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La Izquierda Diario
18 de janvier de 2016 Twitter Faceboock

Qui nous protège de la police (et de la « justice ») ?
Meurtre d’Amine Bentounsi. Dans les coulisses d’un procès raciste

Vendredi 15 janvier, la Cour d’assise de Bobigny s’est prononcée en faveur de l’acquittement de Damien Saboundjian, policier ayant tué d’une balle dans le dos Amine Bentounsi. Pourtant, des témoignages des voisins aux analyses des experts balistiques, tous les éléments de faits et de preuve confirment la réalité d’un crime policier, bien loin de la situation de « légitime défense » invoquée par l’accusé. Depuis la mort de son frère en 2012, Amal Bentounsi a fondé le collectif « Urgence notre police assassine » et a dénoncé, dès le lendemain du procès, les manipulations qui ont permis la construction d’un montage juridique au service de l’impunité policière. Présente à l’audience, nous revenons sur son témoignage qui permet de saisir l’ampleur de la supercherie qui s’est déroulée au tribunal la semaine dernière.

Elsa Méry

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Au-delà de l’injustice criante du verdict tombé vendredi dernier, les conditions de l’enquête sur le meurtre d’Amine Bentounsi, tout comme le déroulement de l’instruction, puis de l’audience, dévoilent la nature éminemment politique du jugement.

En effet, Amal Bentounsi a eu l’occasion de revenir, notamment en s’exprimant sur les réseaux sociaux, sur les nombreuses fraudes et magouilles couvertes par la justice.

Tout d’abord, le tribunal semble avoir sciemment fait l’impasse sur les multiples écoutes téléphoniques pourtant présentes dans le dossier d’instruction. Or celles-ci témoignent avec certitude de la nature raciste des interventions de Saboundjian et de ses collègues. Au cours de l’une de leurs conversations enregistrées par l’IGS, la « police des polices », on les entend ironiser ainsi, sans qu’ils ne semblent craindre d’être inquiétés :

« – Saboundjian : Tu sais, ta Clio, que j’ai revendue, je l’ai recroisée à Saint Martin d’Heres, avec deux arabes dedans.
– Le copain : Ah ah ah, c’est con, on aurait dû y foutre une bombe dedans.
– Saboundjian, prenant une voix nasillarde : Mais non attention je suis sur écoute monsieur.
– Le copain : Ah merde c’est vrai merde houla putain. »

Par ailleurs, elles révèlent la pression qu’ont exercée les syndicats de policiers à l’encontre des enquêteurs de l’IGS : « On est montés à l’IGS, on a mis un coup dans la fourmilière. L’officier, il va manger et ils vont être très softs ». Délégué syndical du SGP Police, Damien Saboundjian a en effet été reçu par le préfet Lambert, préfet de Seine-Saint-Denis, appuyé à l’époque par Nicolas Sarkozy.

Mais la collusion des intérêts politique et policier ne s’arrête pas là. Amal Bentounsi raconte aussi comment Manuel Valls, en déplacement à Noisy-le-Sec, a refusé de rencontrer sa famille. Et un collègue de Saboundjian de se réjouir : « Valls est venu à Noisy au commissariat pour te soutenir, il a refusé de parler à la famille Bentounsi (…) de toute façon, ce sont tous des bâtards, on leur pisse dessus ». Plus encore, après la diffusion, par la fondatrice du collectif « Urgence notre police assassine », d’un clip vidéo dénonçant l’impunité des forces de répression dans lequel elle affirmait que « la police est le meilleur des métiers pour être au-dessus des lois », elle a été poursuivie par Manuel Valls pour « diffamation envers une administration ».

Le déroulement même de l’instruction s’est inscrit dans ce climat raciste et fallacieux. Présente à l’audience, Amal Bentounsi a dénoncé la récusation de trois membres du juré par maître Merchat, l’avocat de l’accusé. Abdelkarim, Souad, … seule la consonance maghrébine de leur patronyme a semblé justifier cette mesure que maître Merchat n’a pas jugée nécessaire de motiver. De la même manière, Nadir Dendoune, journaliste couvrant le procès, est le seul à avoir subi un contrôle d’identité à l’intérieur de la salle d’audience. Habitué à faire les frais de tels contrôles au faciès, celui-ci a expliqué que c’est la première fois que cela lui arrive au sein même d’une institution supposée dire le droit et rendre la justice.

Sans compter les éléments versés au dossier, comme ceux de l’absence d’empreintes d’Amine Bentounsi tant sur la grenade (factice) qu’il aurait jeté au policier qui le poursuivait que sur l’arme de poing qu’il aurait portée, le truquage de l’ensemble de la procédure, de l’enquête à l’instance, révèle la réalité d’une justice biaisée et d’une police véreuse, alliées à un gouvernement bien décidé à consacrer à tout prix un permis de tuer à l’usage des forces répressives.

 
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