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La Izquierda Diario
9 de septembre de 2021 Twitter Faceboock

Macron joue avec nos vies
Contraception : nous voulons que toutes les contraceptions soient libres et gratuites pour toutes !
Ana Demianoiseau

Olivier Véran a annoncé la nouvelle mesure qui rendra la contraception hormonale gratuite jusqu’à 25 ans à partir du 1er janvier 2022. Une mesure limitée et surtout une opération communication qui peine à convaincre.

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Crédits photo : Creative Commons

Pour l’instant ce ne sont que certaines pilules, les implants, les diaphragmes et les stérilets (DIU) qui sont remboursés à 65 % pour les plus de 18 ans et uniquement si elles sont prescrites par un médecin. Ces modes de contraception seront remboursés à 100 % à partir de janvier. Une mesure qui coûtera 21 millions d’euros selon le ministre. Alors que certaines organisations féministes se réjouissent de cette nouvelle, pour nous cette mesure reste largement insuffisante.

Rappelons qu’en juin 2019, le Sénat a rejeté la proposition de loi adoptée en première lecture pour l’allongement du délai légal de l’IVG de 12 à 14 semaines. Cela, dans un contexte où la disparité territoriale, les coupes budgétaires incessantes et le manque de personnel médical compliquent grandement l’accès à l’IVG pour toute une frange de la population. Selon le CCNE (Comité consultatif national d’éthique), en 2018, 1 500 à 2 000 femmes qui avaient dépassé le délai légal de 12 semaines de grossesse ont dû se rendre à l’étranger, principalement dans trois pays (Pays-Bas, Royaume-Uni, Espagne), afin d’effectuer une IVG. Ce privilège reste évidemment restreint à celles qui peuvent se permettre de voyager, tandis que les femmes en situation de précarité sont obligées de recourir à des avortements illégaux, parfois au risque de leur vie. Compte tenu de la casse des services publics qu’effectue la macronie, c’est déjà certain que l’accès à la contraception gratuite ne sera pas le même pour toutes et que, dans un contexte où nous n’avons pas encore la liberté fondamentale de disposer de notre propre corps, cette mesure est loin d’être suffisante.

Il faudrait que tous les contraceptifs soient gratuits et non pas seulement les contraceptifs hormonaux qui présentent des risques d’AVC et d’infarctus et d’importants effets secondaires. Des chercheurs de l’université de Copenhague, au Danemark, ont analysé les données de plus d’un million de femmes sur une période de 14 ans. Aucune des femmes, âgées de 15 à 34 ans, ne souffrait de dépression au début de l’étude. Toutefois, les analyses ont montré qu’au bout de six mois, les femmes qui prenaient une pilule contraceptive avaient un risque plus élevé de 40% par rapport aux autres, de développer une dépression. Le risque était plus élevé chez les adolescentes. En réalité, une grande partie des jeunes femmes ne prennent pas la pilule afin de ne pas s’exposer à des risques physiques et préfèrent l’utilisation de préservatifs. Un outil de contraception qui coûte cher alors que seulement deux marques de préservatifs sont remboursées par la Sécu (Eden et Sortez Couverts). Le sujet a été totalement évincé par le ministre comme si la responsabilité de la contraception n’incombait qu’aux femmes et que c’était uniquement à elles de prendre en charge mentalement et matériellement ces problématiques.

Au-delà de la nécessité de rendre tous les types de contraception gratuits, il faudrait aussi que les contraceptifs soient garantis de manière sûre dans toutes les cliniques et les hôpitaux, sans aucune limite d’âge et soient administrés par un personnel médical formé pour ces questions. Des conditions qui ne peuvent advenir qu’avec un plan pour la santé conséquent, qui se couple à des subventions pour l’éducation afin de déployer une éducation sexuelle complète et sérieuse. Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement n’a eu que du mépris pour les travailleur.euse.s de la santé qui multiplient les heures sup’ sans aucune prime de la part de l’État. Les hôpitaux sont sous tension depuis plus d’un an en raison des réformes bulldozer de la macronie qui continue de rogner sur les budgets de la santé et sur nos vies. La mesure annoncée par Véran est très limitée et ne garantit en rien la possibilité matérielle d’avoir une sexualité protégée de tout risque de grossesse indésirée, et de façon gratuite.

Alors que les moins de 25 ans et les femmes se sont retrouvé.e.s en première ligne de la crise économique et sanitaire, le gouvernement tente de rallier in extremis ce secteur à sa faible base électorale en vue de 2022. Une opération de communication qui a le même effet qu’un coup d’épée dans l’eau sachant qu’une grande partie des étudiant.e.s n’est toujours pas retournée à l’université, que le nombre de suicides et de dépressions a explosé dans la jeunesse et que les jeunes travailleur.euse.s précaires se font licencier à tour de bras et doivent faire la queue pour avoir des paniers repas. Par ailleurs, c’est ce même ministre qui promet la gratuité des contraceptions pour les moins de 25 ans qui va rendre tous les test PCR payants dès octobre. Cette mesure va empêcher une grande partie de la population de pouvoir se faire tester et sans surprise, ce sont les moins de 25 ans qui seront les premier.e.s touché.e.s.

Avec du Pain et des Roses nous exigeons que l’avortement et toutes les contraceptions soient libres et gratuites pour toutes et la mise en place d’une éducation sexuelle déployée dans divers secteurs. Pour que les travailleur.euse.s de la santé aient enfin des conditions de travail décentes, nous exigeons l’augmentation des effectifs médicaux et la mise en place de moyens pour la santé et l’éducation afin que les femmes ou les personnes assignées comme telles puissent avoir une réelle marge de choix pour leur corps et leur avenir.

 
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