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La Izquierda Diario
14 de octobre de 2021 Twitter Faceboock

Islamophobie et misogynie
Interdite de voile puis convoquée pour "tenues excentriques" : la CPAM s’acharne contre une salariée
Joshua Cohn

Le 11 octobre, une jeune femme de 25 ans a été convoquée par la CPAM du Var à un entretien préalable à la rupture anticipée de son CDD. Le motif avancé par la direction ? Les « tenues excentriques » de la travailleuse. En réalité, il s’agit d’une procédure misogyne et islamophobe envers une salariée qui portaient des perruques pour se conformer à l’interdiction du voile par sa hiérarchie.

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Le 11 octobre, une salariée a été convoquée par la CPAM du Var pour un entretien préalable à la rupture de son CDD. Agée de 25 ans et diplômée d’un master en négociations internationales, cette jeune femme qui souhaite rester anonyme a été embauchée au mois d’août, pour une durée de trois mois, pour assurer le suivi téléphonique de la pandémie de Covid. Elle a déclaré à Var Matin être « fière de faire ce travail de service public en lien avec l’épidémie ».

Quelques jours après son embauche, sa hiérarchie lui a demandé de retirer son voile. Conciliante, la salariée a alors opté pour un turban laissant voir son front, ses oreilles et son cou. Au mois de septembre, la direction invoque l’entrée en vigueur du principe de neutralité dans l’entreprise pour lui demander cette fois-ci de retirer son turban, qualifié selon un courrier du 27 septembre consulté par Var Matin de « tenue affichant [ses] opinions religieuses ». La CGT pointe pourtant que cette obligation de neutralité n’avait pas encore été inscrite dans le règlement intérieur.

Soucieuse de répondre aux directives de ses supérieurs, la salariée s’adapte une nouvelle fois et commence à se présenter sur son lieu de travail avec une perruque pour continuer à couvrir ses cheveux. Elle décrit notamment à France Bleu deux perruques : « une coupée au carré avec quelques mèches rouges et une dans les tons rose pastel ».

Ces perruques, dont les couleurs vives constituent selon la direction des « tenues excentriques », lui valent d’être menacée d’une rupture anticipée de son CDD, dont l’échéance est normalement prévue le 15 novembre. Ce grief en apparence absurde prend sens à condition de considérer la succession des événements dans son ensemble. Lorsque la CPAM parle de tenues « en décalage avec les normes sociales de l’entreprise », elle vise en réalité le refus de la salariée de découvrir ses cheveux. Cette dernière relève d’ailleurs, toujours auprès de Var Matin, que certains de ses collègues ont des « cheveux de couleur rose, ou bleue, ou décolorés » sans que cela ne pose aucun problème.

La CGT apporte son soutien à la salariée et a organisé un rassemblement devant la CPAM du Var, à Toulon, pendant son entretien avec sa hiérarchie.

Cette procédure constitue une attaque misogyne et islamophobe envers une jeune travailleuse en contrat précaire au seul motif qu’elle refuse de découvrir ses cheveux. Françoise Vergès montre que cette obsession française pour le dévoilement des femmes musulmanes s’inscrit dans l’histoire coloniale de ce pays, notamment en Algérie, et est utilisée depuis les années 80 pour attaquer la minorité religieuse musulmane en mobilisant des arguments pseudo-féministes.

La CPAM est d’autant plus à l’aise dans sa démarche qu’elle sait que les juridictions sont disposées à justifier ses attaques misogynes et islamophobes au nom de la « laïcité » et de la « neutralité du service public ». Dans un arrêt de référence rendu le 19 mars 2013 par la Cour de cassation, dit de la « CPAM de Saint-Denis », il a été admis qu’au regard des missions de service public confiées aux organismes de la Sécurité sociale, une CPAM peut licencier une salariée qui refuse de retirer son voile dès lors que le principe de neutralité est prévu par le règlement intérieur. Cette position illustre toute l’hypocrisie du formalisme juridique qui autorise le licenciement de salariés qui effectuent correctement leur travail à la seule condition pour leur employeur de justifier de documents en règle.

Les défenseurs de l’« État de droit » et de l’« universalisme républicain » peuvent bien dénoncer les positions racistes, misogynes et islamophobes d’Éric Zemmour et du reste de l’extrême droite réactionnaire. Toutefois, au nom de la défense de la « République », ils continueront de fermer les yeux sur les structures et les institutions misogynes et islamophobes qui frappent tous les jours les opprimées et les travailleuses.

 
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