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La Izquierda Diario
30 de décembre de 2021 Twitter Faceboock

Une détermination sans faille
« On n’a plus rien à perdre » : 40e jour d’occupation pour les salariés de la fonderie SAM
Antoine Bordas

La période des fêtes n’aura pas freiné la mobilisation des travailleurs et travailleuses de Société Aveyronnaise de la Métallurgie face au gouvernement et à Renault. L’occupation de la fonderie contre sa fermeture devient un symbole important de lutte contre la casse de l’industrie qui doit et devra être soutenu.

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Ce vendredi marque le quarantième jour d’occupation des SAM dans l’Aveyron. La reconduction de la mobilisation s’est encore faîte à l’unanimité, démontrant une détermination importante des ouvriers et ouvrières de la Société Aveyronnaise de Métallurgie en cette période de fêtes. Après Noël, ce sera donc le nouvel an qui se déroulera dans l’usine, sans doute avec encore une fois de nombreux soutiens.

Une lutte qui tient, qui prend de l’ampleur même, avec des annonces de perspectives pour janvier face à des patrons et des responsables politiques qui méprisent les travailleurs qui ne demandent que le sauvetage des emplois et de l’outil de travail.

L’occupation qui s’ancre aujourd’hui dans la durée est symptomatique d’une bataille entamée il y a maintenant plus de deux ans, dans laquelle les ouvriers l’affirment ils n’ont « plus rien à perdre » et comptent bien faire de leur mobilisation un exemple pour mettre fin à la casse de la métallurgie mais aussi des autres secteurs du monde du travail.

La lutte des SAM contre la fermeture de l’usine, un long combat

Cette fonderie aveyronnaise subit en réalité la politique de liquidation industrielle qui a été menée à l’échelle nationale par les grandes firmes de la métallurgie. Dans le cas de SAM, c’est Renault, unique client, qui a progressivement abandonné ce sous-traitant jusqu’à le lâcher durant les dernières manœuvres de sauvetage en cours.

Pour rappel, suite à un rachat par le groupe chinois Jinjiang en 2017, c’est en décembre 2019 que l’entreprise est placée en redressement judiciaire puis la liquidation judiciaire annoncée en septembre. Toute la période a été marquée par un bras de fer pour la survie de l’usine et de sa production, comme toujours, les dossiers de repreneurs ont défilé et le gouvernement s’est agité dans le vide pour que l’on n’oublie pas sa présence, d’une inutilité criminelle.

C’est un énième cas d’école de destruction industriel, avec des « pouvoirs publics » qui assuraient faire tout leur possible et s’efforçaient de faire croire qu’ils haussent le ton contre Renault qui n’a respecté aucun des engagements minimaux pris. Des repreneurs, plus ou moins sérieux se sont présentés, alléchés par les subventions publiques, mais toujours avec en tête des projets de casses de l’emploi, ne voyant que les profits possibles à court terme.

L’ensemble du processus a été ponctué de mobilisation massive des travailleurs mais aussi de nombreux soutiens :

Finalement, c’est l’entreprise Renault elle-même qui a scellé le sort de ce sous-traitant, le 22 novembre, en refusant d’assurer des commandes pour la suite, estimant notamment que les chiffres d’affaires annoncés par le repreneur n’étaient pas suffisants. C’est le début d’un nouveau tournant dans la mobilisation : le 26 novembre, le tribunal prononce officiellement la cessation d’activité, mais c’est une autre activité qui va se mettre en place d’une nouvelle manière : l’occupation de l’usine est lancée. Dès le début, c’est une combativité explosive qui est démontré, un délégué syndical annonçait : « Actuellement, du métal est déversé sur une route nationale proche de l’usine. Dès ce week-end, des permanences auront lieu et des barricades seront montées tout autour de l’usine  »
 

Ne rien lâcher et sauvegarder l’outil de travail

L’esprit de combativité qui anime les travailleurs et les travailleuses de SAM est exemplaire. Ghislaine Gistau, déléguée CGT de la SAM déclarait pour Le Monde : «  Ça fait trente-sept jours qu’on occupe l’usine et les salariés ont voté à l’unanimité de continuer à l’occuper pendant tout le mois de janvier », voire au-delà « si nécessaire  ».

