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22 de septembre de 2021 Twitter Faceboock

Covid-19
Levée des masques en primaire : Macron lance un pari aventurier pour consolider son offensive autoritaire
Nathan Deas

En annonçant à la surprise générale la levée du masque dans le primaire, Emmanuel Macron fait de l’école le symbole et le pari de sa gestion sanitaire. Si la question de la levée du masque se pose, sans plan sanitaire à la hauteur et prise en considération des gestes barrières, la nouvelle stratégie sanitaire du gouvernement pourrait rapidement faire de l’école le foyer d’un rebond épidémique.

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Crédit photo : AFP

A l’issue du Conseil de défense réuni ce mercredi par Emmanuel Macron pour discuter de l’évolution des mesures barrières, les annonces de Gabriel Attal avaient de quoi surprendre. Alors que la presse annonçait de concert depuis quelques jours un allègement local du pass sanitaire, il n’en a rien a été. A contrario, c’est la levée de l’obligation du masque dans le primaire, à compter du 4 octobre et pour les départements avec une incidence inférieure à 50, qui a constitué la principale nouvelle de la journée.

Cette décision surprise aura eu le mérite d’offrir de nouveaux éclairages sur la posture sanitaire et politique, à quelques mois des présidentielles les deux sont intimement liées, qu’Emmanuel Macron souhaite adopter. Il semblerait ainsi que le président de la République, qui a réussi à reprendre l’initiative après une séquence marquée par la déroute aux régionales, cherche à capitaliser jusqu’au bout son pari sur l’autoritarisme sanitaire. Alors que les mobilisations contre le pass sanitaire s’essoufflent, relâcher la pression sur le pass aurait pu apparaitre comme un refus d’aller jusqu’au bout de son pari autoritaire, voire même donner du grain à moudre aux anti-pass. A la place, Macron recentre son discours sur la liberté à l’école. Autrement dit, sur l’un des points pivots de la campagne de communication du gouvernement sur sa gestion de la pandémie.

Ainsi après avoir laissé les écoles ouvertes pendant les deuxièmes et troisièmes vagues épidémiques, le gouvernement met en scène la réussite de sa stratégie sanitaire et le retour progressif à la vie normale en faisant le choix de relâcher d’abord ses mesures autoritaires à l’école. D’autant plus que sur le terrain symbolique le « démasquage » des enfants aura assurément une efficacité politique et électorale. En arrière-plan, pour le gouvernement, l’annonce permet de renouer avec un triomphalisme et avec le discours sur le retour des « jours heureux ».

Ces mesures n’en constituent pas moins un pari hasardeux, sinon aventurier, de la part du gouvernement. Une nouvelle fois, elles se font à rebours de l’ensemble de préconisations portées par le Conseil scientifique. Le 13 septembre, celui-ci publiait diverses recommandations sur la gestion à opposer à la pandémie. Il écrivait alors que la contagion du variant Delta, qui représente aujourd’hui plus de 99% des souches présentes en France, « fait redouter une épidémie pédiatrique à la rentrée, dans un contexte de non-vaccination chez les moins de 12 ans et de couverture vaccinale partielle chez les 12-17 ans ».

En décidant, contre l’avis du Conseil Scientifique, qui a fait preuve de tant d’accointance avec le pouvoir, d’annuler les mesures barrières dans le primaire, Emmanuel Macron renoue avec la posture de "l’épidémiologiste", tandis que sur le terrain de la casse sociale il cherche à renouer avec l’image du Jupiter réformateur. Si le pari est aventurier, ce n’est pas tant la levée du masque qui a de quoi inquiéter, la bonne situation sanitaire pourrait le justifier, mais celle de l’ensemble des mesures barrières à l’école et plus largement le refus de porter une stratégie sanitaire qui dépasse l’autoritarisme vaccinal à l’œuvre.

A l’école comme l’explique, Catherine Nave-Beekhti, secrétaire générale du Syndicat de l’Education nationale (CGEN-CFDT) explique :« Beaucoup d’épidémiologistes disent que les plus jeunes pourraient être le nouveau réservoir de l’épidémie […] lever cette mesure barrière [le masque] sans avoir amélioré les autres mesures barrières, et notamment la question de la ventilation et de l’aération des salles de classes, ce n’est pas une bonne chose. ». Quand on regarde dans le détail le nouveau protocole sanitaire prévu à cet égard dans les écoles, on est bien loin du compte.

Ainsi s’ajoute à la levée du masque, celle des mesures contre le brassage à la cantine, ou pendant la récréation, sans que ni la nécessité de l’aération ou de la ventilation des classes ne soit posée, ni même un plan massif de dépistage. Jean Michel Blanquer, interrogé par la commission des Affaires culturelles et de l’Education des Assemblées ce mardi, défendait ainsi à nouveau contre les recommandations du Conseil scientifique que « la stratégie consistant à tester de manière extrêmement répétée, extrêmement massive, les enfants n’a pas que des avantages ».

Macron en faisant de l’école le pari et le symbole de la réussite de sa gestion sanitaire nous plonge dans un scénario aventurier. Si la vaccination de masse est assurément une nécessité absolue pour vaincre définitivement l’épidémie, cela ne peut suffire. La situation sanitaire pourrait justifier le retrait du masques à la condition que des moyens soient injectés dans le primaire et ailleurs, pour mettre en place les mesures barrières qui restent nécessaires. C’est un chemin totalement différent que prend le gouvernement pour satisfaire son récit sanitaire en vue des présidentielles et dont la confirmation par Gabriel Attal ce mercredi de la fin des remboursements des tests constitue une autre illustration.

Pour lutter contre le virus, nous devons opposer à Macron la nécessité que les directions du mouvement ouvrier soient à l’initiative d’une campagne pédagogique sur la vaccination pour convaincre sans contraindre et l’injection de moyens supplémentaires dans la santé, pour que puissent être maintenues toute les mesures préventives comme les tests massifs et gratuits afin de pouvoir repérer les clusters, et briser les chaînes de contamination. C’est par nos mobilisations que nous pourrons imposer une stratégie sanitaire par en bas, c’est à dire contrôlée par les personnels soignants et la population, afin d’en finir avec l’épidémie pour de bon. De plus, afin de vaincre une pandémie mondiale, une telle stratégie ne peut se résoudre à un terrain national et impose de revendiquer la levée des brevets.

 
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