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6 de janvier de 2022 Twitter Faceboock

Autoritarisme sanitaire
Le pass vaccinal adopté à l’Assemblée : non à la surenchère autoritaire, pour une vraie stratégie sanitaire !
Irène Karalis

Après que les discussions aient repris ce mercredi, le pass vaccinal a été adopté à l’Assemblée nationale cette nuit. Le gouvernement avance sur sa mesure autoritaire qui s’en prend aux non-vaccinés qui ne seraient pas des citoyens comme les autres pour mieux masquer la responsabilité du gouvernement dans la virulente reprise épidémique. Il faut refuser cette mesure tout en défendant une stratégie sanitaire à la hauteur, qui permette notamment de convaincre de la vaccination largement. De ce point de vue, les organisations du mouvement ouvrier manquent cruellement à l’appel.

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Crédits photo : MARTIN BUREAU / AFP

Le pass vaccinal, la surenchère autoritaire s’accentue

Depuis lundi, le projet de loi « renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire » qui prévoit l’instauration du pass vaccinal, est présenté à l’Assemblée nationale. Dans la continuité du pass sanitaire, ce dispositif toujours plus autoritaire qui vise à interdire d’accès à un certain nombre de lieux (trains, bars, restaurants, cinémas, et désormais même les centres commerciaux) les personnes non-vaccinées, ou les personnes n’ayant pas réalisé leur dose de rappel dans les délais. Outre ces restrictions, le projet de loi prévoit également d’augmenter les sanctions en cas de faux pass, menaçant les personnes concernées de 5 ans de prison.

Si le gouvernement explique vouloir ainsi encourager la vaccination, il s’agit en réalité d’un nouveau pas dans la gestion autoritaire de la crise. Inscrit dans le cadre de la gestion made in MEDEF du gouvernement, le dispositif vise à imposer par la force la vaccination, tout en construisant la "fraction" des non-vaccinés pour les pointer comme les boucs-émissaires de la crise. Devenus les premiers responsables de la persistance de l’épidémie, du manque de lit dans les hôpitaux publics, ils sont utilisés par le gouvernement pour justifier la fuite en avant de sa stratégie sanitaire, qui n’est autre que la stratégie de l’immunité collective. Une stratégie qui a déjà conduit à des niveaux records de contaminations, avec plus de 335.000 nouveaux cas en 24h ce mercredi, et qu’Emmanuel Macron a confirmée en marge des débats dans l’hémicycle lors d’un entretien accordé au Parisien et à Aujourd’hui en France.

Affirmant sans complexe « les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout », le chef de l’exécutif a ainsi confirmé sa volonté de faire des non-vaccinés les responsables de la crise et d’alimenter la division au sein de la population pour mieux faire oublier la responsabilité écrasante du gouvernement. À la suite de ces déclarations scandaleuses, la majorité a dû faire face à une levée de boucliers à l’Assemblée, chaque groupe politique s’empressant de dénoncer les propos de Macron et chaque candidat à la présidentielle cherchant à se mettre en scène et à se positionner le mieux possible. Une mise en scène qui durait déjà depuis le début de la présentation du projet de loi à l’Assemblée Nationale, et qui s’était exprimée lors de la suspension des débats dans la nuit de lundi à mardi.

Marine Le Pen s’est ainsi félicitée de cette suspension, affirmant sur Twitter : « Les députés RN ont voté pour la suspension, une victoire pour la démocratie. On ne peut plus admettre que les débats sur les restrictions sanitaires, qui ont un impact sur la vie et les libertés de nos compatriotes, se déroulent de nuit loin du regard des Français. » Et si le groupe du Rassemblement National a voté contre le projet de loi à l’Assemblée, il s’agit d’une opposition bien hypocrite cherchant à surfer sur le sentiment anti-vaccin dans la population et se plaçant en grand défenseur des libertés. En mai dernier, le parti votait pourtant contre la levée des brevets, outil essentiel pour sortir de la crise sanitaire à échelle internationale.

