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La Izquierda Diario
11 de octobre de 2021 Twitter Faceboock

Extrême-droite
TVA sur l’énergie, retraites : Marine Le Pen instrumentalise la question sociale pour contrer Zemmour
Boris Lefebvre

La percée de Eric Zemmour dans les sondages oblige le Rassemblement National à se positionner. Marine Le Pen cherche à se démarquer en mettant en avant des mesures « sociales » pour les « fins de mois », instrumentalisant la question sociale sans toucher aux intérêts du patronat.

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Crédits photo : Romain Perrocheau / AFP

Le Pen se la joue « social » pour tacler Zemmour

La montée de Zemmour dans les sondages et dans les médias ne cesse d’inquiéter Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement national, présente au second tour en 2017, est de plus en plus talonnée par l’éditorialiste d’extrême droite qui vient troubler le duel Macron/Le Pen. La semaine dernière, le polémiste d’extrême-droite, dont la candidature potentielle est surmédiatisée depuis un mois, était même donné au deuxième tour face à Macron, passant ainsi devant la candidate traditionnelle de l’extrême-droite. Face à l’offensive de Zemmour sur une partie de son électorat, le RN cherche donc à se démarquer.

Ce dimanche sur BFM TV, après avoir pointé l’équivalence entre les positions du RN et de Zemmour sur l’immigration, ce dernier n’apportant aucune « plus-value » sur la question, Marine Le Pen s’est essayée au jeu des différences en affirmant une veine plus « sociale » et proche des classes populaires, qui constituent une partie de son socle électoral, notamment dans le Nord et dans l’Est de la France. « Nous avons incontestablement des divergences sur le plan économique et social. Il s’aligne sur des positions plutôt libérales assez classiques » a-t-elle ainsi expliqué, avant d’évoquer le flou qui entoure la critique de Zemmour « de notre système de protection sociale » ou de se positionner sur la réforme de l’assurance-chômage jugée « affreusement injuste ». Jordan Bardella, président du RN, a renchéri au micro de Sud Radio ce lundi en tapant sur la ligne libérale de Zemmour. « Marine Le Pen est la seule à parler des fins de mois » a-t-il affirmé avant d’enchaîner sur le fait que « de plus en plus de Français se demandent comment ils vont boucler les fins de mois, à l’heure où les tarifs du gaz ont augmenté de 50%, où le prix des carburants est plus important qu’il n’était lorsqu’ont éclaté les manifestations des Gilets Jaunes ».

Des déclarations sur les mesures « sociales » dont le RN serait porteur qui visent clairement à établir une ligne de démarcation avec le profil ouvertement libéral de Zemmour. Une logique qui s’inscrit dans la continuité des dernières annonces de l’organisation qui a notamment mis en avant la semaine dernière sa volonté d’abaisser la TVA à 5,5% sur l’énergie en réponse à la hausse des prix. «  Le sort des Français importe davantage à Marine que l’image un peu livresque qu’à Zemmour de la France » a ainsi synthétisé Sébastien Chenu pour Libération.

Le Rassemblement National joue ainsi sur une des faiblesses de la candidature Zemmour, souvent comparé à un Trump français mais dont le projet d’allier l’électorat populaire du RN à l’électorat bourgeois des Républicains se base, pour le moment, essentiellement sur l’agitation d’un discours raciste ultra-réactionnaire qui cache mal un projet ultra-libéral. Le polémiste reste ainsi dépourvu d’une réponse aux problèmes économiques des classes populaires, à la différence d’un Trump qui avait su parler à la classe ouvrière blanche en mettant en avant des promesses (fumeuses) de réindustrialisation et de protectionnisme. Marine Le Pen entend bien le doubler sur ce terrain, tout en multipliant les gages aux classes dominantes sur le terrain économique. Et pour cause, son programme « social » tient surtout du vernis compatible avec les intérêts du grand patronat et très loin des nécessités de notre classe.

Marine Le Pen et le « social » : un programme en trompe l’œil pour les classes populaires

« Nous proposons un certain nombre de mesures, avec l’ambition de rendre 200 euros de pouvoir d’achat mensuels aux Français » a affirmé Jordan Bardella au micro de Sud Radio avant de développer les nouveaux éléments du programme « social » du RN : « Nous proposerons que la TVA de 20% aujourd’hui sur les produits énergétiques passe à 5,5%, car on paie des taxes sur des taxes. Nos mesures permettront de faire gagner 8 euros aux Français sur un plein de 40 litres ». Quelques semaines plus tôt, le RN avait annoncé sa volonté de rendre du pouvoir d’achat à la population en privatisant l’audiovisuel et en rachetant aux exploitants des autoroutes leurs concessions.

Le point commun de ces mesures ? Elles se refusent à remettre en question les profits du patronat et ne constituent que des réponses très limitées aux besoins de notre classe. Par exemple, si la TVA est, effectivement, un impôt injuste en ce qu’il touche également tout le monde mais pénalise en priorité les classes populaires, la volonté de la réduire sur les « produits de première nécessité » ne s’attaque à aucun moment aux profits des entreprises de l’énergie, alors qu’EDF devrait par exemple engranger 7 milliards de bénéfices cette année. C’est la même logique qui préside au discours du RN sur les autoroutes. Pour faire baisser de 20% le prix des péages, le RN s’engage à racheter les concessions faites aux grandes entreprises. Selon le ministère de l’Économie et des Finances, une telle décision coûterait la bagatelle de 45 à 50 milliards d’euros à l’État et par conséquent aux contribuables. Car dans le même temps, Marine Le Pen réaffirme son attachement au remboursement des dettes : « oui, une dette doit être remboursée. Il y a là un aspect moral essentiel. A partir du moment où un État souverain fait appel à une source de financement extérieure, sa parole est d’airain. Il s’organise pour rembourser sa dette contre vents et marées »->https://www.revolutionpermanente.fr/Marine-Le-Pen-affiche-son-attachement-au-neo-liberalisme-la-fin-de-l-imposture-anti-systeme].

A l’inverse les mesures qui déplaisent au patronat sont écartées par la candidate, même quand elles sont essentielles. A l’image des hausses de salaires auxquelles Marine Le Pen s’oppose résolument. Dans ce cadre, si Marine Le Pen a fait de la retraite à 60 ans (avec 40 annuités !) un symbole qu’elle se refuse à abandonner, il est difficile de croire qu’elle irait au bout de la mesure. Alors qu’en interne on la presse d’abandonner la mesure, rejetée par les classes dominantes, comment croire qu’elle s’y tiendrait une fois au pouvoir ? Déjà en 2017, elle avait opéré un premier revirement entre les deux tours, expliquant qu’elle s’engageait à mettre en place la mesure non plus immédiatement mais « d’ici la fin de son quinquennat. »

En ce sens, par-delà les postures qui pourraient se renforcer pour contrer Zemmour, Marine Le Pen n’est en aucun cas du côté des classes populaires, qu’elle perçoit comme une simple masse électorale au service de son accession au pouvoir. Contre ces faux semblants de mesures sociales et la véritable campagne racistes que concoctent l’ensemble de la classe politique, nous avons besoin d’un projet qui ose s’attaquer aux profits du grand patronat pour répondre aux besoins urgents des travailleurs et classes populaires ; C’est en ce sens que nous présentons la candidature d’Anasse Kazib, pour défendre un projet révolutionnaire, anti-raciste et porter la voix des luttes, de l’ensemble des travailleurs et de la jeunesse dans l’élection.

 
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