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16 de novembre de 2021 Twitter Faceboock

Anti-racisme
"C’est l’impunité qui règne !" Contre le racisme et l’islamophobie à la RATP, rassemblement le 19 novembre à Paris
Mahdi Adi

Face au racisme et à l’islamophobie à la RATP, le syndicat Solidaires RATP appelle à un rassemblement ce vendredi 19 novembre à 11h au 21 boulevard Bourdon à Paris. La direction entretient l’impunité pour les propos et actes racistes, pendant qu’elle réprime toujours plus les travailleurs. Interview avec Farid Boukhenfer, conducteur de métro et militant syndical Solidaires RATP.

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Crédit photo : O Phil des Contrastes

Révolution Permanente : Ce vendredi Solidaires RATP appelle à un rassemblement contre l’islamophobie à la RATP. Peux-tu nous expliquer ce qui a motivé cet appel ?

Farid Boukhenfer : Cet été on a découvert qu’un agent de maîtrise diffusait des messages racistes et islamophobes sur Twitter. Les salariés ont été choqués et pas mal de collègues se sont posés des questions. On s’est dit que c’était vraiment dégueulasse qu’un manager puisse penser comme ça alors qu’on travaille dans une entreprise de service public qui n’est pas censé faire la différence entre les salariés et les usagers en fonction de leur origine ou de leur religion.

Comme ça a fait du bruit, la direction de la RATP a fini par le convoquer et beaucoup s’attendaient à ce qu’elle prenne position fermement contre ces propos discriminants et racistes. Mais on s’est rendu compte que finalement la sanction pour l’agent de maîtrise a été ridicule. Il a pris cinq jours de mise à pied et n’a même pas été convoqué en conseil de discipline. C’est une sanction de premier degré, ce qui montre que la direction a traité ça comme une petite faute. Ensuite il a été muté sur un poste qui lui permet de ne plus travailler le week-end, c’est quasiment de la promotion !

D’autre part, la réponse de la direction ça a été d’envoyer un message à tous les agents de maîtrise et d’encadrement pour leur dire que pour éviter que ce genre d’affaire se reproduise, il faut faire attention à ses réseaux sociaux, ne pas y poster de messages politiques... C’est un peu un tutoriel qui explique comment rester raciste dans le cadre privé en évitant de salir l’image publique de l’entreprise !

Ça montre une certaine impunité et un deux poids deux mesures flagrant. Quand ce sont de simples conducteurs qui sont mis en cause, la direction sort l’artillerie lourde avec des sanctions importantes qui vont jusqu’au conseil de discipline pour des broutilles. Mais là pour une affaire de racisme qui met en cause un agent de l’encadrement, elle cherche à étouffer l’histoire et à minimiser la chose alors qu’on ne peut pas tolérer ce genre de comportement dans un entreprise qui prône l’éthique et le respect.

RP : Est-ce que c’est un événement isolé ou alors est-ce qu’il y a un historique à la RATP de racisme contre les salariés ?

Farid Boukhenfer : A la RATP il y a toujours eu des histoires de racisme passées sous silence. Comme pour le harcèlement sexuel et les actes sexistes. La direction fait des formations pour se laver les mains, mais derrière c’est l’impunité qui règne. Au métro par exemple, un agent de maîtrise qui avait tenu des propos négrophobes a juste été muté et n’est jamais allé en conseil de discipline. C’est un peu comme en Italie quand il y a des histoires de racisme dans le football, on met une petite sanction, un match à huis-clos, et ensuite ça repart de plus belle.

Mais aussi quelque chose qui montre qu’il y a vraiment un deux poids deux mesures c’est « l’histoire de la jupe ». Il y a quelque temps, un conducteur de bus a été accusé d’avoir refusé de laisser monter dans son bus une femme parce qu’elle portait une jupe. La réponse a été immédiate. Il a été pointé du doigt et traité d’« islamiste » parce qu’il est assimilé musulman. Il y a eu un communiqué commun de la ministre du Travail et de Marlène Schiappa pour demander une sanction lourde contre lui, Valérie Pécresse a surenchéri... Tout ça sans aucune preuve, uniquement sur la base d’un message Facebook ! Par la suite le salarié a pris un avocat et a pu démontré que ça n’était que des calomnies. Alors que nous quand on apporte des preuves sur des agents d’encadrement qui tiennent des propos racistes, on n’entend personne à la direction ou au gouvernement pour le dénoncer.

De plus depuis la loi Savary qui est censé lutter contre la « radicalisation » dans les entreprises de transport public, on a assisté à une certaine fermeté souvent sans aucun élément sérieux à charge et sans aucun moyen de se défendre contre des salariés musulmans ou issus de l’immigration. Certains ont été licenciés directement sans explication précise puis ont gagné au tribunal car leur licenciement était abusif et sans aucun fondement légal.

RP : Comment les salariés ont-ils réagi à l’appel au rassemblement du 19 novembre ? Et quelle a été la réaction des autres syndicats ?

Farid Boukhenfer : La plupart des salariés trouvent ça dégueulasse, mais aucun autre syndicat ne veut se mouiller pour dénoncer le racisme à la RATP. Même le terme « islamophobie » ils ont peur de le mettre sur papier. En plus on est en période d’élection pour les délégués du personnels, du coup ils ont peur de se mettre à dos une partie des salariés quand il voit la montée de l’extrême-droite. Ils ont fermé les yeux sur cet appel alors que la lutte contre le Racisme est censée parler à tout le monde.

RP : Alors que le contexte est marqué par la montée de Zemmour et de l’extrême-droite, est-ce que cet appel ce n’est pas aussi une manière de montrer que le racisme aussi se combat par la grève et sur le terrain de la lutte des classes avant tout ?

Farid Boukhenfer : C’est clair que c’est ce type de syndicalisme qu’on défend. La plupart des syndicats inscrivent la lutte contre le racisme dans leurs chartes. Certains participent aussi à des manifestations contre l’extrême-droite. Par contre quand ça arrive sur le lieu de travail, beaucoup le passent sous silence parce qu’ils ont peur de se mettre à dos une partie de leur électorat. Malheureusement c’est ce qui se passe à la RATP.

Nous ce qu’on dit c’est que face au climat de plus en plus dégueulasse qu’il y a dans le pays, le premier des combats il est dans nos boîtes, avec nos collègues. Le rôle premier du syndicat ce n’est pas de gérer la machine à café, les tickets restaurants et les chèques vacances, mais de se mettre au service de ces luttes. C’est pour ça qu’on appelle à ce qu’il y ait un maximum de monde le 19 novembre à 11h au 21 boulevard Bourdon à Paris pour dire stop au racisme et à l’islamophobie à la RATP !

 
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