Du côté des Républicains, les députés de droite se sont empressés de réagir, faisant mine de s’indigner des propos de Macron. « Un président de la République ne peut pas tenir les propos qu’il a tenus », a affirmé Christian Jacob, quand Damien Abad, lui, reprochait à Macron son « cynisme puéril » selon Mediapart. Une levée de boucliers qui n’est pas sans rapport avec le fait que le débat politique soit complètement polarisé par la situation sanitaire, rendant pour les candidats à la présidentielle plus important de se positionner sur cette question-là.

Des gesticulations, qui finalement ont vu l’Assemblée nationale de voter en faveur du projet de loi. À l’Assemblée nationale, le gouvernement dispose en effet d’une majorité confortable, renforcée par le soutien du Parti Socialiste et des Républicains. De fait, si les deux partis de gouvernement ont cherché à afficher quelques nuances et une posture d’opposition hypocrite, ils partagent entièrement l’orientation pro-patronale du gouvernement, et une majorité d’entre eux ont approuvé le projet de loi à l’Assemblée. Le pass vaccinal a donc été voté à 214 voix pour, 93 contre et 27 abstentions. Quelques heures avant, Jean Castex confirmait les déclarations d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale ce mercredi, affirmant : « Les citoyens de la République doivent exercer leur responsabilité, et être responsable, être libre, ce n’est pas contaminer impunément les autres, ce n’est pas surcharger les services de soin. »

Dénoncer le pass vaccinal, défendre la vaccination et une véritable stratégie sanitaire

À gauche, les groupes parlementaires ont quant à eux rejeté le pass vaccinal. À juste titre, élus communistes et insoumis ont dénoncé ces derniers jours le caractère liberticide du pass vaccinal qui permet un recours généralisé aux contrôles d’identité ainsi qu’une extension des pouvoirs de police, et vise à contraindre plutôt qu’à convaincre la population du bien-fondé de la vaccination.

Toutefois, le discours porté par la France Insoumise ces derniers jours n’a pas été dénué d’ambiguïtés. Ce lundi à l’Assemblée, Jean-Luc Mélenchon a ainsi redoublé d’insistance sur les limites de la vaccination, en allant jusqu’à présenter le vaccin comme une « raquette trouée ». Un discours qui tend, sous couvert de dénoncer la stratégie « tout-vaccinal » de Macron, à attiser le doute sur l’intérêt de la vaccination, alors que l’efficacité de cette dernière pour empêcher les formes grave se maintient tout de même avec Omicron.

De tels clins d’œil aux secteurs anti-vaccins ne peuvent que participer à alimenter la défiance en pleine reprise épidémique. A l’inverse, alors que la circulation du virus expose particulièrement les classes populaires sur les lieux de travail, d’études, ou encore dans les transports en commun, il est urgent de dénoncer l’offensive contre les non-vaccinés tout en convainquant de la vaccination tous ceux que les attaques de Macron ne font que consolider dans leur défiance.

Pour cela, il faut revendiquer une campagne de vaccination par en bas, entre les mains des soignants et du mouvement ouvrier, pour aller convaincre les réticents mais également exiger des moyens pour l’hôpital et des protocoles sanitaires pour briser les chaînes de contamination. Contre la gestion made in MEDEF et autoritaire de la crise sanitaire par le gouvernement qui entretient la défiance vis-à-vis de la vaccination, les organisations se revendiquant du mouvement ouvrier et de la jeunesse doivent à la fois refuser l’offensive discriminatoire contre les non-vaccinés ainsi que les discours confus anti-vaccination, et défendre une stratégie sanitaire par en bas, fondée sur la pédagogie plutôt que la contrainte.

Une stratégie qui porterait en son cœur la nécessité de la vaccination et de la troisième dose, outil essentiel à la sortie de la crise sanitaire. Mais au-delà de la vaccination, il s’agit également de revendiquer la gratuité et la distribution de masques FFP2, bien plus efficaces contre la contamination que les masques chirurgicaux ou en tissu, ainsi que la gratuité des tests pour toutes et tous. Mais une telle stratégie ne peut être imposée que par en bas et doit s’allier à la mise en place de protocoles sanitaires sur tous les lieux de travail qui soient réfléchis par les salariés à la base.

 
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