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26 de septembre de 2021 Twitter Faceboock

International
Élections en Allemagne : la CDU de Merkel et le parti réformiste Die Linke essuient un revers
Klasse Gegen Klasse

Le SPD et son candidat à la chancellerie Olaf Scholz ont remporté hier les élections fédérales en Allemagne avec une légère avance sur la CDU de Merkel. Les Verts et les Libéraux devraient former une coalition avec l’un de ces partis. Alors que le parti réformiste de gauche Die Linke essuie une défaite après sa participation au gouvernement, les électeurs berlinois ont voté en faveur de l’expropriation des grandes sociétés immobilières.

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Article traduit de l’Allemand, initialement publié sur Klasse Gegen Klasse

Ce dimanche avaient lieu les premières élections au Parlement fédéral allemand, le Bundestag, après 16 ans de règne d’Angela Merkel qui ne s’est pas représentée. Premier constat : la CDU a subi une défaite historique. Elle a en effet perdu environ 8,5% par rapport à l’élection de 2017, et les projections actuelles la situent à un peu moins de 25%. Son candidat à la chancellerie, Armin Laschet, a fait l’autocritique de ce faible résultat dans une première déclaration aux alentours de 19 heures expliquant que l’Allemagne aura besoin d’une « coalition pour l’avenir ».

Le résultat désastreux des élections montre que la CDU a perdu la confiance de son électorat et qu’Angela Merkel, qui a été applaudie dans la Maison Konrad Adenauer (siège du parti), laisse derrière elle un parti brisé. La campagne électorale désespérée contre le spectre d’un « gouvernement de gauche » dans les semaines précédant immédiatement les élections a exprimé l’ampleur du manque de direction de la CDU après Merkel. Cela ne permettra pas de compenser les scandales de corruption omniprésents au sein du parti, même si la CDU devrait obtenir un résultat meilleur que ce qu’indiquaient les derniers sondages avant les élections de dimanche.

Comme les sondages l’ont suggéré ces dernières semaines, le SPD est le vainqueur de l’élection. Avec une augmentation de 4,4% par rapport au résultat historiquement mauvais de 2017, il bénéficie entre autres des votes de nombreux électeurs du parti réformiste de gauche Die Linke, qui ont fini par donner leur voix au SPD. Selon les projections, le SPD serait en mesure de remporter environ 25 % des voix. Ses promesses de réformes douces, telle que le salaire minimum de 12 euros, ainsi que la poursuite stable des politiques de Mme Merkel semblent avoir fonctionné. Beaucoup auront voté pour le SPD comme un moindre mal face à un Chancelier Laschet. Cependant, il est peu probable que le SPD puisse arrêter son long déclin avec ce résultat électoral. Qu’il accède ou non à la chancellerie, Olaf Scholz, le prophète du « schwarze Null », le déficit zéro, responsable de la répression policière lors du G20 à Hambourg, ne pourra donner un nouveau visage au SPD.
Si le SPD n’a pas été en mesure de présenter un projet suscitant l’enthousiasme, Die Linke a perdu un grand nombre de voix, rendant incertaine son entrée au Bundestag. Le parti de gauche a perdu environ 4% par rapport au résultat de 2017 et risque de passer sous le plancher proscriptif de 5%. Il lui faudrait alors au moins trois mandats directs pour entrer comme fraction au Bundestag. Il est clair que la ligne de conduite de la direction du parti ces dernières années, qui consiste à se plier aux exigences du SPD et des Verts comme jamais auparavant, a échoué lamentablement. Le co-candidat Bartsch a admis que le parti « ne représente plus les intérêts de l’Allemagne orientale ». La participation du parti au gouvernement au niveau provincial l’a discrédité aux yeux de la classe ouvrière et des opprimés alors que c’est cette voie que le parti a revendiqué lors de ces élections.

Une coalition SPD-Verts-Die Linke, qui avait été le principal contenu de la campagne électorale de Die Linke, est donc exclue, même d’un point de vue mathématique. Pour la coprésidente Henning-Wellsow, la raison de ce mauvais résultat est que Die Linke est dans l’opposition depuis 30 ans. Or, même Sahra Wagenknecht, représentante de l’aile chauvine du parti, a dû admettre que c’est le passage à la participation au gouvernement qui explique le mauvais résultat. Ce qui est clair, c’est que Die Linke n’est pas considéré comme un parti de luttes sociales mais comme un parti du régime et qu’il a été puni pour cela.

