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La Izquierda Diario
21 de octobre de 2021 Twitter Faceboock

Des miettes pour les pauvres
« 100 balles et un Mars » : Castex nous enfume ! Suppression des taxes, les grands patrons doivent payer !
Ariane Anemoyannis

Cent euros pour les personnes touchant un revenu en-deçà de 2 000 euros nets par mois, voilà en quoi consiste la mesure phare du gouvernement pour lutter contre la hausse inédite des prix du carburant et de l’ensemble des biens de première nécessité. Des miettes censées calmer la colère latente de ceux d’en bas, sans pour autant fâcher ceux d’en haut, les grands patrons de Total, Auchan, Carrefour qui ne débourseront, bien entendu, aucun centime.

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Après une semaine de tergiversations au sommet, Jean Castex a annoncé les fruits de la réflexion gouvernementale s’agissant de la hausse inédite des prix du carburant. Le Premier ministre, bien que sur le plateau pour une petite dizaine de minutes, est parvenu à jouer le suspense jusqu’au bout.

L’aveu d’une situation plus grave que ce qu’admettait le gouvernement en septembre

Tournant autour du pot malgré un présentateur de TF1 se voulant pressant auprès de lui, le chef de l’exécutif a introduit ses mesures en dressant le tableau de la situation. Après avoir rappelé que la hausse du prix du carburant était le produit de la relance économique – « en particulier en France et c’est heureux » – Jean Castex a admis que la hausse généralisée des prix de première nécessité, qui bien que « temporaire », ne cesserait pas de sitôt contrairement à ce qu’il avait annoncé le 30 septembre sur le même plateau télé. En effet, alors qu’il annonçait alors un soit disant « blocage des prix » du gaz jusqu’en avril, Jean Castex en a profité pour revenir sur ces déclarations et a affirmé que celui-ci serait prolongé jusqu’en 2022. Une façon pour Castex de montrer le sérieux avec lequel le gouvernement prend cette question, prêt à revoir sa copie, illustrant aussi que cette hausse des prix s’inscrira dans la durée.

Un chèque de 100 euros pour survivre : l’insulte du gouvernement aux classes populaires

C’est donc pour trouver une solution à cet emballement des prix que le Premier ministre a annoncé l’octroi d’une « indemnité classe moyenne » aux 38 millions de personnes touchant un revenu inférieur au revenu médian de 2 000 euros nets par mois. Face à un « sujet difficile et complexe », Jean Castex souhaite ainsi faire bénéficier à un large secteur de la population ce qui ressemble à un classique chèque carburant quelque peu élargi. En ne restreignant pas l’accès au chèque aux conducteurs, il s’agit là d’éviter toute « usine à gaz », entendez tout ressentiment de la part de secteurs qui se sentiraient lésés ou laissés sur le carreau.

Dans la continuité des annonces du 30 septembre où le chef de l’exécutif avait revendiqué des mesures inédites se révélant être des miettes consistant en l’étalement de l’impact de la hausse des prix, celui-ci cherche donc à amortir par ce chèque de 100 euros non seulement l’essence mais également les biens de première nécessité qui sont les premiers concernés par l’inflation.

Ce que Jean Castex présente comme une mesure exceptionnelle face à une situation exceptionnelle consiste donc en un versement d’un montant ridicule face à l’explosion du coût de la vie. Alors que le gouvernement est conscient de marcher sur des œufs – le Premier ministre a lui-même fait allusion aux prix du carburant plus élevés qu’à l’époque des Gilets Jaunes – et cherche à apparaitre à s’adresser le plus largement possible pour éviter toute explosion sociale d’ampleur, il apparait en réalité totalement en deçà de la hausse du coût de la vie ! Expliquant notamment avoir « connu des prix encore plus élevés, mais enfin…  », il minimise totalement la hausse des prix du carburant en la chiffrant à 80 euros en moyenne par automobiliste. Une estimation totalement à la baisse qui permet de faire passer un chèque de 100 euros pour généreux – et encore, puisqu’il n’est versé qu’une seule fois (!) – alors que les nombreux témoignages relatent des hausses qui flirtent davantage avec plusieurs centaines d’euros.

