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19 de juillet de 2021 Twitter Faceboock

Crise sanitaire
Reprise épidémique : Macron maintient le cap de sa gestion répressive avec l’aval du Conseil d’État
Irène Karalis

Alors que la situation sanitaire est marquée par un rebond épidémique avec une propagation rapide du variant Delta, le gouvernement tente de faire reposer la responsabilité sur les non-vaccinés en annonçant de nouvelles mesures coercitives dont l’élément central, le passe sanitaire, a été validé par le Conseil d’État et sera examiné cette semaine au Parlement. S’il est évidemment essentiel de vacciner la population, le gouvernement est le premier responsable de la situation actuelle.

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Crédits photo : ​​AFP / LUDOVIC MARIN

Avec 10 900 cas recensés samedi dernier et une moyenne de presque 6700 cas sur la semaine dernière, la situation sanitaire est marquée par un rebond épidémique dû à la propagation très rapide du variant Delta. Sur l’ensemble du territoire, 37 départements ont dépassé le seuil d’alerte des 50 cas pour 100 000 habitants selon Franceinfo, avec un taux d’incidence en augmentation de 80% sur une semaine. À titre d’exemple, dans les Pyrénées orientales, département français où le taux d’incidence est le plus élevé, on compte 247 cas pour 100 000 habitants. En Charente-Maritime, le taux d’incidence a augmenté de 500% en 7 jours pour atteindre les 74 cas pour 100 000 habitants et dans les Bouches-du-Rhône, ce dernier a atteint les 81 cas pour 100 000 habitants.

Cette accélération de l’épidémie se fait malgré les avancées de la campagne de vaccination. Aujourd’hui, si 54% de la population a reçu la première dose et 40% des habitants sont complètement vaccinés, au vu de la propagation du variant Delta, la situation pourrait rapidement prendre des proportions graves. Ainsi, selon le Journal du Dimanche, les autorités sanitaires s’attendent pendant l’été à 60 000 voire 120 000 nouvelles contaminations quotidiennes.

Le ministre de la santé, Olivier Véran, affirmait en ce sens ce week-end auprès de ce même journal que « la dynamique épidémique est clairement plus forte que lors des vagues précédentes, même si l’on part de plus bas. Le R [taux de reproduction du virus, soit le nombre de personnes contaminées par un cas] pourrait atteindre 2, ce qui atteste de la contagiosité plus forte du variant Delta, de sorte que le nombre de nouveaux cas double tous les cinq jours ».

La répression comme politique sanitaire, encore et toujours

Face à cette situation, la réponse du gouvernement a été de réinstaurer des mesures qu’il avait levées dans la précipitation dans certains endroits. Ainsi, le masque est à nouveau obligatoire en extérieur dans 13 communes du Pas-de-Calais quand, dans le même temps, les restaurants et les bars se retrouvent à nouveau face à l’obligation de fermer à 23h dans les Pyrénées Orientales. Surtout, la grande mesure annoncée par le gouvernement consiste en l’instauration du fameux passe sanitaire, dont le projet de loi a été examiné ce lundi par le conseil des ministres et le conseil d’État avant d’être transmis à l’Assemblée nationale ce mardi.

Dans ce nouveau projet de loi liberticide, trois mesures phares : l’obligation vaccinale pour 70 professions, dont les soignants, qui, après avoir été négligés pendant toute la durée de la crise sanitaire, se retrouvent pointés du doigt par le gouvernement qui tente de leur faire porter le poids de la crise ; l’extension du passe sanitaire pour les cinémas, les bars, les restaurants, les hôpitaux, les trains, les avions et les centres commerciaux de plus de 20 000 m2, ce qui revient à une quasi-vaccination obligatoire alors que les tests PCR devraient voir leur remboursement interrompu ; enfin, le contrôle policier de l’isolement des personnes testées positives au Covid-19, soit une mesure ultra-coercitive dans la droite lignée de la gestion de la pandémie par l’exécutif.

Sans surprise, le Conseil d’État a simplement retoqué le passe sanitaire pour les grandes surfaces et largement validé le projet de loi du gouvernement. Plus encore, le Conseil d’État préconise d’élargir l’obligation vaccinale « à tous ceux exerçant des soins aux personnes » selon Le Figaro. Dans le même temps, le Haut Conseil de la Santé Publique a recommandé un usage élargi du passe sanitaire, expliquant que « son utilisation doit être étudiée lors de la reprise des cours dans les établissements scolaires et universitaires pour limiter la contamination dans ces lieux collectifs ».

En somme, le projet de loi du gouvernement, qui doit être examiné dans la semaine au Parlement, semble en bonne voir pour être adopté, toutes les hautes instances l’ayant immédiatement approuvé, prétextant la gravité de la situation pour orchestrer une nouvelle attaque contre nos droits démocratiques et les travailleurs. Ainsi, pour justifier le passage de ce projet de loi liberticide, le gouvernement n’hésite pas à instrumentaliser la situation sanitaire, en témoignent les paroles d’Olivier Véran auprès du JDD : « Si on était tous vaccinés, le virus ne trouverait plus personne à infecter, mais on n’y est pas encore. D’où la logique du passe sanitaire, pour lutter contre les contaminations dans les lieux clos à risque, pour éviter des clusters ».

