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17 de novembre de 2021 Twitter Faceboock

Gilets jaunes
Enquête de l’IPHP. 3 ans après les Gilets Jaunes, où en est le pouvoir d’achat ?
Simon Derrerof

Le jour des trois ans des Gilets Jaunes, l’IPHP sortait ce mardi 16 décembre une enquête sur l’évolution du pouvoir d’achat sous la macronie. Selon celle-ci, le niveau de vie des plus pauvres a chuté et les grands gagnants sont les plus riches. Trois ans après un mouvement historique qui avait mis sous le feu des projecteurs la question du coût de la vie, rien n’a donc changé.

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Crédits photos : AFP

Il y a trois ans, émergeait un mouvement spontané suite à la hausse de la taxe carbone, qui allait poser profondément la question de la pauvreté, de la vie chère et du pouvoir d’achat. Hasard du calendrier, ce mardi 16 novembre, le jour de l’anniversaire des Gilets Jaunes, l’Institut des politiques publiques (IPP) révélait une enquête approfondie sur l’évolution du pouvoir d’achat durant le quinquennat Macron entre 2017 et 2022.

Ce rapport, au regard de l’actualité, prend une tonalité particulière alors que la crise de l’inflation consacre le retour au premier plan des inquiétudes autour du pouvoir d’achat et que depuis septembre, le coût de la vie s’envole…Fait symptomatique, les prix du carburant ont même largement dépassé les valeurs jusqu’alors historiques et à l’origine de mobilisation des Gilets Jaunes, de même pour les prix de l’énergie et pour l’ensemble des produits de première nécessité qui ont explosé.

Macron président des riches ?

À l’occasion de sa dernière allocution, le président de la République a tenté de rompre avec l’image de « président des riches » qui lui colle à la peau, à raison, depuis le début de son mandat. Face à la hausse des prix et aux difficultés des plus précaires le chef de l’Etat a affirmé que « les plus bas salaires ont gagné au minimum 170 euros de pouvoir d’achat par mois » au cours de son quinquennat. Une défense préparée et qui s’inscrit dans la continuité des propos du premier ministre, le 22 octobre dernier au 20 h de TF1« le pouvoir d’achat a augmenté deux fois plus que sous les quinquennats différents ».

Pourtant la volonté macronienne de mettre en scène son quinquennat, comme celui de la hausse « du pouvoir d’achat » ne résiste pas à l’épreuve des chiffres. L’étude de l’Institut des politiques publiques révèle ainsi des conclusions à contre-courant de la version officielle. Pour cause, si la communication de l’Elysée met en avant une hausse générale, elle oublie de préciser que celle-ci s’est faite sur le dos des plus précaires.

En effet, si la moyenne générale du pouvoir d’achat a augmenté de 1,6 % pour les foyers en France depuis 2017, cette hausse n’est qu’une moyenne et donc reste à relativiser. Et surtout, elle s’avère particulièrement inégalitaire. Ainsi, la situation des plus précaire s’est, à l’inverse, encore empirée sous le mandat de Macron avec une baisse de 0,5 % du pouvoir d’achat pour les personnes ayant un niveau de vie inférieur à 972 euros par mois, soit 5 % de la population française. La conjoncture est très différente à l’autre bout du spectre alors que les 1% les plus riches ont eu la chance de voir leur pouvoir d’achat grimper de 2,8 % depuis 2017, selon Capital. Pour les 0,1 % les plus riches, le cadeau est encore plus grand, avec une augmentation qui dépasse les 4 %. Sans surprise, ces derniers ont profité à plein régime des mesures fiscales du gouvernement, de la suppression de l’ISF à l’instauration du prélèvement forfaitaire unique.

Un quinquennat pour les actifs et le patrimoine, pas pour les pauvres, les retraités ou les chômeurs

L’étude des chiffres des « classes moyennes » - les ménages gagnant entre 1400 et 2400 euros- montre également que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne pour la macronie. Au regard de la hausse assez impressionnante du pouvoir d’achat des plus riche, les ménages situés au milieu de l’échelle n’ont bénéficié que d’une légère augmentation de seulement 1,3 %. Une « hausse » qui est cependant à mettre en rapport avec l’inflation de l’ensemble des biens de première nécessité qui de facto plombe toute soit disant augmentation de « pouvoir d’achat ».

Plus largement comme l’explique, M.Bozio économiste à l’IPP, au Monde : « Les mesures de soutien touchent moins les retraités, les chômeurs et les inactifs ». Il ajoute « La revalorisation des revenus des actifs et la réforme des revenus du capital figuraient dans le programme du candidat Macron en 2017. Mais le gouvernement a aussi fait évoluer sa politique en réaction aux crises [Covid-19] avec des dispositifs de soutien qui n’avaient pas été anticipés au début du quinquennat. ». Dès lors, de nombreuses mesures revendiquées par la macronie sur le pouvoir d’achat ne sont que des aides ponctuelles accordées par le gouvernement, en pleine crise sanitaire, comme la prime exceptionnelle de novembre 2020 pour les bénéficiaires du RSA.

Depuis cinq ans, la macronie s’est en réalité davantage astreinte, derrière la valorisation ultra-libérale du travail à casser les aides sociales qui ont baissé de 4,2 milliards depuis 2017 (retraites, assurance chômage et aides au logement). Une politique qui sans surprise a entamé le pouvoir d’achat des classes populaires.

3 ans après les gilets jaunes, tout reste à faire

En ce troisième anniversaire du mouvement des Gilets Jaunes, cette étude vient confirmer ce qu’avait mis sous le feu des projecteurs la colère spontanée des manifestants d’alors. Trois ans après nulle réponse n’a été apportée au ras-le-bol, notamment dans les zones péri-urbaine, des fins de mois difficiles, de l’injustice sociale, de la baisse du niveau de vie et de l’abandon des territoires ruraux et périurbains.. Pour cause, le pouvoir d’achat n’a pas augmenté, pire encore la situation a empiré. Selon l’Observatoire des Inégalités depuis 15 ans, la pauvreté n’a cessé d’augmenter, pendant ce temps, les riches eux se gavent.

Il y a trois ans, le mouvement des Gilets jaunes bouleversait la lutte de classe en France et dans le monde. Son caractère offensif et sa remise en cause du système dans sa totalité a durablement imprégné les luttes dans le pays. Alors que la question du pouvoir d’achat est plus brûlante que jamais, l’imaginaire révolutionnaire qu’il avait convoqué doit revenir au premier plan. Les causes à l’origine de la colère et de ce mouvement spontané inédit dans l’histoire de la Vème République sont plus vivaces que jamais. Pour enfin gagner face au président des riches et son monde, la radicalité des gilets jaunes doit s’incarner dans un grand parti révolutionnaire capable de réunir les militants les plus déterminés du monde ouvrier, des quartiers populaires, de la jeunesse et des Gilets Jaunes autour d’un programme révolutionnaire. C’est à cette conditions que les trois prochaines années ne ressembleront pas aux trois précédentes.

 
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