Mais l’enfumage de Jean Castex ne s’arrête pas là. Derrière son air grave, prônant la « concertation » et la « réflexion », il propose une mesure non seulement minimale mais également arbitraire. D’une part, l’usage du revenu médian coupe de cette mesure des foyers touchant légèrement davantage mais qui essuient des dépenses bien plus conséquentes avec la hausse généralisée du coût de la vie, à l’instar des familles nombreuses ou des ménages habitant des territoires ruraux. D’autre part, la non prise en compte de la composition des foyers laisse sur le carreau 2 millions de familles monoparentales – principalement des mères isolées – qui devront composer avec un chèque de cent euros pour nourrir leurs enfants et survivre le temps d’une hausse qui va durer au moins un an selon les propres aveux du chef de l’exécutif. Enfin, s’il revendique faire bénéficier cette mesure à différentes catégories de population, ce dernier ne sait même pas quand les retraités pourront la toucher tandis que les travailleurs de la fonction publique pourront espérer en bénéficier uniquement dans trois mois et que les étudiants ne sont même pas concernés alors même qu’ils ont été en première ligne de la précarité depuis près de deux ans.

Avec cette mesure, Jean Castex crache tout son mépris à la gueule de ceux d’en bas qui tentent de survivre. Ayant fait miroiter pendant plusieurs jours l’annonce d’une mesure inédite, notamment par le biais de la presse relatant les débats s’agissant de l’éventuelle baisse des taxes sur le carburant, l’exécutif choisit une nouvelle fois une forme de « en même temps » : s’adresser le plus largement possible pour éviter toute niche de contestation, tout en évacuant par la même toute baisse des taxes dont le chiffrage aurait donnée l’image de panier percé vis-à-vis de sa base sociale de droite. C’est donc Bercy sous la houlette de Bruno Lemaire qui a eu le dernier mot au sein du gouvernement, se fondant sur l’argument du coût trop important d’une telle mesure fiscale.

Selon Jean Castex, « la baisse des taxes est inégalitaire car elle concerne tout le monde, est compliquée à mettre en œuvre et n’est pas cohérente avec la politique de long terme dont je suis le garant ». Se justifiant par le caractère inéquitable d’une baisse des taxes, le Premier Ministre agite l’objectif d’un déficit public de 5% pour 2022 mais n’explique pas réellement comment financer le chèque de 100 euros si ce n’est en parlant du milliard de bénéfices supplémentaires engendré par le biais de la TVA et en expliquant qu’il « faudra aller chercher l’argent quelque part ».

Suppression immédiate des taxes sur la consommation, c’est au patronat de payer la hausse du coût de la vie !

Les annonces de Jean Castex sont l’énième démonstration du mépris profond du gouvernement à l’égard des classes populaires. Si le chèque ridicule de 100 euros était censé être la carotte pour nous faire accepter la hausse des prix mais aussi l’entrée en vigueur de l’assurance-chômage et les tentatives de Macron de remettre sur la table la réforme des retraites, il est nécessaire d’exiger que ce soit aux capitalistes de payer la crise dans sa globalité !

Les taxes sur la consommation, notamment la TVA, et plus spécialement la TICPE pour le carburant, sont profondément injustes et antisociales. Elles doivent être supprimées immédiatement et financées via la réquisition immédiate des superprofits du grand patronat et de ceux qui se gavent grâce à l’évasion fiscale pendant que le gouvernement tente d’endormir ceux d’en bas avec des miettes. Mais c’est aussi pour l’augmentation générale des salaires, l’instauration d’un revenu étudiant et d’une allocation pour les plus précaires qu’il faut se battre pour répondre à l’urgence de la situation.

Pour construire un rapport de force suffisant pour les faire reculer, l’ensemble de ces revendications doivent être portées sur les ronds-points, les lieux de travail et dans la rue comme le font les Gilets jaunes et de nombreux salariés en grève pour la hausse de leurs salaires et l’amélioration de leurs conditions de travail.

 
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