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19 de janvier de 2022 Twitter Faceboock

Nous Toutes
Transphobie et mouvement féministe. Oui, les femmes trans sont victimes de feminicides
Matthias Lecourbe

Le collectif NousToutes s’est désolidarisé du collectif « comptage féminicides par conjoint ou ex » qui a assumé des propos violemment transphobes. NousToutes a réaffirmé que les féminicides ne se limitent pas à la sphère du couple, ouvrant la voie à la prise en compte des assassinats de femmes trans et de femmes en situation de prostitution dans leur décompte. Une clarification que nous saluons qui a valu à NousToutes une offensive transphobe de la part de militantes TERF et de la presse bourgeoise. Face à la transphobie et aux féminicides, nous revendiquons la lutte contre toutes les violences faites aux femmes dont les femmes trans en indépendance de l’Etat et de ses institutions.

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Crédits photo : AFP

Féminicide : le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme

Le collectif « comptage féminicides par conjoint ou ex » a été interpellé par des militantes trans dans la journée de mardi dernier sur ses méthodes de comptabilisation des féminicides. Les militantes féministes considèrent habituellement que les féminicides sont des meurtres de femmes avec un mobile misogyne. Il a donc été demandé au collectif comptage féminicides par conjoint ou ex, sur le travail duquel s’appuie le collectif NousToutes pour ses activités de plaidoyer pourquoi il ne tenait compte que des féminicides ayant lieu dans la sphère conjugale. En effet les violences de genre ne s’exercent pas uniquement dans le cadre du couple hétérosexuel, et les femmes en situation de prostitution et en particulier les femmes trans en situation de prostitution sont très exposées à des meurtres motivés par la haine des femmes. Le collectif comptage féminicides par conjoint ou ex, appuyé par des militantes TERF (militantes transphobes aux positions essentialistes et réactionnaires excluant les femmes trans) a répondu par des propos violemment transphobes.

Le collectif NousToutes s’est désolidarisé des propos tenus, rappelant qu’un féminicide est le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme, et avançant que cette définition rend effectivement pertinent de comptabiliser les meurtres de femmes trans ou de femmes en situation de prostitution afin de visibiliser les violences de genre dans l’ensemble de la société.

La prise de position de NousToutes a bien entendu agité la sphère TERF qui ont commencé à prétendre que NousToutes arrêtait de décompter les féminicides. NousToutes a pourtant seulement dit chercher une autre méthode de comptage plus représentative de l’ensemble des féminicides que le simple relais des chiffres partiels produits par un collectif qui s’est discrédité au sein du mouvement féministe par ses positions transphobes.

La position du collectif « comptage féminicides » est essentialiste et réactionnaire

L’affaire a ensuite donné lieu immédiatement à toute une série d’articles pour le moins orientés dans la presse bourgeoise. Ces articles ont presque systématiquement repris la rhétorique des TERF cherchant à faire croire à une tension entre les « transactivistes » et les « féministes », ou encore qu’aucune femme trans n’a été assassinée par son compagnon au cours de ces 6 dernières années (ce qui est une affirmation audacieuse puisqu’il n’est pas toujours possible de reconnaître un corps trans !).

On peut citer les articles des très réactionnaires Marianne ou encore Charlie Hebdo, mais également Le Nouvel Observateur ou encore Le Monde, dont le rédacteur en chef semble avoir épousé les discours TERF en publiant déjà il y a quelques semaines un article en soutien à JK Rowling qui a elle aussi développé publiquement et longuement des thèses transphobes.

La réalité est que les TERF sont très marginalisées au sein du mouvement féministe en raison de leurs positions réactionnaires et essentialistes, et qu’une tension entre l’émancipation des femmes et celle des personnes trans ne fait que révéler au mieux un défaut dans une stratégie de lutte, au pire une instrumentalisation de rhétoriques féministes pour servir des fins réactionnaires. Le collectif comptage féminicides par conjoint ou ex a manifesté sa mauvaise foi en répondant par des propos transphobes à une simple question : c’est un collectif réactionnaire qui exclut sciemment de sa définition des féminicides des groupes de femmes qui y sont très exposées que sont les femmes trans et les femmes en situation de prostitution. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre la prise de position de NousToutes consistant à désormais comptabiliser les féminicides de femmes trans ou de prostituées. Nous partageons cette position et soutenons NousToutes face à la campagne médiatique transphobe qui vise cette organisation ainsi que les personnes trans, premières victimes de cette campagne de désinformation.

Quelle stratégie de lutte au-delà de la comptabilisation des féminicides ?

Ce que soulève la comptabilisation des féminicides est la question des racines de ce qui engendre ces actes meurtriers et de quel système le permet. Ainsi, les féminicides sont l’expression la plus violente d’un long continuum de violences de genre plus ou moins banalisées et invisibilisées. Cela comprend les violences dans la sphère familiale et conjugale mais également dans la sphère publique ou au travail où les femmes dont les femmes trans sont surreprésentées dans les temps partiels et les contrats précaires. Tout ceci constitue des violences de genre entretenu par un système qui repose sur la mise en compétition des travailleurs.es, le maintien au chômage d’une partie de notre classe, la naturalisation de la prise en charge par les femmes de tout un tas de tâches nécessaires à la société, ou encore la nécessité d’avoir une main d’œuvre flexible.

Ainsi, nous devons dire aussi qu’une comptabilisation des féminicides et une logique d’interpellation n’est pas suffisante pour mettre fin à toutes ces violences de genre, il nous faut aussi avancer des revendications et une stratégie de lutte. Ceci implique de rompre avec l’idée qu’il est possible de « faire pression » ou de compter sur le gouvernement pour les mettre en place étant qu’il est le premier garant de ce système et alors même que Marlène Schiappa a récemment reçu des militantes TERFs au ministère de l’Intérieur ! Le gouvernement et le patronat n’ont aucun intérêt à ce que les femmes et personnes trans s’unissent pour réclamer des conditions de vie et de travail dignes, et être pleinement indépendantes. C’est pour cela qu’il est primordial dans une période de résurgence d’un mouvement féministe et LGBTI, et de luttes sur les questions sociales, de dénoncer toutes les idéologies qui tendent à diviser les opprimées entre elles et eux.

 
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