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La Izquierda Diario
28 de juillet de 2021 Twitter Faceboock

Délinquance en col blanc
Le groupe Fnac-Darty accusé d’avoir blanchi un million et demi d’euros
Lou-Salomé Duverger

Une enquête Médiapart révèle des faits de « blanchiment commis en bande organisée » et « association de malfaiteurs » commis par le groupe Darty-Fnac entre 2014 et 2021 : l’enseigne française est à l’origine de transactions illégales en liquide à la hauteur de 1,5 millions d’euros.

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© Crédit photo : Archives Menet Sabine

En mai 2021 a été ouverte une information judiciaire pour des pratiques de « blanchiment commis en bande organisée » et « association de malfaiteurs » commises par le groupe Darty-Fnac entre 2014 et 2021. Au total les transactions illégales dans cette période atteigne près d’un million et demi d’euros, avec des transactions en liquide pouvant atteindre jusqu’à 47 000 d’un coup, payés en petite coupure, alors même que code monétaire et financier limite depuis 2015 à 1000 euros « le paiement d’un bien ou d’un service en liquide par un particulier et un professionnel résidant en France » afin d’éviter le blanchiment d’argent provenant du crime organisé.

Mediapart rapporte le témoignage d’un agent de maîtrise témoin de ces scènes où un ou plusieurs hommes entrent dans un magasin de l’enseigne, munis de sacs en plastique, d’une sacoche ou d’un sac de sport. « Et dans les sacs, il y a du cash, beaucoup de cash ». “ J’ai vu deux hommes assis derrière une petite table sur laquelle il y avait des liasses de billets, de 20, 50 et 100 euros. Derrière la table, il y avait trois responsables du magasin, dont l’un passait les billets à la compteuse. On parle de milliers ou de dizaines de milliers d’euros. Là, je me suis dit : ce n’est pas normal”.

Plusieurs techniques étaient alors employées par la direction pour dissimuler (même si pas toujours avec beaucoup de discrétion) ces transactions. Le montant total supérieur au seuil pouvaient être divisées en cartes cadeaux de 1 000 euros chacune.. Un autre procédé s’appuie sur des opérations comptables dites « Équil Vente » qui font perdre la trace de la transaction originale. Aussi, Fnac-Darty a pu agir comme une banque avec un système d’acomptes : méthode que, bien sûr, le groupe n’était pas légalement autorisé à employer.

Celles et ceux qui se dédient à ces échanges sont d’ailleurs les client.e.s issu.e.s de la bourgeoisie, qui peuvent se permettre de faire des gros achats et de disposer de grandes sommes d’argent d’un coup. C’est le cas de Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, qui en 2008 a acheté une télévision LCD, un lecteur DVD Blu-ray et un lave-linge séchant pour un total de 4 417 euros qu’il paye en cash en dépassant, donc, le seuil légal des transactions en liquide.

C’est le groupe Fnac-Darty qui a saisi le procureur de la République de Paris, mais comme le rappelle l’enquête de Médiapart il est impossible que le siège de l’entreprise n’ait pas été au courant des pratiques illégales qui avaient lieu dans les magasins. En effet « les commandes de matériels payées avec cet argent liquide étaient souvent gérées par le service « achats », un des services centraux du groupe ». Également, l’enquête Médiapart reporte le parcours d’un salarié qui, depuis 2017, contacte les PDG et dénonce ces pratiques – sans pourtant être écouté : « Le 19 avril 2017, Haziz Faddel [responsable pole services] a averti au cours d’un entretien le PDG de l’époque, Alexandre Bompard, de l’existence de pratiques de blanchiment. Ne constatant aucune réaction de la part d’Alexandre Bompard, il a de nouveau lancé l’alerte, cette fois par écrit : en avril 2021, il a adressé un dossier de plus de 40 pages au nouveau président du groupe, Jacques Veyrat ». Il semblerait alors que les démarches entreprises par le groupe auprès du procureur de Paris soient opportunistes : dénoncer ces pratiques, plus que y mettre fin, sert à se protéger de l’impact négatif que leur dénonciation par un tiers pourrait causer.

En effet, ces transactions illégales jouissaient à tous les échelons de la direction de Fnac-Darty : elles permettaient, par exemple, de faire exploser le chiffre d’affaires du jour de certains magasins. Et, comme les primes allouées aux directeurs dépendent de ce chiffres d’affaires, ils tiraient profit des sommes encaissées illégalement en liquide. Parfois, d’ailleurs, l’argent allait directement dans les caisses du directeur.

Cinq magasins ont été perquisitionnés, quatre directeurs de magasin et un responsables des ventes ont été licenciés. Pourtant le fait que la direction du siège Fnac-Darty dénonce légalement les transactions illégales qui ont eu lieu dans les magasins de l’enseigne ne doit pas convaincre de l’innocence de celle-ci. Elle était à la fois au courant et bénéficiaire des paiements illégaux en liquide, et elle utilise aujourd’hui la justice comme un moyen de blanchir son image afin qu’un éventuel scandale ne ruine pas ses profits économiques. Les prétextes légaux ou moraux servent l’impératif constant des entreprises capitalistes : la recherche continuelle d’un profit économique toujours plus grand.

 
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