sur la complémentarité des méthodes de criblage et de séquençage : si la première va être modifiée pour être plus efficace, la seconde reste toujours trop lente, faute de moyens logistiques mis en place par l’Etat.

A cela s’ajoute le manque de protocole d’aération concernant la réouverture des lieux en intérieur, qui donne simplement des « recommandations », alors même que la transmission du virus par voie d’aérosol constitue un véritable risque de contamination, comme le montre l’enquête récente de Mediapart sur les potentiels clusters dans les trains.

« Le retour des jours heureux » que martèle le gouvernement depuis maintenant quelques semaines pourrait ainsi être éphémère en l’absence d’une réelle stratégie sanitaire de prévention. Car malgré les avancées concernant la vaccination, sur laquelle il parie tout son calendrier, 30 millions n’ont reçu que la première dose de vaccin, qui ne suffit pas pour protéger du variant Delta, et seulement 16 millions de personnes ont reçu les deux doses. De ce point de vue, le discours triomphaliste du macronisme cache un refus de prendre des mesures à la hauteur et d’investir massivement dans la santé. C’est l’alerte que donne plusieurs épidémiologistes, comme Dominique Costagliola, qui expliquait dans Le Nouvel Obs que « En France, on n’est pas à l’abri d’un rebond de l’épidémie à la fin de l’été ou à la rentrée »

 
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