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La Izquierda Diario
9 de décembre de 2021 Twitter Faceboock

Stop à l’Europe forteresse
27 noyés dans la Manche : les migrants avaient appelé en vain les secours français et britanniques
Karl Nara

Le 24 novembre dernier, 27 migrants se noyaient dans la manche en tentant de rejoindre le Royaume-Uni en bateau gonflable. Un drame dont les gouvernements français et britanniques sont responsables. De nouveau éléments viennent prouver que les secours étaient au courant que ces migrants étaient en train de faire naufrage, et ne sont pas intervenus.

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Crédit photo : GLYN KIRK AFP

27 migrants noyés : les gouvernements français et britanniques responsables

Depuis 1999, 340 personnes sont mortes à la frontière franco-britannique selon l’association d’aide aux migrants Utopia56. Et ces drames, dus à l’existence elle-même des frontières, ne cessent de se multiplier depuis la militarisation de celles-ci, entrainant comme seule solution une traversée risquée en bateau pneumatique. A Calais, 65 km de clôtures ont été posés et des zones ont été inondés pour empêcher le passage par l’Eurotunnel ou par le port commercial, renforçant le rôle de filières de passeurs et rendant le passage vers l’Angleterre toujours plus dangereux et meurtrier, comme nous l’écrivions dans un précédent article revenant plus en détail sur le drame du 24 novembre.

Ni le premier, ni le dernier, ce drame est néanmoins révélateur de la politique migratoire de la France, du Royaume-Uni, et plus largement de l’Europe : une militarisation et une répression toujours plus violente aux frontières. Ainsi, les responsables politiques, de Macron à Le Pen, qui en réponse à ce drame, proposaient un renforcement de la répression envers les passeurs, se lancent dans une offensive dont les migrants seront les premiers à souffrir. D’autant plus que les premiers éléments de l’enquête en cours révèlent des faits mettant en cause encore plus profondément les gouvernements Français et Britannique.
 

Les « secours » prévenus mais absents

Quelques jours après le naufrage, deux survivants donnent un entretien à Rudaw, un média kurde. Tous deux s’accordent à dire que tout au long du naufrage, plusieurs personnes ont appelé les secours tant français que britannique. Sans résultat. D’autres témoignages, émanant de la famille des victimes viennent corroborer ce fait. Dans un article du journal Le Monde « une source judiciaire, [précise que] les déclarations faites par ces deux rescapés sont confirmées par les prémices de l’enquête. […] les appels qu’ils évoquent apparaissent dans les factures détaillées extraites par les policiers. »

Il s’avère que l’embarcation a coulé à la frontière des eaux françaises et anglaises. Les personnes à bord ont ainsi appelé les secours français, qui renvoyaient aux anglais, et vice-versa dans un jeu de ping-pong meurtrier. Un bénévole de l’association Utopia56 témoigne au Monde : « j’ai demandé à une personne du Cross [Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage] de m’apporter une clarification. Elle m’a répondu que les secours anglais avaient laissé dériver l’embarcation en eaux françaises afin que les personnes soient secourues par les autorités françaises ».

La France et le Royaume-Uni se renvoient la balle pour savoir qui est responsable. Le fait est qu’il aura fallu qu’un bateau de pêche passe par hasard et constate le naufrage et appelle la côte pour que des appareils de secours se déplacent. Les deux pays, en ignorant de part et d’autre les nombreux appels de secours, se rendent une nouvelle fois coupable d’avoir laissé des personnes se noyer en toute connaissance de cause.

Ce drame intervient dans une situation diplomatique tendue entre la France et le Royaume-Uni, en particulier sur la question migratoire où chacun des deux pays se rejettent la responsabilité et où la principale réponse de l’Europe a été de dépêcher « un avion qui survolerait nuit et jour une zone allant de la côte française aux Pays-Bas » – avion appartenant à l’agence européenne Frontex.

Ainsi, les gouvernements français et britanniques se retrouvent doublement responsables de la mort de ces personnes : d’abord en raison de leurs politiques xénophobes et répressives de militarisation des frontières, qui forcent les migrants à risquer toujours plus pour pouvoir traverser, et ensuite en raison de leur services de « secours » qui laissent les migrants mourir en mer.

Face aux discours hypocrites : ouverture des frontières !

Le 24 novembre, devant l’ampleur et la médiatisation de la catastrophe, le gouvernement et la classe politique ne pouvait pas ignorer le naufrage. Chacun y est allé de son tweet pour affirmer sa « forte émotion ». Pourtant de Le Pen, Macron, en passant par Bertrand et Darmanin, tous sans exception n’ont mis en avant que des solutions répressives de militarisation des frontières et de répression constante envers les migrants, politiques qui justement sont à l’origine du drame. Ainsi, quand Emmanuel Macron se pare de grands discours humanistes en affirmant que « la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », c’est un peu tard.

A gauche également, les propos xénophobes vont bon train. Fabien Roussel (PCF) affirmait que « les migrants sans droit d’asile ont vocation à rentrer chez eux ». Arnaud Montebourg proposait quant à lui « de bloquer les transferts d’argent privé […] vers les pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants visés par une mesure d’expulsion du territoire français. »

Devant le drame de la noyade de ces 27 migrants dans la Manche, et la responsabilité crasse de l’Etat, il est urgent de revendiquer l’ouverture des frontières qui, plus que jamais, tuent. Cela passe par la régularisation immédiate de tous les sans-papiers, la fermeture des centres de rétention administratifs, la défense du droit au regroupement familial, l’arrêt immédiat des expulsions ainsi que le droit de toutes et tous de bénéficier d’un titre de séjour, d’un travail et d’une place à l’université, mesures indispensables pour mettre fin à l’Europe-forteresse et plus généralement aux frontières qui ne s’arracheront que par la lutte. Car on ne part de chez soi que quand on y est forcé, par l’absence d’avenir, par la misère et la guerre. Des situations de déstabilisation des pays pauvres dont les pays impérialistes comme la France et le Royaume-Uni sont les premiers responsables. 

 
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