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La Izquierda Diario
16 de décembre de 2021 Twitter Faceboock

Opération séduction
Derrière les larmes de crocodile, Macron compte bien "nous faire travailler plus" et plus longtemps !
Nathan Deas

En opération rédemption sur TFI, Emmanuel Macron a joué la carte de l’apaisement et du « social » pour préparer le terrain des présidentielles. Mais derrière le mea culpa et les larmes de crocodile, il ne faut pas chercher bien loin pour retrouver le président des riches en même temps que la réforme des retraites.

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Si le locataire de l’Elysée continue de cultiver un faux suspense, la forme comme le contenu de ce long entretien accordé aux journalistes de TF1 ne laissent guère place au doute, Emmanuel Macron était bien en campagne ce mercredi soir. Pendant près de deux heures le président de la République s’est attelé à défendre son bilan et à tenter de défaire l’image de président des riches qui lui colle à la peau.

Bien aidé en ce sens par ses intervieweurs, Emmanuel Macron a multiplié les faux-semblants contrits et les postures pénitentes. Fini le président jupitérien, c’est un Macron tout en « humilité » qui s’est présenté aux Français. Interrogé sur les « petites phrases » de son quinquennat, le président de la République a esquissé un mea culpa, reconnaissant avoir « blessé », affirmant qu’il ne redirait « certainement pas » cela et concédant avoir été « dur et impétueux ». Et de conclure « j’ai fait des erreurs mais j’ai essayé de ne pas les répéter. »

Dans un lyrisme dont il est coutumier et avec des trémolos dans la voix, Macron évoque un souvenir à Saint-Denis pendant le premier confinement avant d’expliquer avoir « appris à aimer les Français » au cours de ces cinq années passées à leur tête et jusqu’aux gilets jaunes, à coup de flashballs et de gaz lacrymogènes sans doute … Des gilets jaunes dont il aurait compris les « peurs profondes » et la révolte – « le propre de ma fonction est la capacité de s’indigner » a-t-il expliqué- mais non « la violence : la foule a trahi le peuple et la foule est devenue folle » s’est-il empressé d’ajouter pour souligner le maintien de sa partition anti-sociale et sa fermeté jusque dans les temps forts de la crise.

En pleine cinquième vague et alors que les hôpitaux sont sous tension maximale, celui qui dit « avoir appris » pendant la crise sanitaire tente d’en imposer son propre récit. Dans une adresse à la première ligne, le candidat officieux à sa réélection a tenu à exprimer sa « solidarité » avec « celles et ceux qui travaillent et ont un travail mal payé », avec ces « soignants et médecins héroïques » face à la Covid. Tout en soulignant le « quoi qu’il en coûte » et le rôle de « celles et ceux sans qui nous ne sommes rien », Macron en profite pour revendiquer sa gestion autoritaire de la crise sanitaire. Alors que des soignants continuent d’être suspendus et que 400 000 personnes sont privées de passe pour défaut de 3e dose, Macron va même jusqu’à envisager l’instauration à terme d’une véritable obligation vaccinale, souhaitant incarner par là l’homme fort de la situation. « J’ai mis fin à 15 années d’efforts où on demandait toujours plus aux hospitaliers », « le Ségur est sans équivalent depuis la création de l’hôpital public » a-t-il déclaré.

Pas question donc de parler de « président des riches » s’est défendu le chef de l’Etat après avoir revendiqué un million d’emplois créés malgré la pandémie et un pouvoir d’achat qui aurait selon lui augmenté pour les plus pauvres. Une vérité d’arracheur de dents et pas de quoi nous faire oublier la réforme de la loi Travail, la réforme de l’assurance chômage et les cadeaux faits au patronat.

Après avoir déclaré la guerre aux chômeurs le 9 novembre dernier, à l’occasion de sa précédente adresse officielle, le changement de ton saute aux yeux. Et si Macron s’est évertué à répéter qu’il ne « faisait pas [là] de politique », il est difficile de ne pas apercevoir l’ombre de Valérie Pécresse. C’est que la décantation de la situation de LR inquiète dans les rangs de la majorité jusqu’à pousser le chef de l’Etat à réactiver sa jambe gauche quand la candidate LR tente de saturer l’espace à droite. Difficile de ne pas voir dans sa défense des fonctionnaires -« expliquer que le destin de l’Etat, c’est de les sabrer, comme si c’étaient des voyous et des petits bâtonnets, je trouve ça toujours étrange »- un début de riposte face à la candidate LR qui revendique son héritage fillonniste, toujours sur son terrain privilégié et sécuritaire : « les fonctionnaires sont indispensables dans l’armée par exemple compte tenu de la conflictualité qu’il y a dans le monde ».

Mais derrière les postures politiciennes, rien de bien neuf en réalité. Il faut continuer à « bousculer ». « Un pays ne se réforme pas en cinq ans » ajoute Macron avant d’évoquer la nécessaire mise en application de la réforme des retraites. « Il nous faut aller vers un système simplifié », en finir avec les régimes spéciaux avec « grosso modo trois grands régimes » pour la fonction publique, pour les salariés du privé et pour les indépendants afin de faire « travailler les Français plus longtemps » expose-t-il.

Ce faisant, Macron cherche une nouvelle fois à se mettre en scène sur le temps long et à démontrer sa capacité à réformer et approfondir ses réformes néolibérales. Face à la dynamique post-primaire en faveur de Pécresse, le Président tente de s’adresser de nouveau à son électorat de gauche sans pour autant céder une seule miette à la droite. Une sorte de nouvel « en même temps » qui permette à Macron d’incarner la solution « la moins anxiogène » et par là la plus capable de mener les réformes et ajustements structurels dont la bourgeoisie a besoin pour ses profits mais aussi comme le meilleur gestionnaire de ses intérêts dans un pays « en crise ».

En parallèle, le chef de l’Etat n’hésite pas à s’attaquer à Zemmour à qui il répond volontiers sur la polémique des prénoms étrangers et du « grand remplacement », dans une filiation revendiquée à de Gaulle comme la candidature idoine pour « unifier la nation » et garantir sa stabilité.

Dans le fond, pour les travailleurs et les travailleuses et l’intégralité de notre camp social, ce sont de nouvelles attaques qui s’annoncent après 2022 et derrière les larmes de crocodile Macron cherche une nouvelle fois à nous enfumer. Face à la surenchère réactionnaire et anti-sociale du camp de la bourgeoisie, il est indispensable d’opposer rapidement notre unité sur le terrain de la lutte des classes, en se préparant dès maintenant à faire reculer dans la rue et par la grève Macron, Pécresse et tous les autres. C’est la perspective que nous portons au sein de la campagne Anasse Kazib 2022, loin des fausses promesses et de la démagogie des politiciens professionnels, en défendant un programme de lutte et de mesures transitoires, à la fois pour faire avancer nos revendications et imposer un nouveau rapport de force.

 
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