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La Izquierda Diario
4 de janvier de 2016 Twitter Faceboock

Jungle de Calais
Des camps « humanitaires » pour les migrants, solutions ou illusions ?

Un nouveau chapitre s’ouvre dans la gestion de la « crise migratoire » à Calais et dans ses environs. Entre la répression policière qui continue de s’abattre sur les réfugiés, et après la fermeture de l’Eurotunnel puis le renforcement des frontières de l’espace Schengen, l’heure est aujourd’hui à la construction de « camps humanitaires ». Deux modèles de présentation seront bientôt disponibles. Si les conditions d’accueil déplorables des migrants devraient s’en trouver améliorées, ces nouvelles annoncent apparaissent plus comme une caution sociale d’un gouvernement en mal de popularité, que comme une vraie main tendue aux réfugiés, d’un Etat français largement responsable, avec ses homologues européens, de l’exil de ces milliers de personnes par ses frappes en Syrie.

Camilla Ernst

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Modèle n°1 : un bidon-ville aux normes

A Grande-Synthe, près de Dunkerque, ils sont 3 000 réfugiés, pour la plupart kurdes d’origine syrienne, à s’entasser sur le même terrain. Si ce camp existe depuis 2006, il n’accueillait que 70 personnes jusqu’au mois de juillet dernier. Aujourd’hui, situé sur un terrain inondable, et avec ses 32 toilettes et 40 douches, c’est un véritable « camp de la honte », selon les propos de David Carême, maire EELV de la ville. Celui-ci se bat, avec l’association Médecins sans frontières à ses côtés, depuis plusieurs mois pour obtenir l’aide de l’Etat afin de construire un camp respectant les normes imposées par le Haut Commissariat aux réfugiés. Il a enfin obtenu gain de cause ce 23 décembre dernier, après une entrevue avec Bernard Cazeneuve qui lui a promis 1,5 millions d’euros pour l’aménagement d’un nouveau lieu offrant des douches et toilettes en nombre suffisant, de l’eau et des tentes chauffées.

Si un net progrès se profile dans les conditions d’accueil des réfugiés, rien de pleinement satisfaisant n’est envisagé. Déjà l’annonce semble n’être qu’une belle promesse, arrivant à point nommé dans un calendrier politique plutôt défavorable au PS, quand le début des travaux a été repoussé faute de terrain répondant aux normes de sécurité requises, le terrain actuel étant situé dans une zone marécageuse. On devrait avoir plus d’informations mercredi, quant au lieu et à la date d’ouverture de ce camp.

Ce camp n’aura pas non plus vocation à durer. Aucun bâtiment ne sera monté en dur, hormis celui destiné aux soins médicaux. Et dès qu’une famille partira, sa tente sera démontée sans qu’une autre ne la remplace. Point de solution pérenne donc.

Modèle n°2 : un camp fermé pour plus de sécurité ?

Pendant ce temps, à Calais, la construction d’un autre camp avait été annoncée en grande pompe par Manuel Valls depuis la fin du mois d’août et a débuté en décembre. Ce camp fermé devrait ouvrir à la mi-janvier, permettant de loger 1500 habitants de l’actuelle « jungle ». Ceux-ci devront être volontaires, sélectionnés par l’association La Vie Active qui gérera le camp, ils devront accepter de donner leur identité, ainsi que la reconnaissance biométrique de la morphologie de leur main pour avoir accès à ces lieux, soit une centaines de conteneurs meublés de lits superposés. Capacité d’accueil : 12 personnes par conteneurs. Les toilettes et douches seront communes à l’ensemble du camp. Des conditions de vie loin de faire rêver...

Ce qui se crée ainsi à Calais, c’est une zone de parcage des migrants, d’accès restreint et contrôlé, empêchant toute aide extérieure de se constituer. Une zone facilitant la surveillance de ces migrants, afin de limiter les tentatives de passage en Angleterre, ou tout autre déplacement au sein du territoire français. Une zone-dortoir, mais certainement pas un lieu de vie.

A Calais comme à Grande-Synthe, il s’agit de rendre à peine plus vivable l’enfer dans lequel vivent les réfugiés, en offrant le minimum de décence exigé, mais sans réellement stopper les conditions de précarité dans lesquelles ils sont plongés. L’intention de nos dirigeant est loin de vouloir résoudre véritablement la crise humanitaire, quand, pour répondre à l’afflux de personnes fuyant la guerre et la misère dans leurs pays, on devrait exiger l’ouverture des frontières et un logement décent pour tous, à commencer par la réquisition des logements vides.

 
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