Et si, pour éviter d’alimenter la colère provoquée par ces annonces, le gouvernement tente de nuancer les choses en annonçant d’ores et déjà selon Franceinfo « de la souplesse et des marges de manoeuvre », il ne parvient pas à masquer le fait que cette mesure autoritaire cherche en réalité à diviser la population entre vaccinés et non vaccinés, à renforcer le flicage de la population et à entériner de nouvelles attaques contre le code du travail.

Plus encore, comme l’illustre très bien l’interview de Gabriel Attal auprès du Parisien, les priorités du gouvernement restent les mêmes, à savoir privilégier l’économie et les profits, le porte-parole du gouvernement n’hésitant pas à dépeindre « une France laborieuse et volontariste, qui veut mettre le virus derrière elle et travailler » en opposition avec une « frange capricieuse et défaitiste, très minoritaire, qui se satisferait bien de rester dans le chaos et l’inactivité ». Une manière de déplacer à l’aide d’un discours moralisateur la responsabilité de la crise sanitaire sur le dos des non vaccinés qui seraient selon le gouvernement une minorité fainéante et non désireuse de sortir de la crise.

Le gouvernement est le seul responsable !

Il apparaît évident pourtant, et les manifestations contre le passe sanitaire en sont en partie l’expression, que le gouvernement est le premier responsable de la situation actuelle. Inutile de rappeler la gestion catastrophique de l’épidémie par le gouvernement dès le début de la crise qui rend les annonces de Macron d’autant plus difficiles à avaler dans la mesure où, comme l’expliquait à Basta Mag Jérôme Martin, membre de l’Observatoire sur la transparence dans les politiques du médicament, ces mesures « viennent d’un chef de l’État qui était incapable de fournir masques et dépistages en mars dernier, incapable de prendre les mesures indispensables pour contrôler l’épidémie avant la deuxième vague ».

En réalité, ce même gouvernement qui joue aujourd’hui de la situation sanitaire pour justifier le passe sanitaire et l’obligation vaccinale se targuait il y a à peine deux mois d’un discours triomphaliste sur « les jours heureux » et le retour à la normale. Faute de moyens et de campagne de prévention, il a finalement laissé le situation s’installer et dégénérer, jusqu’à arriver à l’aube d’une quatrième vague qui pointait pourtant le bout de son nez depuis plusieurs mois et l’arrivée du variant Delta.

De même, aucune campagne active d’ampleur n’a été menée en direction de la population pour convaincre de la vaccination, en particulier en direction des secteurs qui ont le plus d’obstacles pour y accéder. Jérôme Martin résume explique ainsi : « les spots publicitaires du gouvernement pour inciter à se vacciner sont des spots d’injonction. [Ils] n’expliquent pas du tout pourquoi il faut vacciner, comment ça fonctionne, ils ne rassurent pas sur ce qu’est l’ARN messager, ils ne répondent pas aux préoccupations des personnes. »

Pourtant, bien des études montrent bien la concordance entre le degré de vaccination et le degré de richesse. « La Seine-Saint-Denis est un des départements les moins vaccinés, alors qu’il a été pourtant parmi les plus touchés par la première vague de l’épidémie en 2020. Ce n’est pas parce qu’il y aurait plus d’anti-vaccins en Seine-Saint-Denis, c’est parce que c’est une population qui, du fait notamment des revenus, aussi parfois à cause de la barrière de la langue, de l’exclusion de certains étrangers de la couverture maladie, est confrontée à des inégalités dans l’accès au vaccin. On connaît ces inégalités, elles sont parfaitement documentées. Les collectivités territoriales ont tenté de compenser cela, mais les moyens donnés par l’État ont été totalement insuffisants pour y faire face », explique par exemple Jérôme Martin.

En somme, loin de chercher à convaincre la population d’aller se faire vacciner, le gouvernement a une fois de plus répondu par la répression et l’instauration de mesures coercitives, va au contraire, avec le déremboursement des tests PCR, renforcer les inégalités d’accès au dépistage en plus des inégalités déjà existantes d’accès au vaccin.

Pour une stratégie visant à convaincre de la vaccination

S’il est évident que la vaccination reste la seule porte de sortie à la crise actuelle, il s’agit aujourd’hui de refuser de faire porter la responsabilité de la crise aux classes populaires et aux nons vaccinés. Nathalie Bajos, sociologue et démographe à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et à l’EHESS, résume ainsi dans Alternatives économique : « la vaccination des professionnels de santé est absolument nécessaire mais il ne faudrait pas qu’elles et ils portent la responsabilité des limites de la stratégie vaccinale mise en place par les pouvoirs publics »

Contre la politique irresponsable et autoritaire du gouvernement, il s’agit d’aller dans le sens d’une campagne de vaccination pédagogique et consentie, accompagnée de moyens pour la santé, avec 100 000 lits d’hospitalisation en plus, des embauches massives dans les hôpitaux et EHPAD ainsi qu’une augmentation de salaire de 500 euros net pour les travailleurs hospitaliers. Une politique qui ne peut s’accompagner que de l’expropriation des grandes sociétés pharmaceutiques sous contrôle des salariés et de la levée immédiate des brevets sur les vaccins, puisque la confiance vaccinale ne peut se construire que sur le transparence. Enfin, pour venir à bout de tout discours complotiste, il apparaît censé de défendre la création d’une commission indépendante où siègeraient soignants et représentants de la population pour prendre connaissance de l’ensemble des données scientifiques.

 
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