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30 de juin de 2021 Twitter Faceboock

CRISE SANITAIRE
Déconfinement repoussé dans les Landes : le variant Delta met en cause les plans du gouvernement
Erell Bleuen

Ce mercredi, le gouvernement marque une nouvelle étape dans son calendrier de sortie de crise. Mais le variant Delta oblige le gouvernement a changer de discours, passant du « retour des jours heureux » au maintien des mesures restrictives dans les Landes, en proie à la diffusion active du variant.

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Quinze jours après la levée prématurée du couvre-feu et du port du masque en extérieur, le gouvernement marque une nouvelle étape de son calendrier de « sortie de crise » ce mercredi. Mais la diffusion du variant Delta a imposé au gouvernement un changement de discours, et s’il maintient son calendrier, excepté dans le département des Landes, le triomphalisme face à la pandémie n’est plus à l’ordre du jour.

Une « sortie de crise » marquée par la continuité d’un état d’exception

Ce mercredi 30 juin marquait la troisième grande phase du déconfinement, entamé le 19 mai par le gouvernement. Il induit plusieurs changements, tels que la levée des jauges pour les établissements accueillant du public à savoir les restaurants, les bars, les salles de sport, les musées, les théâtres et les cinémas, la levée de l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes.

Un plan de déconfinement inscrit dans le cadre de la loi de « sortie de l’état d’urgence sanitaire », adoptée fin mai par le Parlement, qui au lieu de prévoir des moyens conséquents pour l’hôpital et les soignants, maintient les pouvoirs « d’exceptions » que l’État s’est arrogé depuis le début de la pandémie. Ainsi, la loi laisse la possibilité au gouvernement de ré-instaurer le couvre-feu, une mesure répressive et inefficace pour lutter contre la pandémie, et permet le maintien de mesures pro-patronales telles que la prise de congé à leurs salariés.

Autre disposition contenue dans le texte, la mise en place du pass sanitaire qui entrera en vigueur ce mercredi, et dont le caractère provisoire est loin d’être assuré. Un pass qui entrera par ailleurs en même temps que le certificat sanitaire entre les pays de l’Union Européenne, deux mesures qui exigent la présentation d’une attestation de vaccination, un test PCR négatif ou d’une immunité après une infection au Covid-19.

Le variant Delta, symbole de l’impréparation du gouvernement

Si le gouvernement tenait un discours triomphaliste jusqu’alors, cette troisième étape du déconfinement, marquée par la diffusion du variant Delta, l’oblige à changer de ton. C’est le sens de la déclaration de la Préfète du département des Landes, qui a annoncé hier le maintien des restrictions jusqu’au 6 juillet face à la circulation du variant sur le territoire. Si elle ne décrit la situation que comme « très atypique », le directeur de l’agence régionale de santé (ARS) déclarait à ses côtés que la part avérée du variant dans les contaminations « va frôler les 50 % ». Une situation sanitaire inquiétante dans un département où sept clusters ont été détectés, et qui atteste de la rapidité de la diffusion du variant Delta sur le territoire.

Ce qui est pointé comme un danger depuis l’apparition du Delta, c’est bien son taux de reproduction, qui comme l’explique BFMTV « se situe entre 6 et 7, contre 3 ou 4 pour le variant britannique, et 1,5 pour la souche initiale du virus ». Une diffusion beaucoup plus rapide qui n’est pas seulement cantonnée au département des Landes, puisqu’en une semaine, le variant Delta est passé de 9% et 10 % des contaminations totales à 20 % des nouveaux diagnostics en France, risquant de perturber le « retour des jours heureux » tant vendu par Macron.

Mais ce que vient mettre en lumière le variant Delta, c’est aussi la faiblesse logistique de la France au niveau de la détection des variants. Le gouvernement français, pointé du doigt l’international pour son retard concernant le criblage et le séquençage, a mis récemment en place de nouveaux dispositifs au travers d’un nouveau système permettant de détecter certaines mutations du virus qui caractérisent des variants, mais ceux-ci restent retardataires. Quant au séquençage, méthode plus précise quant à la détection du variant, le gouvernement, encore plus faible sur ce dispositif, a fait un appel d’offre aux laboratoires privés, dont les noms ne seront connus qu’au cours de l’été, laissant au variant Delta la liberté de se diffuser sur l’ensemble du territoire entre temps.

L’émergence du variant Delta favorise un rebond épidémique à l’international, et perturbe les plans de déconfinement de nombreux pays, dont certains, à l’image de l’Angleterre ou Israël, étaient aux avants-postes de la vaccination. En France, sa diffusion apparaît comme d’autant plus risquée – étant plus résistant aux vaccins - dans un contexte d’affaiblissement de la campagne de vaccination, sur laquelle le gouvernement faisait entièrement peser son calendrier de sortie de crise. En effet, si 50 % de la population a reçu la première dose de vaccin, et 30 % de personnes ont un schéma vaccinal complet, nous sommes loin d’avoir un atteint un taux permettant « l’immunité collective ». Et, plus inquiétant, les rendez-vous sont à la baisse : alors que le 12 mai, la plateforme Doctolib enregistrait 340 000 rendez-vous par jour, on n’en compterait plus que 120 000 actuellement.

Une situation qui met en péril la stratégie du gouvernement, qui au lieu de donner les moyens suffisants aux hôpitaux, a misé uniquement sur la vaccination pour mettre en place son déconfinement. Face aux difficultés auxquelles il fait face, plusieurs possibilités sont aujourd’hui sur la table : d’une part, rendre obligatoire la vaccination pour les soignants si moins de 80 % d’entre eux n’a pas reçu de première dose d’ici septembre ; d’autre part, la proposition de l’Académie de médecine, qui publiait un communiqué la semaine dernière concernant la remise en question de la gratuité des tests PCR, qui serait « un facteur éventuel pouvant détourner les individus de la vaccination ».

Des hypothèses coercitives, qui mettent en exergue l’impréparation du gouvernement face au variant Delta et la défiance générée par sa gestion erratique, et ce après plus d’un an et demi de pandémie. Car depuis le début, le gouvernement n’a pas donné d’importance aux moyens logistiques permettant de prévenir la diffusion de l’épidémie, et a fait peser toute sa stratégie de « sortie de crise » sur la vaccination, tout en éludant tout moyens supplémentaires permettant de renforcer la prévention mais aussi l’hôpital et le personnel soignant, pourtant en première ligne depuis mars 2020.

Face aux contradictions du déconfinement de Macron et au danger que représente le variant Delta, il est temps de prendre nos affaires en main. Comme nous l’écrivions précédemment : « Si la vaccination est la principale voie de résolution à la pandémie, nous devons lutter non seulement la levée des brevets sur les vaccins, mais également pour l’expropriation des laboratoires sous contrôle des travailleurs, pour mener une campagne de vaccination dans l’intérêt non pas des profits, mais bien des populations du monde entier. »

 
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