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2 de juillet de 2021 Twitter Faceboock

Médias bourgeois
Europe 1. Après la grève, la chaîne de Bolloré vire le chroniqueur Bertrand Chameroy pour avoir critiqué la direction
Augustin Tagèl

Le chroniqueur Bertrand Chameroy s’est vu évincé d’Europe 1 pour avoir critiqué la ligne politique de la rédaction, qui converge de plus en plus vers celle de CNews. Ce renvoi fait également suite à la grève de la rédaction de la station, contre le management autoritaire qui y règne et contre le tournant droitier amorcé.

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Bertrand Chameroy a fait sa dernière chronique au micro d’Europe 1 ce vendredi 2 juillet. Alors qu’il avait déjà signé un contrat pour la prochaine saison, il s’est vu signifier par la direction de la station qu’il n’y participerait finalement pas. Et pour cause, le chroniqueur avait, le 17 juin, la veille du début de la grève, comparé sur un ton humoristique, la situation d’Europe 1 avec celle d’une boite de nuit en perdition, en annonçant de manière prémonitoire que « ceux qui chantaient un peu trop fort sur la piste se sont fait sortir par le vigile ».

Une large majorité de la rédaction d’Europe 1 a pris part à cette grève, menée sur cinq jours entre le 18 et le 23 juin. Cette grève, voté par 84 des salariés sur les 95 s’étant exprimés, a permis un débrayage de 72% des programmes prévus. L’étincelle ayant déclenché le mouvement a été la convocation d’un journaliste à un entretien préalable à licenciement pour avoir interpelé une responsable des ressources humaines de la station.

Cependant les raisons de la colère sont plus larges, touchant à la fois les conditions de travail et les méthodes de management délétère, mais également le tournant à droite opéré par la direction et les opérations de censure à l’œuvre, comme le rapporte Télérama, Libération ou encore France Info. Le management autoritaire au sein d’Europe 1 a poussé plusieurs salariés à la dépression ou au burn-out et se calque sur celui en action chez Canal + et sur CNews ( donc Bolloré est également l’actionnaire principal).

Ce n’est pas le seul mimétisme que la rédaction veut éviter, puisque le tournant droitier imposé à la station l’amènerait sur la même ligne politique et éditoriale que celle qui règne à CNews, chaine accueillant notamment Éric Zemmour et Pascal Praud. Pour arriver à ses fins, la censure serait de mise de la part de la direction. Dernier exemple en date, l’humoriste et chroniqueuse Christine Berrou, s’est vu sommée de supprimer une blague portant sur Zemmour de l’un de ses textes. Cette grève rappelle évidemment celle d’I-Télé, qui deviendra C-News qui avait duré un mois en 2016, et dont le personnel s’était mobilisé pour maintenir l’indépendance de la rédaction face aux ambitions de Bolloré.

La droitisation forcée se fait durement ressentir à la rédaction d’Europe 1, qui s’est vue imposer une nouvelle grille de programme et de nouveaux noms. Ainsi la nouvelle matinale sera assurée par Dimitri Pavlenko, un ancien de la station d’extrême droite Sud Radio, et ex-chroniqueur aux côtés d’Éric Zemmour sur CNews. De même, Louis de Raguenel, transfuge de la rédaction de Valeurs Actuelles, avait été nommé chef du service politique, avant qu’une mobilisation de la rédaction déjà ne pousse la direction à un compromis en l’intégrant en tant qu’adjoint.

Le renvoi de Bertrand Chameroy n’est pas sans rappeler celui de Sébastien Thoen, humoriste sur Canal +, licencié pour un sketch dans lequel il parodiait l’émission de Pascal Praud sur CNews. Son éviction avait été rapidement suivie par celle de Stéphane Guy, commentateur footballistique sur Canal Plus, pour la seule raison qu’il avait publiquement apporté son soutien à son ami Sébastien Thoen, comme le rapportait Libération.

La censure, les sanctions et le management brutal, sont autant d’outil entre les mains de la bourgeoisie pour combattre l’indépendance des médias et leur imposer des lignes éditoriales toujours plus à droite et réactionnaires. Voilà donc la liberté de la presse selon le grand patronat.

 
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