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La Izquierda Diario
23 de septembre de 2021 Twitter Faceboock

Nous n’oublierons jamais Christine Renon !
Deux ans après la mort de Christine Renon, une souffrance au travail croissante dans l’Éducation
Hélène Angelou

Le 21 septembre 2019, Christine Renon, directrice d’école à Pantin en Seine-Saint-Denis, mettait fin à ses jours sur son lieu de travail, dénonçant dans une lettre poignante la souffrance au travail des personnels de l’éducation et la responsabilité de l’institution dans cette situation.

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Crédits photo : AFP

Il y a deux ans, le suicide de Christine Renon provoquait une grande émotion dans le monde de l’éducation. Le suicide de cette directrice d’école à Pantin entraînait une libération de la parole autour de la la souffrance au travail provoquée par des politiques managériales qui accélèrent la précarisation du statut d’enseignant et conduisent à l’épuisement des personnels de l’éducation dans le cadre d’une baisse constante des moyens, d’une pression grandissante de la hiérarchie et d’une institution maltraitante. Loin d’être un cas isolé, la souffrance extrême de Christine Renon révélait ainsi de manière tragique la violence des contre-réformes néolibérales de l’école successives et tout personnel exerçant dans le monde de l’éducation, de la maternelle au lycée, s’est reconnu dans la lettre qu’elle a laissée, décrivant les difficultés auxquelles elle était confrontée.

Cette année, l’administration a fini par reconnaître la responsabilité de l’institution, muette aux souffrances du personnel de l’éducation, dans le suicide de Christine Renon. Pourtant, s’il s’agit une bonne nouvelle pour le monde éducatif et du fruit de sa mobilisation importante, le nouveau gouvernement continue son offensive généralisée contre le monde de l’éducation.

Deux ans après sa mort, les attaques contre les travailleurs et travailleuses de l’éducation se multiplient, Macron et Blanquer poursuivant de manière zélée l’offensive contre les conditions de travail, d’ailleurs couplée à une offensive idéologique. A ce titre, les annonces de Macron à Marseille, en campagne pour les présidentielles 2022, incarnaient leur projet pour l’« école du futur », dont Blanquer revendique aujourd’hui le bilan. Un bilan marqué par une attaque majeure contre le statut, pas en avant significatif dans le projet néolibéral, avec la dernière mesure en date : l’ « expérimentation » dans 50 écoles d’un recrutement des enseignants par les directeurs d’école. Une mesure qui va dans le sens d’une école entreprise, dirigée par des technocrates, toujours plus éloignés des réalités du terrain, manageant des équipes de plus en plus surveillées et évaluées et constituant une attaque en règle contre le statut de fonctionnaire.

Il est en ce sens scandaleux que le suicide de Christine Renon ait été instrumentalisé par le gouvernement pour une nouvelle attaque. Ce mercredi 22 septembre, la loi Rilhac, du nom de la députée LREM porteuse du projet de loi, proche du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a en effet été adoptée à l’Assemblée nationale. Elle fait des directeurs et directrices d’école des supérieurs hiérarchiques dans les écoles : un projet pour l’école que dénonçait précisément Christine Renon, lorsqu’elle pointait déjà l’alourdissement des charges administratives pour les personnels, une pression et précarisation grandissante.

A l’opposé, les mobilisations dans l’éducation ces dernières années ont montré à petite échelle la capacité des travailleurs du secteur à prendre en main leurs écoles par des formes embryonnaires d’auto-organisation lors des mobilisations sanitaires locales en novembre 2020 par exemple, et à revendiquer un autre projet, par des formes radicales de lutte collective. Cette reprise en main par l’ensemble des travailleurs du secteur, en lien avec les élèves et parents d’élèves est nécessaire pour imposer un projet émancipateur pour l’école, loin des impératifs capitalistes auxquels répond aujourd’hui l’éducation, et doit passer par une hausse des budgets alloués à l’éducation, l’embauche de personnels et leur titularisation. Aujourd’hui, rendre hommage à Christine Renon c’est aussi revendiquer ce projet radicalement alternatif.

En ce sens, alors que le triste anniversaire de son suicide intervient deux jours avant une journée de mobilisation dans l’Éducation Nationale, à l’appel de l’intersyndicale, à laquelle le collectif Christine Renon appelle à se joindre, cette journée isolée de « rentrée sociale » doit être l’occasion de poser la nécessité d’un véritable plan de bataille contre l’offensive menée par le gouvernement au service d’un projet néolibéral pour l’école. Un plan pour la défense de nos conditions de travail mais aussi la revendication d’un projet pour l’école émancipateur.

Nous n’oublions pas Christine Renon !

Le communiqué du Collectif Christine Renon :

 
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