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La Izquierda Diario
15 de décembre de 2021 Twitter Faceboock

Les « clowns » de l’Éducation nationale
Précarité, manque d’effectifs, dégradation des conditions de travail... Grève historique dans l’animation

Les 14 et 15 décembre, la branche de l’animation s’est mise en grève au niveau national de manière inédite pour la première fois depuis 20 ans. Les grévistes interpellent le gouvernement sur le manque de reconnaissance, la précarité et les conditions de travail déplorables que vivent ces acteurs de la vie quotidienne des enfants sur le temps du périscolaire.

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Précarité, heures hachées, sous effectifs, employés de troisième zone, « clowns » de l’Éducation Nationale… la liste est longue des revendications des animateurs qui, ces 14 et 15 décembre, ont entamé une grève nationale inédite pour la valorisation et le changement des conditions de leur emploi. Véritable pilier de l’éducation et du développement de l’enfant, l’animateur a pour but avec l’apport de projets pédagogiques d’amener l’enfant sur le temps du périscolaire à une progression émotionnelle et sociale de celui-ci.

Cependant, les conditions de travail et les sous-effectifs ne font que s’empirer, conséquence de la précarité de ces emplois. En conséquence, la plupart du temps, les accueils du périscolaire se transforment en simple « garderie », certains centres ne pouvant même plus proposer d’activités aux enfants. Les contrats ne pouvant rarement dépasser les 24h/semaine, souvent réparties de manière « hachurée » chaque jour (2h par ci, 2h par là), l’animateur est donc contraint de subvenir à ses besoins avec généralement 800/900 euros par mois car les heures coupées l’empêchent de cumuler plusieurs emplois, ce qui le contraint à rester dans une situation précaire. Les CDI sont de plus très rares, la plupart du temps ce sont des CDD renouvelables ou bien des CEE (Contrat d’Engagement Éducatif) qui sont proposés. Toutes ces raisons ajoutées au manque de moyens des structures pour proposer des projets stables et intéressants aux enfants épuisent mentalement les équipes de cette branche du secteur social et favorisent le manque d’effectifs.

Pour ces raisons, les principales revendications portent sur la fin des coupures et la régularisation de journées entières, la fin des taux d’encadrements abusifs qui empêchent la qualité pédagogique de l’animateur, des contrats de 35 heures, la titularisation de tous les animateurs du public et la mise en place de CDI pour le privé, une véritable professionnalisation du métier d’animateur avec la création de nouveaux diplômes, des moyens financiers et pédagogiques conséquents, et une embauche massive dans ce secteur.

De plus, les animateurs et plus largement le secteur du social ont été en première ligne durant la crise sanitaire de la Covid-19, au plus près de l’assistance aux personnes et du bon fonctionnement du système scolaire. Malgré la pression de la crise et l’enchaînement des heures supplémentaires, le gouvernement mis à part citer ce secteur comme « essentiel » et le remercier brièvement, n’a rien fait pour améliorer la situation des travailleurs : au contraire, elle empire.

L’exemple de la Mairie de Toulouse et sa réforme du taux d’encadrements sur le temps périscolaire reflète une politique économique de la rentabilité en sacrifiant le projet pédagogique et humain du métier d’animateur. Alors que Toulouse avait créé les CLAE et un système d’accueil périscolaire, la mairie LREM décide aujourd’hui de la démanteler. La mairie veut ainsi pouvoir employer moins d’effectifs et rajouter une charge supplémentaire aux animateurs en passant le taux d’encadrement de 1 animateur pour 14 à 1 animateur pour 18 enfants. Même si ce chiffre ne paraît pas énorme, il l’est réellement pour les animateurs qui ont une pression plus lourde, ne pouvant plus mettre en place des projets pédagogiques, et met donc aussi la sécurité de l’enfant en danger juste pour une politique du profit. L’animateur qui a un rôle d’accompagnement devient juste un surveillant, le projet social supprimé au profit du bénéfice. Tout cela intervient alors que la pénurie d’animateurs est à son maximum, que tous les CLAE ou ALAE de la ville sont déjà en sous-effectif sans parler des conditions de travail qui se sont dégradées en raison de la crise sanitaire. Il est donc clair qu’au lieu de recruter, former et améliorer les conditions de ce secteur central dans l’éducation, la mairie décide de l’asphyxier encore un peu plus.

C’est donc dans ce contexte que la lutte a émergé à Toulouse notamment à travers les syndicats (CGT-CNT-SUD) mais particulièrement par le collectif « Toulouse Animation en Lutte » géré par des animateurs eux-mêmes qui, avec l’appel à la multiplication de grèves pour faire céder la mairie toulousaine, ont donné une plus grande visibilité sur la question de travail de l’animation. Le mouvement a alors très vite pris forme au niveau national, révélant ainsi la colère des travailleurs et le besoin d’une nette changement des conditions de travail et des contrats.

Ainsi, dans beaucoup de villes de France, des rassemblements ont eu lieu ces mardi 14 et mercredi 15 décembre : Paris, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Reims, Strasbourg, mais aussi des villes comme Bayonne, Nice, Carcassonne… Y compris des petites villes de campagne ; la liste est encore longue. Tous étaient en grève et/ou mobilisés ces derniers jours.

Ce mouvement inédit en France intervient en même temps que l’irruption d’autres luttes du secteur social, notamment dans le secteur médico-social. Que ce soit à travers la colère des ATSEM ou des moniteurs-éducateurs, il faut maintenant penser à comment organiser la lutte et lui donner une plus grande envergure au niveau national. Les revendications des différentes luttes du secteur social doivent maintenant se rassembler et appeler à une coordination des différents secteurs pour transformer ce caractère inédit en un vrai mouvement national organisé et capable de faire plier le gouvernement.

 
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