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La Izquierda Diario
21 de juillet de 2021 Twitter Faceboock

REQUISITION DES LOGEMENTS VIDES
Expulsion à Bordeaux. La mairie, la métropole et préfecture responsables d’un drame social
Observatoire social et du travail Bordeaux

Les CRS sont arrivés aux environs de 6h ce mercredi matin pour déloger les habitants des lieux de vie de l’Eclaircie et La Vie est Belle à Gradignan, à la demande de la mairie de Bordeaux, propriétaire du terrain. 70 des 130 habitants étaient sur le site au moment de l’expulsion. S’ils se sont vus proposer momentanément quelques nuits en hôtel social, leur situation demeure critique en absence de régularisation et d’hébergement pérenne.

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L’expulsion des lieux de vie de l’Eclaircie/La vie est belle à Gradignan annoncée début juillet avait été reportée à une date ultérieure, grâce à la pression médiatique exercée par la mobilisation. Mais la mairie de Bordeaux a finalement recouru à la force publique dès 6h20 ce mercredi 21 juillet, avec l’appui de la Préfecture. Ce matin, une vingtaine de camions de CRS quadrillaient l’avenue Charles et Emile Lestage où se situent les entrées du squat, ainsi que les alentours de l’église de Gradignan.

Les associations et soutiens se sont rendus sur place tôt le matin en effectifs limités, les forces de l’ordre empêchant tout rassemblement devant le lieu. Les CRS n’ont pas hésité à user de la brutalité pour pénétrer à l’intérieur du bâtiment, en cassant à coup de marteaux des portes fenêtres, choquant les habitants.

Les résidents ont pour certains dû récupérer leurs affaires dans la précipitation : “je ne savais même pas que l’expulsion aurait lieu ce matin. Je n’ai nul part où aller”, confie un habitant originaire de Sierra Leone. Comme lui, près de soixante-dix personnes dont une douzaine de familles étaient toujours sur place au moment de l’intervention, dont des enfants en bas âge et un bébé d’une semaine. Des dizaines d’habitants avaient déjà fui les lieux à l’approche de l’expulsion, sans pour autant disposer d’une solution d’hébergement pérenne. Sur les quelque 130 habitants que comptait l’Eclaircie début juillet, seules douze familles ont été relogées par le CCAS de Bordeaux, un véritable drame social et humanitaire.

Cette calamité humanitaire, par laquelle des dizaines de familles sont mises à la rue par la police, ne se déroule pas sans motivations financières et politiques : derrière l’expulsion, il y a un projet immobilier brassant des millions d’euros, prévoyant la construction d’une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC), dont un centre commercial et des logements de luxe, que la métropole soutient et finance.

Bien que les soixante-dix personnes présentes sur le site ce matin se soient vues proposer des hébergements temporaires en hôtel social par la Préfecture sur le territoire métropolitain, il ne s’agit que de quelques nuits le temps “d’examiner la situation administrative de chacun”. Mais impossible d’avoir confiance dans la Préfecture et Fabienne Buccio, connue pour être la championne des expulsions et de la traque des migrants. Après ces quelques jours, la Préfecture pourrait décider d’en envoyer directement en Centre de Rétention Administrative (CRA) pour ensuite les renvoyer dans leur pays, où certains sont parfois menacés de mort.

De plus, rien n’indique qu’après cette période, des solutions de logement pérennes soient proposées aux expulsés. Si la Mairie de Bordeaux porte l’étiquette EELV et un vernis progressiste, cette expulsion vient démasquer le visage d’une mairie qui expulse des familles, sans abris et migrants et facilite même leur expulsion du territoire. Si elle avait la possibilité de ne pas expulser, elle a aussi le pouvoir de trouver des solutions de logement pour les habitants. Mais celle-ci n’a pourtant donné que des solutions temporaires, totalement instables pour vivre dignement. Une politique qui s’inscrit dans les offensives racistes et sécuritaires du gouvernement, et dans la chasse aux migrants que mène l’État français dans un contexte de crise qui précarise sans cesse les travailleurs, la jeunesse et les secteurs populaires, où le mal-logement ne fait que tragiquement augmenter.

Plus que jamais, il faut se battre pour la liberté de circulation et d’installation des migrants, la régularisation de tous les sans-papiers, mais aussi la réquisition immédiate des logements vides, qui se comptent par dizaines de milliers sur la métropole bordelaise. Ce sont les seules solutions acceptables dans la situation, sans quoi le drame humain et social qu’incarne cette expulsion continuera d’empirer.

 
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