Et pour cause, on parle de pratiquement 350 travailleurs et travailleuses que l’on souhaite mettre à la porte. Dans une région historique de l’industrie française, les perspectives de reconversions sont très faibles, et la récente fermeture de l’usine voisine Bosch plane encore dans les têtes. Les exemples de mascarades ne manquent pas et permettent aujourd’hui de n’avoir aucune confiance ni illusion dans le gouvernement pour « gérer » ces dossiers.

Comme souvent, les mobilisés démontrent une conscience forte de la nécessité de sauvegarder l’outil industriel, dans le cas de SAM précisément, Sébastien Lallier rapportait pour Centre Presse Avignon que : « Il y a actuellement 9 tonnes de métal en fusion à 700° dans un four. Si tout est arrêté et que le métal se fige dans le four, celui-ci sera foutu. C’est bien pourquoi nous avons mis en garde les liquidateurs contre l’arrêt des fournitures de gaz et d’électricité car si les factures ne sont pas payées ou les abonnements stoppés, ils porteront la responsabilité de la destruction de l’outil de travail. Cela prouve aussi que pour sortir le métal en fusion, il faut des personnes compétentes, sinon il y a le risque de mettre le feu à l’usine ou de provoquer une explosion  ».

Une déclaration qui démontre, une fois encore, la capacité des travailleurs à gérer par eux mêmes leur outil de travail. C’est d’ailleurs l’une des potentialités vers laquelle la mobilisation pourrait, dans l’idée, se diriger : celle de revendiquer la conservation de l’usine sous contrôle des travailleurs, avec une nationalisation d’Etat pour garantir les investissements nécessaires.

Des soutiens de toutes parts, à amplifier pour arracher une victoire

Depuis le début de leur mobilisation, les travailleurs ont su tisser des liens importants avec d’autres secteurs en lutte. On voit aujourd’hui s’exprimer une large solidarité avec le mouvement d’occupation, financier tout d’abord avec des chèques qui affluent de la France entière pour soutenir les grévistes, mais aussi des délégations qui viennent à la rencontre des travailleurs. On a aussi pu voir des associations sportives locales apporter de l’argent et de la solidarité. Enfin, des militants du monde du spectacle ont réalisé plusieurs prestations pour animer et soutenir l’occupation.

L’occupation est évidemment une école de lutte importante, au-delà de la nécessité qui ne laisse plus d’autres choix que cette méthode d’action, Ghislaine Gistau opposait aux fausses solutions gouvernementales que : « La vraie cellule de soutien psychologique est ici, on s’entraide, on se retrouve, on n’est pas seuls, on se découvre même ».

Il est évidemment que la continuité de la mobilisation nécessitera toujours plus de soutien, si plus de la moitié des ouvriers et ouvrières de SAM occupent l’usine, il faut réussir à amplifier la solidarité et discuter sérieusement d’un plan d’ensemble qui englobe cette usine comme de nombreuses autres en cours de liquidations. Les travailleurs l’ont annoncé, leur combat n’est pas seulement pour eux mais bien pour un lendemain meilleur pour toutes et tous.

Concernant les perspectives à venir, il faut tout de même noter que le passage de Philippe Martinez ce mercredi à l’occupation ne laisse pas présager un changement de position de la part des directions syndicales. Si le représentant de la confédération apporte avec son passage une médiatisation supplémentaire, les perspectives qu’il propose nous semblent bien faibles au vu de la situation. Martinez estime en effet que « Mon rôle comme celui des élus est de faire en sorte que la SAM reste en haut de la pile des dossiers urgents du Gouvernement, du ministre de l’Économie, du Premier ministre voire du Président de la République.  ». Or, le dossier, le gouvernement le connaît très bien et ce n’est pas un simple rapport à l’ordre qu’il s’agit de faire, mais bien une mise en branle de tout l’appareil syndical, pour permettre d’envisager des changements sociétaux profond, afin que plus jamais, 350 personnes n’aient besoin de passer leur période de fêtes à occuper une usine. Les sidérurgistes de SAM montrent une voie à suivre qu’il faut emprunter dès la rentrée, qui devra être une rentrée sociale, faisant notamment converger l’ensemble des combats ponctuels, isolés, mais nombreux, que nous avons notamment pu observer dans le cadre des NAO de fin d’année.

 
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