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La Izquierda Diario
30 de août de 2021 Twitter Faceboock

Mépris de classe
Allocations de rentrée scolaire : la fake news de Blanquer pour stigmatiser les classes populaires
Boris Lefebvre

A quelques jours de la rentrée, Jean-Michel Blanquer part en guerre contre l’allocation de rentrée scolaire et les familles de classes populaires. Le ministre de l’Éducation nationale dénonce des familles employant cet argent pour acheter des « écrans plats ». Pourtant, les études menées par la CAF indiquent toutes le contraire.

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« On sait bien qu’il y a parfois des achats d’écrans plats plus importants au mois de septembre qu’à d’autres moments », assène Jean-Michel Blanquer dimanche soir dernier sur le plateau de Dimanche en politique sur France 3. Interrogé sur la possibilité de fraude dans l’usage de l’allocation de rentrée scolaire, Blanquer a répondu favorablement à l’instauration de bons d’achat proposé par la députée modem Perrine Goulet en lieu et place d’une allocation pour mieux contrôler les dépenses des foyers modestes. Quelques jours après le bad buzz de la campagne d’affiche sur la laïcité au fort relent d’islamophobie, le ministre de l’Éducation nationale récidive en s’illustrant dans le registre du mépris de classe.

En effet, selon les estimations très personnelles du ministre, l’allocation de rentrée scolaire versée à la mi-août à près de trois millions de familles modestes serait utilisée à d’autres fins que préparer la rentrée des classes. D’un air entendu, Blanquer sort un poncif éculé sur les milieux populaires et sur leur rejet de l’école. Si les parents modestes prenaient vraiment soin de leurs enfants au lieu de s’acheter des « écrans plats », les élèves issus des milieux défavorisés réussiraient mieux à l’école. L’école n’est donc pas responsable de la reproduction des inégalités sociales, les pauvres ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. L’ensemble des réformes néo-libérales de Blanquer s’en trouve de fait légitimé.

Pourtant, les nombreuses études de terrain menées par la CAF depuis plus de 30 ans montrent exactement l’inverse de ce que sous-entend le ministre. Dans une étude menée en 2013, la CAF met en évidence que 99% des bénéficiaires de l’allocation rentrée scolaire ont acheté des fournitures scolaires à leurs enfants et que 95% d’autres eux avaient également acheté des vêtements. Les dépenses qui viennent ensuite concernent la cantine, les assurances, les affaires de sport, les activités extra-scolaires... mais à aucun moment les fameux « écrans plats » qui préoccupent tant le ministre de l’Éducation. On est donc loin du cliché de parents modestes totalement désintéressés de la réussite scolaire de leurs enfants que Blanquer n’a toutefois pas hésité à ressortir.

Blanquer ne fait que reprendre la rhétorique d’Édouard Courtial, député UMP aujourd’hui sénateur chez les Républicains, dont le cheval de bataille était de combattre « ceux qui achètent avec l’ARS [allocation de rentrée scolaire] des écrans plasma ou des enjoliveurs pour leur voiture » comme il l’affirmait au Figaro en 2013. Bien que conscient que seule une infime minorité de parents n’utilisent pas l’allocation rentrée scolaire pour leurs enfants, la volonté de fliquer et de punir était présente. Plutôt qu’un virement, Édouard Courtial, à l’image de ce qui est proposé encore aujourd’hui, préconisait des « bons d’achat dédiés » pour éviter la fraude. Blanquer s’inscrit dans cette lignée réactionnaire tout comme il s’inscrit dans la décision prise par le Sénat de suspendre l’allocation de rentrée scolaire pour lutter contre l’absentéisme. En avril dernier, alors que Gabriel Attal, le porte parole du gouvernement, s’inscrivait en faux sur cette mesure, Blanquer apportait son soutien au Sénat : « Il y a un point que je partage, c’est le respect de l’obligation scolaire ».

Manifestement, au vu du nombre de sorties polémiques de Blanquer ces jours-ci, ce dernier fait plus que préparer la rentrée scolaire. Comme il le dit lui-même d’ailleurs sur le plateau de Dimanche en politique, nous entrons dans une campagne présidentielle. Blanquer ouvre donc sa rentrée politique en reprenant à son compte la rhétorique de la droite, toujours prompte à stigmatiser les classes populaires plutôt qu’à dénoncer le manque de moyens endémique dont souffre l’école. Le ministre de l’Éducation nationale le plus longtemps en poste sous la Vème République, pièce maîtresse du dispositif macronien, s’est lancé dans une surenchère d’attaques contre l’école qu’il faut d’urgence arrêter en n’acceptant pas plus longtemps que les moyens pour l’école soient sans arrêt revus à la baisse.

 
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