Les Verts sont bien en-deçà de leurs meilleurs résultats dans les sondages du printemps, lorsqu’ils étaient le parti le plus fort pendant une courte période. Malgré cela, ils obtiennent le meilleur résultat de l’histoire du parti avec environ 14%. La première réaction de Annalena Baerbock a ainsi été euphorique. « Nous avons une mission pour l’avenir » a-t-elle déclaré. Compte tenu de ses flirts avec l’industrie automobile, il est logique que la candidate principale ait par ailleurs fait référence au mandat du secteur des affaires de vendre des millions de nouvelles voitures électriques et faire payer la crise climatique aux travailleurs plutôt qu’aux capitalistes. Toutefois, son résultat électoral pourrait donner aux Verts le rôle de faiseurs de roi en formant une coalition avec le SPD et le FPD, ou en concluant une alliance avec la CDU et le FDP.

L’AfD, parti d’extrême droite néofasciste, avait recueilli 12,6 % des suffrages exprimés en 2017 - soit une augmentation de près de 8 % par rapport aux élections fédérales de 2013. Cette fois, elle a reculé à 10,8 % des électeurs. De manière inquiétante, cela signifie que le parti réussit à maintenir une base électorale alors même qu’ils n’ont pas pu marquer des points avec des slogans racistes en raison de la centralité plutôt faible de la question migratoire, contrairement à 2017. On peut supposer qu’il y a un certain nombre de covidosceptiques et de complotistes parmi ces 10,8 %, car non seulement le leader du parti Alice Weidel et d’autres visages de l’AfD ne se sont pas distingués des mouvements résolument réactionnaires qui se sont tenus avant les élections, mais il existe de nombreux liens avec ces derniers.

L’AfD est ainsi en concurrence avec les libéraux du FDP pour la quatrième place dans les projections. Le leader du FDP, le néolibéral Christian Lindner, pourrait ainsi devenir le nouveau ministre de l’économie. Que ce soit avec la CDU ou le SPD, le prochain gouvernement mènera une politique en faveur du capital et il faut s’attendre à de longues négociations de coalition avant la formation d’un gouvernement.

Les élections provinciales dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale et dans la capitale Berlin ont eu lieu en même temps que les élections fédérales. Dans le Nord, le SPD devrait faire mieux qu’au niveau fédéral, avec 37 % des suffrages exprimés. Dans la capitale, les Verts, avec 22,9 %, ont dépassé le SPD, qui n’a obtenu que 22,3 %, tandis que Die Linke a obtenu plus de 12 % des voix.

A rebours des politiques de l’establishment et des partis néolibéraux, un vote a également eu lieu à Berlin concernant l’expropriation ou non des sociétés immobilières Deutsche Wohnen & Co. Dans certains bureaux de vote, il est déjà clair que la majorité de la population berlinoise ayant le droit de vote se prononcera en faveur de la proposition. Quel que soit l’issue du vote, nous devrons continuer à nous battre dans la rue pour que cette étape soit franchie, car le SPD et les Verts ont déjà annoncé qu’ils voulaient ignorer le référendum.

Finalement, Die Linke a montré que son orientation gouvernementale et son projet de devenir un appendice du SPD n’est pas populaire. Collaborant depuis longtemps avec le SPD et les Verts, ils ont une fois de plus échoué à construire une alternative capable de lutter pour le changement social. A ce titre, dans le cadre du gouvernement provincial de Berlin, au lieu d’utiliser leur position comme un moyen de lutte, ils se positionnent comme des patrons face aux travailleurs en grève du mouvement des hôpitaux de Berlin.

Contre les politiques du prochain gouvernement - qu’il soit dirigé par la CDU ou le SPD - nous devrons nous organiser et lutter pour porter une réponse des travailleurs, des femmes, des jeunes et des migrants contre la politique du gouvernement. En ce sens, face à la politique anti-sociale de Die Linke, une grande campagne pour coordonner les luttes et discuter de la manière dont nous pouvons avancer dans la construction d’une alternative d’indépendance de classe révolutionnaire est essentielle.

 
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