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La Izquierda Diario
13 de juillet de 2021 Twitter Faceboock

Deux poids deux mesures
La police exemptée de l’obligation vaccinale et de la réforme des retraites
Irène Karalis

L’obligation vaccinale annoncée ce lundi par Macron ne concerne pas les policiers, tout comme la suppression des régimes spéciaux dans le cadre de la réforme des retraites. Si ces annonces ne font que confirmer la position de Macron sur la question des retraites, l’exemption des policiers de la vaccination obligatoire illustre un problème persistant pour l’exécutif : tout faire pour éviter d’ouvrir une crise au sein de l’appareil répressif, qui sera clé pour appliquer l’autoritarisme sanitaire de Macron.

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Crédits photo : AFP

Dans son allocution ce lundi soir, Macron a esquissé un ensemble de mesures sur le plan sanitaire annonçant un saut dans la gestion coercitive de la crise, avec au premier plan de ce schéma l’imposition de la vaccination obligatoire moyennant licenciement pour le personnel hospitaliers.

La police exemptée de l’obligation vaccinale

Pour le moment, ce sont 70 professions qui sont concernées par cette obligation officielle, soit 1,5 million de personnes. Parmi eux l’on peut trouver les soignants et personnels des hôpitaux et cliniques, les personnels et bénévoles en contact avec des personnes fragiles tels que les personnels des Ehpad, ou encore les pompiers et les ambulanciers. Tant de héros de la « première ligne », si souvent applaudis lors du premier confinement et qui se voient aujourd’hui remerciés par le risque de s’exposer à des « contrôles » et à des « sanctions » en cas de non-respect de l’obligation vaccinales, ainsi qu’à des coupures de salaire selon Olivier Véran qui affirmait que les soignants non vaccinés « ne pourront plus travailler et ne seront plus payés », voire à des licenciements, l’employeur étant chargé de vérifier la vaccination.

Cependant, une profession ne sera visiblement pas concernée par cette obligation vaccinale, n’étant pas dans « la même situation » que des « personnels qui travaillent dans des lieux où le passe sanitaire est exigé pour les usagers » selon le ministère de l’Intérieur : la police. Une décision ironique au regard du fait que ce seront ces mêmes policiers qui seront en charge du contrôle du passe sanitaire à l’entrée des restaurants et cafés. On comprend alors ce deux poids deux mesures peut être bien difficile à défendre pour le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal qui, selon Libération, a mis quelques instants à expliquer que : « les policiers ne travaillent pas dans des établissements… où… enfin… Ce n’est pas la même situation. » Une situation que le gouvernement a bien du mal à justifier tant il est évident que les policiers sont les plus en contact avec la population que ce soit dans les commissariats ou sur la voie publique. Surtout, il faut se rappeler qu’en avril dernier, les policiers avaient bénéficié d’un accès prioritaire à la vaccination, les agents de plus de 55 ans ayant eu accès à des créneaux dédiés. Plus encore, les syndicats de policiers sont de leur côté déçus de cette exemption.

Cette exemption ne peut ainsi se comprendre sur le seul terrain sanitaire. Ce sont donc des considérations politiques qui entrent en jeu. Dans ce cadre, il faut se rappeler qu’il y a quelques mois, la mobilisation et les manifestations d’importants secteurs de la police avaient ouvert une crise politique allant jusqu’à ce que Darmanin se retrouve obligé de manifester aux côtés des policiers. Pour le gouverne-ment, il s’agit donc de ne pas faire de vague et prendre le risque de rallumer une crise dans la police cela d’autant plus que son appareil répressif va jouer un rôle déterminant dans la séquence à venir. En effet, Macron vient d’ouvrir une nouvelle séquence autoritaire sur le terrain sanitaire qu’il va devoir faire appliquer sur fond d’importante dé-fiance par rapport aux mesures coercitives notamment le passe sanitaire.

Pour le gouvernement, éviter à tout prix une crise dans la police

Dans le même temps, Macron a annoncé sa volonté de reprendre le cours de la réforme des retraites à la sortie de la crise, dans l’optique notamment de donner des gages à droite et de réendosser son rôle de bulldozer néolibéral. Cherchant à apparaître comme le plus dur possible, avec Xavier Bertrand comme adversaire en tête, le Président a affirmé sa volonté de bien supprimer les 42 régimes spéciaux. Une fois de plus, une exception : le régime des policiers. Bien au contraire, le gouvernement a prévu des cadeaux pour sa profession favorite en ce qui concerne les retraites. Dans la Loi Sécurité Globale, l’article 15 prévoit ainsi la possibilité de gonfler les pensions des policiers, celles-ci devenant même cumulables avec la rémunération de missions dans le secteur de la sécurité privée.

En définitive, tous ces gages et ces régimes spéciaux montrent que Macron marche sur des œufs quand il s’agit des forces de répression. Le gouvernement préfère manier la carotte avec la police pour mieux compter sur un appareil répressif largement sollicité cette dernière année. Une illustration s’il en fallait que le gouvernement se prépare lui aussi à de nouveaux affrontements sociaux contre le monde du travail et la jeunesse avec en ligne de mire la casse de notre système de retraite.

 
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